Rose trémière – Planter la rose trémière

Comment multiplier et planter la rose trémière

Les Malvaceaes contribuent à la décoration des jardins pittoresques presque exclusivement par leurs espèces fleurissantes. La plus belle de toutes est la rose trémière ou passerose ( Alcea rosea ), à laquelle la beauté de ses fleurs assigne une place dans le parterre, mais que sa haute taille doit faire admettre à meilleur droit dans le jardin paysager.

rose tremiere

Originaire de l’Orient, il y a déjà plusieurs siècles qu’elle a été introduite en Europe, où elle s’est considérablement embellie. Elle est bisannuelle, dressée, à tiges presque simples, hautes de 2 à 3 mètres, à feuilles arrondies et assez semblables pour la forme à celles des mauves, mais beaucoup plus grandes. Les fleurs, larges de 8 à 10 centimètres et disposées en une sorte d’épi sur les tiges et les branches, étaient originairement roses ou violacées, mais, par suite de la longue culture à laquelle la plante a été soumise, elles ont pris toutes les teintes du rose au pourpre, au violet et au violet noir, et, par l’effet d’une variation plus singulière encore, quelques unes ont tourné au jaune plus ou moins vif; d’autres, enfin, par simple décoloration sont devenues entièrement blanches.

En même temps que ces modifications s’effectuaient, il s’en faisait une autre dans le faisceau des étamines, qui se développaient en pétales et donnaient lieu à des fleurs doubles ou pleines, dans lesquelles cependant on distingue facilement la véritable corolle, à peine modifiée, qui déborde les pétales de l’intérieur. Le nombre des variétés ainsi produites est assez grand pour que la rose trémière soit considérée par quelques amateurs comme une plante de collection. Quoiqu’elle soit tout à fait de premier ordre comme plante fleurissante, elle est éminemment propre à être vue de loin, et sous ce rapport aucune autre plante ne peut lui être comparée.

Dans le midi de l’Europe la rose trémière vit plusieurs années, et on peut l’y cultiver comme plante vivace; sous le climat de Paris on ne la traite guère que comme plante bisannuelle, en recourant presque exclusivement au semis pour la propager. C’est qu’effectivement ses fleurs, quoique doubles, sont presque toujours fertiles à quelque degré, celles au moins qui ont fleuri d’assez bonne heure pour avoir le temps de former et de mûrir leurs graines. Les variétés se reproduisent d’ailleurs avec une certaine fidélité par cette voie, lorsqu’elles n’ont pas été fécondées les unes par les autres, ou, s’il se produit des formes nouvelles, ces dernières répètent toujours à peu près les mêmes tons de coloris que celles d’où elles proviennent. On ne voit jamais, par exemple, les variétés blanches fécondées par elles-mêmes engendrer des plantes à fleurs pourpre noir, ou les variétés jaunes des plantes à fleurs de couleur carmin. Les variations sont toujours enfermées dans des limites plus étroites, à moins qu’il n’y ait eu des croisements, très possibles d’ailleurs, par l’intermédiaire des insectes.

semis rose tremiere

Semer la rose trémière

Les semis de roses trémières se font en été, sur planches bien exposées au midi. Lorsque le plant a trois ou quatre feuilles on le repique en pépinière, à 20 centimètres de distance en tous sens, puis on le met en place en octobre ou novembre et mieux encore en mars ou avril de l’année suivante, en ayant soin, dans les deux cas, de le lever en motte, autant que possible. La floraison commence en juin ou juillet, et se continue dans les mois d’août et de septembre; quelques individus retardataires fleurissent même jusqu’aux gelées.




L’expérience a prouvé que sous nos climats au moins, il y a avantage à traiter la rose trémière comme plante bisannuelle, parce que la première floraison est toujours plus belle que les suivantes. Cependant, lorsqu’il s’agit de conserver des variétés intéressantes dont la reproduction par semis est douteuse, on les multiplie par éclats du pied au commencement de l’automne, et plus avantageusement au printemps. On y emploie aussi le bouturage fait aux mêmes époques, soit en pleine terre a exposition chaude, soit en pots tenus sous châssis ou en serre tempérée.

rose tremiere noire

La multiplication par division du pied a beaucoup plus de chance de réussite dans la région plus sèche et plus chaude du midi que sous le climat de Paris, où l’humidité froide et prolongée du sol cause facilement la pourriture des tissus dénudés de la souche. Enfin, on emploie encore comme procédé de multiplication et de conservation la greffe, qui lorsqu’elle est faite par une main exercée donne de meilleurs résultats que la division des souches et que le bouturage. Cette greffe se fait au commencement de l’automne, en fente ou en placage, sur les racines d’autres roses trémières, principalement sur des variétés simples élevées de semis tout exprès. On prend pour faire cette greffe de jeunes rameaux sur les plantes dont on veut conserver la race, et après avoir enlevé leurs feuilles, à l’exception de celles du cœur, on en taille l’extrémité inférieure en biseau, et on les insère dans une fente proportionnée, faite sur le côté d’un tronçon de racine de la variété qui doit servir de sujet. La greffe ayant été assujettie par un lien, les fragments de racine sont plantés dans de petits pots remplis de terre légère, et on les enfonce assez pour que la greffe soit enterrée. Les pots sont ensuite portés sous un châssis ou tenus sous cloche, et si la chaleur de l’air est insuffisante, on les met dans une serre à multiplication chauffée à 15 ou 18 degrés. Lorsque les greffes sont reprises et les sujets enracinés, on leur donne graduellement de l’air, et un peu plus tard on les hiverne sous châssis, après les avoir transplantées dans des pots plus grands. Si le climat est assez doux pour qu’on puisse sans danger les laisser à l’air libre pendant l’hiver, on les met en place immédiatement. On peut encore greffer les roses trémières au printemps, en fente ou en placage, mais toujours sur racines, même sur les racines de la guimauve; cependant la greffe d’automne donne toujours de meilleurs résultats. Ajoutons que les plantes obtenues de greffe ne deviennent jamais aussi grandes ni aussi fortes que celles qu’on a élevées de semis, mais elles sont tout aussi florifères, ce qui est l’essentiel. Étant moins hautes, elles conviennent d’ailleurs mieux aux parterres, d’où la rose trémière, à cause de sa beauté hors ligne, ne saurait être entièrement exclue.

La rose trémière n’est pas difficile sur le choix du terrain; elle ne craint pas les sols pierreux, et paraît même se plaire au pied des murs et dans les décombres, où elle trouve sans doute des sels nitreux appropriés à sa nature, ce en quoi elle ressemble à nos mauves sauvages. Ce qui importe c’est que le terrain ne soit ni détrempé d’eau ni trop sec, car dans ce dernier cas la plante resterait chétive et serait plus exposée à être dévorée par les altises. Toutes les conditions étant égales, elle deviendra plus forte dans un sol profond, meuble, un peu frais et légèrement fumé que dans un terrain médiocre non amendé. Un autre point non moins essentiel est que les plantes soient éloignées des arbres qui pourraient leur diminuer la lumière; leur floraison sera d’autant plus brillante qu’elles seront mieux éclairées par le soleil.

planter rose tremiere




Semer la rose trémière aujourd’hui :