Maïs – Culture du maïs

Comment planter du maïs

Le maïs occupe une place importante parmi les céréales : c’est de toutes les plantes de cette espèce celle qui donne le produit le plus considérable en grains et en paille, et dont la farine est la plus nourrissante; ses feuilles et une grande partie de ses tiges peuvent en outre fournir un fourrage vert fort abondant, avant la maturité des épis.

On ne connaît en Europe qu’une seule espèce de maïs, le maïs commun, maïs vulgaris; mais cette espèce offre un très grand nombre de variétés qui peuvent se réduire à deux principales : le grand maïs ou maïs tardif, le petit maïs ou maïs précoce.

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Culture du Grand Maïs

Le grand maïs varie sous le rapport de la forme suivant les localités. Sa tige est tantôt élevée, tantôt basse; ses épis sont tantôt gros, tantôt petits, et ses grains blancs, jaunes ou orangés. Mais il ne prend tout son développement que dans les pays chauds et dans les terres riches et fortes. Son élévation décroît à mesure que l’on s’avance vers le nord. Dans les pays chauds son grain est d’un jaune foncé, et aplati; dans les pays froids il est rond et d’un jaune pâle.

On peut cultiver le maïs avec sécurité dans toutes les contrées ou la vigne mûrit et où le sarrasin réussit comme récolte dérobée.

Le maïs peut même mûrir plus au nord et à une plus grande hauteur que la vigne : car on le cultive avec succès sur les hauteurs du Tamins, en Suisse, a l’élévation de 750 mètres au dessus du niveau de la mer.

Le maïs demande une terre compacte dans les pays chauds; mais il ne mûrirait pas dans les pays froids dans une terre de cette nature, qui s’échauffe toujours très lentement; il faut alors le semer, dans une terre légère.

Le maïs blanc doit être préféré sur un terrain maigre, et le jaune réservé pour les terrains plus fertiles. Il se plaît de préférence dans les terres fraîches et bien fumées.

Le maïs est de toutes les céréales celle qui supporte le mieux l’abondance de l’engrais, et son produit est toujours en rapport direct avec la force de la fumure. Plus le climat est chaud, moins il exige un sol riche.

On m’a fait remarquer que, quoique le maïs puisse végéter dans toutes sortes de terrains il convient de le placer dans des sols frais, modérément humides, légers et substantiels. Le fond des vallées lui convient mieux que les collines et les terrains en pente.

Le terrain destiné au maïs doit être nettoyé par plusieurs labours, à moins qu’il n’ait porté l’année précédente une récolte piochée.

Dans la Haute-Carinthie on sème le maïs, après un seul labour, dans des trèfles que l’on a soin de fumer en couverture au printemps. On conçoit quelle magnifique récolte on doit obtenir dans une terre engraissée à la fois par le fumier et les racines du trèfle. Toutes les fois, au contraire, qu’on le sème après une céréale, le terrain doit être retourné en automne,et labouré de nouveau au printemps après la fumure, ou du moins travaillé à l’extirpateur. Si l’on se contentait de fumer un chaume au printemps, et de ne lui donner qu’une façon, le sol serait assez ameubli, s’il était léger; mais il serait mal propre, et l’on aurait beaucoup de peine à extirper les mauvaises herbes, qui ne tarderaient pas à l’envahir.

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Semis de maïs

C’est le climat qui détermine l’époque des semailles du maïs. Il faut généralement le semer aussitôt que les gelées blanches ne sont plus à craindre.

Le maïs destiné à la reproduction doit rester adhérent à l’épi et suspendu dans un endroit bien aéré, jusqu’au moment où l’on se propose de le semer. Il faut éviter de prendre les grains de l’extrémité de l’épi, qui sont toujours moins nourris, et le plus souvent n’ont pas été fécondés. La semence doit être choisie parmi les grains de la récolte précédente.

Il ne faut répandre la semence qu’après s’être assuré qu’elle possède encore sa puissance germinative : car une foule d’expériences m’ont appris que les grains qui paraissent les mieux nourris sont souvent privés de vitalité au printemps. Il est toujours utile de faire tremper le maïs dans de l’eau de fumier quelques jours avant de le semer. Cette précaution, facile à employer, offre l’avantage de manifester les grains qui surnagent, grains qu’on doit toujours enlever, pour ne pas confier à la terre une semence inutile pour la récolte, et qui peut encore servir de nourriture aux animaux de basse-cour: car la légèreté est un signe qui annonce qu’ils ont perdu leur force de reproduction.




Le maïs se sème par rayons parallèles plus ou moins éloignés les uns des antres, de manière qu’il soit facile de le travailler à la houe à cheval et de le butter pendant sa végétation.

Le maïs se sème à la volée et s’enterre à la charrue dans certains pays : il faut alors le butter et travailler le sol à la houe à main, ce qui rend sa culture très dispendieuse, et souvent même impraticable. Cette pratique n’est pas si sûre que celle de piauler, en ce que la distance entre chaque pied n’est pas observée, et que l’on répand toujours plus ou moins de semence qu’il n’est nécessaire.

Pour le semer par rayons, on dépose la graine dans des trous faits à l’aide du plantoir, ou dans les sillons de la charrue. La manière la plus expéditive est de se servir du semoir, qui dépose la graine avec plus d’uniformité.

L’espacement des sillons doit nécessairement varier. Il faut qu’il soit au moins de 70 cm dans les terres où le maïs prend un grand développement; 60 cm suffisent dans les cas ordinaires, et même 45 cm dans les circonstances défavorables à l’accroissement du maïs. Les plants doivent être espacés régulièrement, dans le sens de la ligne, de 30 cm dans le premier cas, et de 15 dans les deux derniers.

On peut semer des haricots nains dans les intervalles du maïs, sans nuire à la plante principale, lorsque le climat est assez chaud pour que cette plante intercalaire ne produise pas une ombre et une fraîcheur préjudiciables. Mais il ne faut pas les semer épais et trop près des tiges du maïs, de crainte qu’il ne les étouffe et ne leur enlève une partie des sucs nutritifs nécessaires à leur développement. Cette récolte intercalaire ne convient généralement que dans les petites exploitations: car elle entrave la marche de la houe à cheval, et exige une grande attention dans la distribution de la semence. D’ailleurs les haricots grimpent souvent, et occasionnent plus de préjudice à la récolte qu’ils n’offrent d’avantage. Il est très dangereux de semer des citrouilles au pied des tiges de maïs, et de planter dans les intervalles des choux, des pommes de terre ou des raves.

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La quantité de semence à employer varie suivant l’étendue de terrain que doit occuper le maïs et la grosseur du grain.

Le maïs doit être houé deux fois et butté.

Aussitôt que les jeunes pousses ont atteint la hauteur de 15 cm, on les travaille légèrement à la houe à main pour détruire les mauvaises herbes qui les environnent, et ouvrir aux incidences atmosphériques la partie du terrain inaccessible aux instruments traînés par des brios de trait; on passe ensuite la charrue à trois socs dans les intervalles des rangées. Ou renouvelle cette opération avec l’extirpateur, lorsque les plants ont 20 cm, en ayant soin de donner de l’entrure aux socs pour remuer le sol et rejeter même un peu de terre au pied des tiges. Enfin, lorsque le maïs a 30 cm de hauteur, on le butte deux fois à quatorze jours d’intervalle.

Ces diverses opérations, exécutées avec soin et à propos, contribuent beaucoup à fortifier la tige du maïs, et à lui faire produire des épis nombreux et bien garnis; elles fertilisent le sol, le purgent de toutes les mauvaises herbes qui dérobent à la céréale une partie de sa nourriture; elles entretiennent au pied de la plante l’humidité et la fraîcheur, et l’affermissent contre les secousses des vents, qui ont beaucoup de prise sur elle à cause de la largeur de ses feuilles et de l’élévation de sa tige.

Pendant que le maïs croît, il offre des ressources dont il faut nécessairement profiter, parce qu’en même temps c’est contribuer au succès de la récolte. Indépendamment des pieds arrachés, lors du premier travail, pour éclaircir les endroits trop épais, on remarque dans les bonnes terres qu’il part un, deux et trois rejetons, suivant la vigueur de la plante et la qualité du terrain. Ces rejetons produiraient des épis non mûrs ou avortés, si on les laissait subsister. Il faut les enlever, ainsi que les épis tardifs placés dans les aisselles des feuilles au dessous des épis principaux. Il est bon aussi de couper la portion de tige à la naissance de l’épi, quelque temps avant la récolte, c’est-à-dire quand les filets ou poils sont sortis des étuis de l’épi; en un mot, lorsqu’ils commencent à se sécher et à noircir. Tous ces retranchements sont utiles lorsqu’ils sont pratiqués en temps convenable, et que les parties coupées sont données aux animaux à mesure qu’on les enlève. Loin d’affaiblir la plante, ces retranchements accélèrent au contraire sa maturité, augmentent l’abondance du grain, et procurent aux bestiaux un fourrage qu’ils mangent avec avidité, surtout lorsqu’il a été coupé encore vert : car la matière saccharine, qui en forme un des éléments principaux, diminue à mesure que la tige mûrit.

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Sécher le maïs

Lorsque les épis sont récoltés, on les laisse pendant quelque temps exposés à l’influence de l’air avant de les battre, pour que le pédoncule qui porte les grains ait le temps de sécher.

Le procédé le plus connu est celui qui consiste à attacher ensemble plusieurs épis, et à les suspendre dans un lieu bien aéré, ordinairement sous un avant-toit ou à un plancher. Pour cela on retrousse les feuilles du maïs, on réunit sept ou huit épis, on lie ces feuilles par un fil assez fort, et on les suspend à des perches ou à des clous. Cette méthode de sécher le maïs est la plus ancienne, et peut-être la meilleure, elle nous a été transmise par les Espagnols.

Cependant, dans les exploitations rurales où le maïs se cultive en grand, cette manière devient pénible, dispendieuse, et souvent même impraticable. On emploie en Amérique un autre procédé plus expéditif. On construit en plein air, mais à portée des habitations, de petits bâtiments qui, au lieu de murs, sont entourés de palissades en lattes. Ces lattes ne sont pas plus rapprochées qu’il le faut pour empêcher les épis du maïs de passer par les intervalles. On leur donne la longueur et la hauteur que l’on veut. Ils ne doivent jamais avoir plus de 60 à 90 cm de largeur : autrement l’air ne pourrait jouer au travers, et la construction remplirait mal son objet. Le toit, qui doit être mobile, et se soulever à volonté pour que l’on puisse introduire facilement le maïs, est ordinairement un assemblage de planchettes superposées les unes sur les autres. La partie inférieure, sur laquelle reposent les épis, doit également être à claire-voie et élevée de deux ou trois pieds au dessus du sol, pour que tous les côtés de l’appareil soient exposés à l’influence de l’air, et pour mettre en même temps la récolte à l’abri des ravages des animaux rongeurs. Cette élévation serait néanmoins insuffisante pour les en garantir si l’on n’avait pas soin de fixer aux quatre poteaux qui soutiennent la construction, à environ 60 cm de terre et horizontalement, des plateaux ronds en tôle ou en bois recouvert de fer-blanc. Le diamètre de ces plateaux doit être assez considérable pour que les rats ne puissent en atteindre les bords. Il faut aussi avoir la précaution de clouer les lattes en dedans de l’encadrement: car autrement le poids des épis pourrait les détacher.

Le maïs se bat comme le froment ordinaire. En Toscane on se sert d’une espèce de lame peu tranchante fixée à un banc ou à une table, et sur laquelle on racle tous les épis les uns après les autres, jusqu’à ce que tous les grains soient tombés.

Le produit du grand maïs dépend, plus que celui de toute céréale, de la force de la fumure et de la richesse du sol dans lequel il a crû ; il est subordonné en second ordre à la culture que la plante a reçue. Dans les terres bien fumées, bien travaillées et bien exposées, on récolte jusqu’à 73 hectolitres de grains par hectare; son produit, est souvent deux fois moins élevé dans les terres maigres, et lorsque sa culture est négligée.

Les plants de maïs semés par rayons espacés de 60 cm, et placés dans la ligne à 30 cm les uns des autres, ont, dans un terrain médiocre, assez d’espace pour se développer librement et jouir de l’influence de l’air et du soleil. Il s’en trouve alors environ 5o,5oo par hectare : or, en supposant que chaque plant porte un épi (beaucoup en portent deux, et donc davantage, mais d’autres n’en ont point), et en estimant qu’il en faille 79 pour un décalitre de grain, on obtiendrait par hectare environ 64 hectolitres.

Le produit est bien plus considérable dans les terres riches et bien cultivées. Un propriétaire du département des Landes rapporte qu’un épi non choisi lui a donné 396 grains. « Un paysan exercé, ajoute-t-il, a estimé que 100 épis pareils donneraient un quart d’hectolitre : or il est usuel qu’un pied de maïs donne plusieurs épis. »

J’ai souvent récolté dans ma ferme 71 hectolitres par hectare.

Le produit moyen du maïs, en Alsace, est de 289 décalitres par hectare. La faiblesse de ce rapport provient évidemment de la distance excessive qui sépare les rangées, et de la grande quantité de plantes intercalaires qu’on est dans l’usage de semer dans les champs de maïs.

On rapporte que toutes les terres donnent, l’une dans l’autre, par la culture ordinaire, 179 décalitres de maïs et 444 litres de haricots par hectare, et celles qui sont fumées et travaillées extraordinairement, 278 décalitres de maïs et 69 décalitres 1/2 de haricots.

La paille de maïs a beaucoup de valeur comme fourrage : car on peut voir qu’elle contient 70 pour 100 de parties nutritives, tandis que celle d’avoine n’en renferme que 52 comme celle de seigle, et celle de froment 48. Mais d’un autre côté, elle est difficile à couper, et il faut la faire passer à l’eau chaude avant de la donner au bétail, ou la laisser tremper deux jours dans de l’eau froide.

La matière saccharine diminue à mesure que la tige mûrit: aussi a-t-on soin de couper les parties qui se trouvent au dessus des épis lorsqu’elles sont encore vertes. Ces retranchements nous sont d’un grand secours.

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Culture du Petit Maïs

Cette variété est celle que les Américains nomment maïs de trois mois, et que les Italiens connaissent sous le nom de quarantino, cinquantino, sessantino et torquetto,

Sa tige est basse, à peine haute de 90 cm; ses épis sont petits, et touchent presque la terre, et ses grains sont petits et durs.
Cette variété de maïs mûrit encore en automne dans les pays chauds lorsqu’on la sème comme seconde récolte, en juin sur le chaume d’un froment d’hiver que l’on vient de moissonner, mais en Allemagne le froment d’hiver se récolte trop tard, et la chaleur de septembre n’est pas assez forte pour qu’on puisse la cultiver comme récolte dérobée, et son produit est si chétif qu’elle ne vaut pas la peine d’être cultivée comme récolte unique et principale.

 



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