Semailles – Principes de base sur comment et quand semer

Semailles : quand semer ?

Voici le savoir-faire et les connaissances de nos anciens concernant les bases des semailles dans le jardin :

1. L’époque des semailles se détermine, en premier lieu, d’après la nature des plantes qu’il s’agit de cultiver, et le climat. Et, en second lieu, d’après le temps qu’il fait et la qualité du terrain.

2. Il y a des plantes qui ne supportent aucun froid; il en est d’autres qui ne sont point sensibles dans leur jeunesse a un froid peu rigoureux et passager; il en est enfin qui résistent dans leur jeunesse aux froids les plus rigoureux et de longue durée.

semailles

3. Les deux premières espèces de plantes ci-dessus sont toujours des plantes d’été, c’est-à-dire des plantes qui naissent et produisent des graines mûres dans le cours de la même année; les dernières, nommées plantes d’hiver, parce qu’étant semées en automne, elles supportent sans abri la rigueur de l’hiver, ne fleurissent et ne donnent leurs graines que l’été suivant.

4. Il faut donc attendre que le temps des gelées blanches soit passé pour semer les plantes qui ne supportent aucun froid, telles que le maïs, le tabac, les haricots, etc…

Si le cours d’une année ne leur suffit pas pour parvenir à leur maturité, on les sème de bonne heure sur des couches abritées naturellement ou artificiellement, et on les transplante plus tard.

Il suffit chez nous de semer le maïs, les haricots et les courges dans les 15 premiers jours de mai. Mais un grand nombre de plantes fleuriraient trop tard, ou ne développeraient pas assez de feuilles ou de racines la première année, si nous ne les semions que lorsque les gelées ne sont plus à craindre. Nous les semons alors sur couche, et nous les transplantons de manière que le cours d’un été suffise à leur développement.




5. Les plantes qui supportent sans périr un froid modéré et de courte durée sont annuelles ou bisannuelles. On peut semer les premières aussitôt que la température et la nature du terrain le permettent ; les secondes ont besoin d’être protégées contre le froid dans des caves ou dans des fosses : car elles ne supportent point un froid violent.

On les en tire au printemps, pour qu’elles fleurissent et donnent leurs fruits. Aux premières appartiennent le seigle d’été, l’orge, l’avoine; aux secondes, les raves, les betteraves, etc.

semailles - quand semer

6. On sème successivement les plantes annuelles dans un ordre tel que celles qui exigent le plus de temps pour se développer soient semées les premières, et celles qui en exigent le moins, les dernières.

Les pois se sèment avant les haricots, le froment d’été avant l’orge, le seigle d’été avant l’avoine.

7. Les plantes que l’on sème en automne pour les récolter l’année suivante ont la faculté de supporter dans leur jeunesse, pendant un certain temps, un degré de froid très élevé.

8. La culture de cette variété de plantes offre deux avantages essentiels : le premier, c’est la division des travaux des semailles et, par suite, des récoltes. Le second, c’est que les grains d’hiver donnent, terme moyen, toutes choses égales d’ailleurs, un produit plus élevé que les grains d’été de la même espèce.

9. Le produit élevé des grains d’hiver ne provient que de ce qu’ils ont plus de temps pour développer leurs racines, leurs feuilles et leurs tiges. Plus tôt les semailles ont été exécutées en automne, plus les racines ont de force au commencement de l’hiver, mieux elles résistent à l’humidité et aux gelées, et plus la plante a de vigueur au printemps suivant.




10. Il y a donc toujours de l’avantage à semer de bonne heure les céréales d’hiver. Il ne faut cependant pas que les plantes fassent trop de progrès en automne : car alors, loin de gagner de la force pour résister aux froids, elles en perdraient, et périraient sous la neige ou au dégel le printemps suivant.

11. Mais comme les circonstances dans lesquelles on sème les graines d’hiver varient à l’infini, et que les semailles ne peuvent s’exécuter en même temps dans toutes les parties d’une même métairie, il est nécessaire de fixer d’après quelle règle le temps de l’ensemencement des graines d’hiver doit être en général déterminé, et dans quel ordre ou doit ensemencer les diverses pièces de terre d’une exploitation rurale.

les semailles

12. Les graines d’hiver doivent en général être semées d’assez bonne heure en automne pour que les plants qui en naîtront aient le temps de pousser avant l’hiver des racines vigoureuses.

Le grand avantage de la culture des grains d’hiver, c’est l’anticipation de la croissance en automne; plus elle est vigoureuse, jusqu’à un certain point cependant, plus est grand le volume des tiges, des tuyaux et des fruits qui se développent l’année suivante. Mais, comme les racines ne croissent que dans les saisons humides de l’année, au printemps et en automne, la plante développe d’autant plus de tiges qu’elle a poussé plus de racines dans cette dernière saison, et qu’elle en a tiré une plus grande quantité de nourriture. Dans les pays montagneux de l’Autriche ou sème le seigle d’hiver du 10 au 24 août; dans les Pays-Bas , du 15 au 20 septembre. Dans ces deux cas, les semis sont également vigoureux avant l’hiver : car si le montagnard a semé plus tôt que le cultivateur de la plaine , la chaleur est moins forte, et l’hiver commence plus tôt sur les montagnes que dans les vallées.

13. L’époque des semailles varie suivant l’état de l’atmosphère : car, comme ce n’est qu’à un certain degré d’humidité que la terre a peu de cohésion, aucun champ ne peut être ensemencé lorsqu’il est trop mouillé; il ne peut l’être davantage dans un état complet de dessèchement, à moins qu’il ne soit très sableux : car dans ces deux cas on ne peut recouvrir la semence d’une terre meuble et bien pulvérisée.

14. Les divers terrains d’une exploitation doivent être ensemencés successivement, soit en grains d’été, soit en grains d’hiver, en ayant égard à leur disposition à retenir la chaleur, et à la quantité de principes nutritifs qu’ils contiennent.

Les terres exposées à l’ombre doivent être ensemencées avant celles qui ne le sont pas; les terres argileuses, avant les sols sableux.

Les terrains humides, avant les terrains secs.

Ceux qui sont maigres, avant ceux qui ont été fumés, ou sont bien garnis d’humus.

quand faire les semis

 

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MULTIPLICATION DES PLANTES POTAGÈRES

La multiplication par graines est le mode de reproduction le plus naturel, et, en même temps, celui qui donne les
meilleurs résultats.

Presque toutes les plantes se multiplient par le semis, sauf quelques genres qui ne produisent pas de graines fertiles, tels qu’estragon, ciboulette.

Le choix de bonnes graines étant une des principales conditions de réussite, le cultivateur devra récolter lui-même la majeure partie des graines nécessaires à son
exploitation, il devra élever et sélectionner avec soin tous ses porte-graines, pour que celles-ci soient conservées franches. Il faudra éloigner toutes les
variétés ayant de l’analogie entre elles, pour empêcher le mélange des poussières fécondantes.

On ne devra recueillir les graines que lorsqu’elles seront bien mûres et non entièrement sèches; celles de quelques genres, comme la mâche, l’oseille, devront être
cueillies avant d’être bien mûres. On achève de les faire sécher en les étendant sur de la toile.

Certains genres, comme l’épinard, le salsifis, qui ne mûrissent leurs graines que successivement, devront être visités tous les jours; à partir du moment où elles
commenceront à jaunir, on les ramassera pour achever de les faire sécher à mi-ombre.

Les genres de plantes, dont les graines, quoique bien mûres, et même sèches, se détachent difficilement de leur réceptacle, tels que carotte, céleri, persil,
choux, seront attachés par bottillons qu’on suspendra dans un grenier bien aéré, où les graines achèveront de mûrir et de sécher; elles seront ensuite nettoyées et
placées dans de petits sacs, à l’abri de l’humidité et étiquetées.

Beaucoup de graines, telles que l’oseille, le panais, ne conservent que peu de temps leur vertu germinative, et ne lèvent que la première année. Pour ne pas avoir
de déception, on devra choisir des graines de la dernière récolte.

D’autres graines, au contraire, haricots, fèves, pois, etc., toutes les papilionacées en général, conservent longtemps leur faculté germinative; leur longévité est
même notablement accrue lorsqu’on les conserve dans leur silique ou cosse.

En résumé, toute graine conserve plus ou moins longtemps sa faculté germinative, selon le degré de perméabilité de son enveloppe, sa consistance et sa composition
chimique.
Toutes ces considérations ne doivent pas échapper au cultivateur, il doit connaître les différentes sortes de graines, être fixé sur leur durée germinative, et
savoir le temps que doit mettre chaque plante à atteindre son complet développement, ce sont des connaissances que l’on acquiert rapidement, avec un peu
d’attention, et surtout de pratique.

Semis de pleine terre.

— Toutes les graines ne sauraient être semées dans les mêmes conditions, le semis doit être modifié selon la nature du sol, le climat, la
grosseur ou la ténuité des graines. Elles doivent être d’autant moins enterrées qu’elles sont plus fines; certains genres lèvent même sans qu’on ait besoin de les
recouvrir : raiponce, pourpier, etc., il suffit de plomber légèrement le terrain, étendre un bon paillis et arroser souvent s’il fait chaud. Les graines d’un
volume moyen, épinards, carottes, radis, doivent être suffisamment recouvertes, les graines de haricots, pois, fèves, devront l’être davantage. Une graine, quelle
qu’elle soit, doit être recouverte de deux fois son volume.

Les terres légères et meubles sont généralement propres à recevoir, presque en tout temps, toutes sortes de graines, car en raison de leur porosité, elles se
prêtent mieux que d’autres à la germination, et par suite à la levée. Dans les terres fortes, beaucoup de graines ne lèveraient pas ou difficilement, si on ne les
recouvrait pas de terre meuble ou de terreau léger.

Pour certains semis que l’on effectue pendant les chaleurs, si le terrain où on doit les mettre est sec, on fera bien de faire tremper la semence dans l’eau
pendant quelques heures, afin de hâter la germination. Les haricots, radis, se prêtent bien à ce système. Cependant, nous ferons remarquer que bien des procédés
ont été préconisés, sans qu’aucun ait donné un bon résultat. Laissons opérer la nature seule, et nous nous en trouverons mieux.

Il est préférable de semer un peu épais, car il est facile d’éclaircir ensuite, tandis que, si l’on fait le contraire, il n’est pas toujours facile de resemer ou
de repiquer.

Semis a la volée.

— Les semis à la volée sont les plus usités; la plus grande partie de nos plantes potagères s’en accommodent parfaitement.

Lorsqu’on fait ce genre de semis drns un terrain divisé en planches, on n’opère que sur la moitié à la fois. On prend pour cela une poignée de graines de la main
droite, et, par une suite rapide de mouvements du poignet, en effectuant un demi- cercle, on livre le passage à la graine en serrant ou écartant plus ou moins les
doigts. On la suit des yeux à mesure qu’elle tombe, afin de la répartir uniformément.

On agit de même sur l’autre moitié de la planche, en évitant de répandre la graine sur la partie déjà semée, et dans le sentier.

Dans les terrains d’une grande étendue, les semis à la volée se font différemment. On prend une poignée de graines, et, par un mouvement du bras d’arrière en
avant, en décrivant un léger demi-cercle, on les répand sur le sol; dans la grande culture, c’est ainsi que l’on opère.

Lorsqu’on fait des semis à la volée avec de la graine fine, il est d’usage chez beaucoup do jardiniers, afin de la mieux répartir, de la mélanger à du sable tin, à
de la cendre de bois, à du terreau. Un bon semeur n’a pas besoin de recourir à cet expédient (sauf pour la raiponce), nous pouvons affirmer que nous avons toujours
semé nos graines telles qu’elles se présentaient.

semer à la volée

Semis en rayons ou en lignes.

— Le terrain ameubli et bien uniforme, on trace parallèlement le nombre de rayons nécessaires, que l’on espacera selon le
développement que réclament les plantes qu’on veut y semer; la profondeur de ces rayons varie entre 4 et 6 centimètres. On dépose la graine au fond du rayon, en
élevant la main de 15 centimètres au-dessus ; on fait faire au poignet un léger mouvement saccadé d’avant en arrière, dans le sens des rayons. On recouvre ensuite
la graine en rabattant les bords avec le râteau.

Pour les semis en lignes et planches, il est d’usage de ne pas rabattre et de laisser dresser en bourrelets les côtés extérieurs des deux rayons extrêmes, afin que
ce bourrelet, servant de cadre à la planche, en arrête la forme et retienne l’eau des arrosages.

Dans les terrains forts, il est parfois difficile de bien recouvrir les semis en rayons, il faut donc avoir recours aux terreaux, ou à la terre tamisée, que l’on
répartit le mieux possible dans le rayon; on paille, s’il est nécessaire, et on arrose.

Pour tracer les lignes affectées aux semis, on se sert de la partie étroite de labinette, d’un morceau de bois pointu, d’un traçoir.etc.
Certains cultivateurs du Nord, pour les semis en lignes de graines fines, tracent avec les pieds deux rayons à la fois; ils les écartent plus ou moins selon la
distance à ménager entre chaque rayon. Ce procédé est expéditif, mais ne peut s’employer que dans des terrains légers et récemment labourés.

Semis en touffes ou poquets.

— Pour effectuer les semis en touffes, on reut tracer des rayons profonds comme pour les semis en lignes, et semer à distance
voulue et en échiquier ; on recouvre en rabattant un des bords du rayon; on peut également se servir de la houlette, du plantoir, de la main, si le terrain est
léger. Toutefois, le mode le plus en usage est de creuser des trous avec la binette ou la houe, à des intervalles égaux et plus ou moins profonds, selon ce que
l’on veut semer ; on recouvre en rejetant une partie de la terre, et au premier binage, lorsque les plantes seront un peu grandes, on achève d’égaliser le sol.
Cette façon d’opérer convient particulièrement pour les plantations de pommes de terre ou toute autre semence d’un certain volume.
Dans certaines contrées du Centre et de l’Ouest, c’est ainsi que l’on sème les haricots, en contre-plantation dans d’autres cultures.

Différentes façons de recouvrir les semis.

—Il y a plusieurs façons de recouvrir les semis de pleine terre. Dans beaucoup de terrains, le hersage à la fourche bien appliqué suffit à la majeure partie des
graines d’un petit volume. On se sert également du râteau, en enfonçant légèrement et rapidement les dents en terre, on le passe ensuite sur la surface pour
l’aplanir.

Le système qui prédomine en France et qui donne de bons résultats dans les sols légers est celui-ci. Après le semis, on herse légèrement avec la fourche, on plombe
s’il y a lieu; puis, avec la houe pleine ou fourchue, on enlève des sentiers une certaine quantité de terre qu’on rejette à droite et à gauche sur chaque moitié de
planche ; on le répartit le mieux possible, on y passe le râteau, puis on paille, s’il est nécessaire.
Pour les semis de graines fines effectués dans les terrains compacts, on se sert, pour les recouvrir, de terreaux bien fins ou de terres tamisées, en tenant compte
que les graines doivent être plus ou moins enterrées selon leur volume. On objectera que ce procédé n’est pas pratique sur de grandes étendues; cela est vrai, mais
nous nous adressons aux amateurs, qui souvent ont des potagers dans de mauvais terrains. Un maraîcher, qui en fait son métier, n’ira pas choisir un terrain
argileux pour le cultiver. Les jardiniers du Nord emploient beaucoup de terreaux, et la plus grande partie de leur culture est terreautée; c’est un bon procédé
qui peut s’appliquer à tous les sols.

Dans le Midi, le terreautage est peu pratiqué ; on ne s’en sert pour ainsi dire point : les jardiniers disent qu’ils perdent leur temps; c’est une grosse erreur,
car dans le cas contraire, ils obtiendraient de meilleurs résultats, malgré que la douceur du climat favorise les cultures.

Semis sur couches.

— Beaucoup de nos plantes potagères qui, dans un temps assez court, nous fournissent leurs produits et mûrissent leurs graines, ne
donneraient que peu ou point, si l’on attendait que la terre soit suffisamment réchauffée pour effectuer les semis.

C’est au moyen de semis que l’on fait de bonne heure sur couches chaudes, qu’on parvient à élever des sujets d’une certaine force ; on les met en place au moment
où la terre est suffisamment réchauffée, époque qui coïncide avec celle où, sans le secours des couches, on ne pourrait qu’effectuer les semis.

Les semis sur couches diffèrent peu de ceux de pleine terre; on les fait en rayons ou à la volée: on plombe légèrement avec la main ou la batte, on recouvre de
terreau léger, on arrose à la pomme fine. On doit surtout observer de ne pas semer avant que la couche ait jeté ses premiers feux. Malgré toutes les précautions,
il arrive souvent que les semis s’étiolent; pour éviter cela, on devra donner le plus d’air possible, proportionnellement à la force des jeunes plantes; on
maintient la terre dans une humidité modérée, et l’on ombre les plantes délicates pour éviter les coups de soleil.