Culture de la patate douce aujourd’hui
Plantation de la patate douce selon les anciens
— La patate, sans être d’une culture difficile, exige certains soins minutieux, surtout dans la conservation des tubercules, c’est là le point le plus délicat. Le meilleur procédé, qui nous a toujours réussi, est de les enfouir dans le son de bois de sapin, en évitant qu’ils se touchent et de les placer dans un endroit chaud et sain.
La patate peut se multiplier de graines, mais ce procédé est peu usité en France. On la reproduit par ses tubercules d’abord, et de boutures qui se font sur couches chaudes et sous cloche, ou dans le tan. Pour cela, on met les tubercules en végétation de bonne heure, en décembre ou janvier, également sur couches. Une fois les jeunes boutures reprises, on les met en petits pots de 7 centimètres qu’on place sur couches chaudes; on leur donne des vases plus grands, à mesure de leur développement. Dans le Midi, on peut les planter en pleine terre, dès le mois d’avril, sur couches
sourdes ou sur ados. Dans le Nord, on est obligé de les planter sur couches, sous panneaux en mars -avril, comme on ferait des melons de primeurs. Lorsque les gelées ne sont plus à craindre, c’est-à dire en mai, on enlève les coffres et leurs panneaux, et la culture se fait ensuite à l’air libre.
Il faut à cette plante beaucoup d’eau en été, pour qu’elle puisse se développer aisément. Ce n’est qu’au bout de quatre à cinq mois que les tubercules sont bons à récolter ; pour cela il faut attendre le plus tard possible et lorsqu’une première gelée aura détruit les fanes, car c’est surtout en arrière-saison qu’ils grossissent. On devra bien les surveiller, car ils se conservent difficilement.
Variétés.
— Il existe un grand nombre de variétés de patate, la ‘plupart ont peu de valeur pour nos climats; les meilleures pour nos contrées sont : Patate rose de Malaga – Patate Ile-de-France. – Patate blanche de Tahiti – Patate grosse jaune. – Patate ovoïde Sageret Hanche.— Patate violette et rouge, etc.
Maladies de la patate douce, Animaux nuisibles.
_ Dans nos climats la patate est pour ainsi dire indemne de maladies. Les limaçons jaunes sont assez friands des jeunes pousses tendres. Les turcs ou vers blancs creusent les tubercules.
Que faire avec la patate douce.
– La chair de la patate est sucrée et très tendre un peu aqueuse; on s’en sert comme de la pomme de terre. Cuite sous la cendre, elle est excellente.
Synonymes de patate douce: Batate, Artichaut des Indes, Truffe douce.
Dans les terres du midi de la France, exposées à de longues sécheresses, et où la pomme de terre ne donne que des produits pour ainsi dire insignifiants, la culture de la patate douce remplace avec avantage celle de la pomme de terre. La patate douce résiste aux plus fortes chaleurs, et, une fois qu’elle est bien enracinée, elle n’a pour ainsi dire rien à craindre de la sécheresse et peut se passer d’arrosements. Voici comment cette culture est conduite dans nos départements méridionaux.
Culture de la patate douce dans le Midi
Pour se procurer en temps utile le plant nécessaire, on plante en mars quelques tubercules de patate sur une couche ou dans un tas de terreau à bonne exposition; quand les germes sont suffisamment développés et pourvus de racines, on les détache pour les planter à 1 mètre les uns des autres en tous sens.
L’expérience de plusieurs années ayant démontré que la patate douce, plantée dans un sol profondément labouré, pousse de fortes et nombreuses racines, mais ne forme pas de tubercules, il faut, si l’on veut avoir des récoltes abondantes, garnir les trous de branches d’arbres placées tout à côté les unes des autres, de manière à empêcher les racines de s’étendre. Après avoir rapporté la terre, à laquelle on ajoute un peu d’engrais consommé, on plante au centre de chaque trou une jeune pousse enracinée de patate douce. Elle doit être enterrée jusqu’à la naissance des feuilles. Après avoir arrosé pour faciliter la reprise, on jette sur la tige une poignée de litière ou d’herbe fraîche, qui la garantit du soleil. On donne quelques binages avant le développement des branches, et plus tard un ou plusieurs buttages successifs.
Les tubercules sont arrachés dans le courant d’octobre. On doit prendre toutes les précautions possibles pour ne pas les blesser au moment de la récolte, car, une fois entamés, on ne peut les empêcher de pourrir en très peu de temps.
On peut récolter jusqu’à 500 kilogrammes de patates par are, plus 300 kilogrammes de tiges, qui équivalent au triple de leur poids en foin ordinaire.
Aussitôt après la récolte, les tubercules sont déposés sur le plancher d’une chambre exempte d’humidité, puis on les couvre avec des balles de grains d’avoine ou de la mousse bien sèche.
Culture de la patate douce dans le Centre
Les procédés de culture qui viennent d’être exposés ne conviennent que dans la France méridionale. Pour cultiver avec succès la patate douce dans les départements du Centre, il faut élever le plant sur couche et sous châssis. Quand toute crainte de retour de froids tardifs est entièrement dissipée, on fait des trous espacés comme ci-dessus, que l’on emplit de fumier. On établit au-dessus une butte formée de moitié terre et moitié fumier très consommé, haute de 50 à 60 centimètres, dont on aplatit le sommet pour y planter la bouture de patate douce. Pendant la végétation, les soins se bornent à des arrosages toutes les fois qu’il en est besoin.
Vers la fin d’août ou au commencement de septembre, on trouvera des tubercules bons à être consommés; mais ce n’est que dans le courant d’octobre que l’on fait la récolte complète.
Culture de la patate douce dans le Nord
Au nord de la vallée de la Seine et de ses affluents, la patate douce ne peut être cultivée que sur couche et sur une échelle très restreinte. C’est même le genre de culture qu’on lui applique le plus souvent sous le climat de Paris. On fait germer les patates sur couche au printemps, puis on les repique et l’on en continue la culture sur d’autres couches semblables à celles où sont cultivés les melons.
On cultive trois variétés de Patates douces, à tubercules rouges, jaunes et blancs.
