Angélique – Culture de l’angélique

Angélique (angelica archangelica). — Plante de la famille des Ombellifères, bisannuelle ou vivace, indigène en Provence, dans le Puy-de-Dôme et dans le nord de l’Europe. On la rencontre en Autriche et en Laponie.

Culture de l’angélique.

Angélique

Le terrain propre à la culture de l’angélique, écrit Tessier, doit être substantiel, humide, exposé à une certaine chaleur. Il faut, dit-on, que l’angélique ait la racine dans l’eau et la tête au soleil. Un sol argileux nuit à sa végétation, parce que les racines ne peuvent s’y étendre. Elle languit et monte à graine la première année avant d’avoir acquis toute sa force; il parait donc que ce qui lui convient, c’est un sable gras. Elle n’est pas délicate; mais on ne lui donne toute la perfection dont elle est susceptible qu’en réunissant les circonstances que j’ai indiquées.

On n’a besoin d’y consacrer que peu de terrain, parce que cette plante pousse des tiges fortes qui sont les parties qu’on emploie.

Les engrais très consumés ou liquides et même les matières fécales sont les seuls qui conviennent bien à l’angélique.

Pour ce qui est du semis, celui de septembre est toujours préférable à celui de mars, parce que les graines sont toutes fraîches récoltées, qu’elles lèvent mieux et poussent plus vigoureusement. Le semis de mars est sujet à faire essuyer des mécomptes; la levée est incertaine ou bien, si elle réussit, les tiges souffrent des premières sécheresses, faute d’étre profondément enracinées et se mettent à fleur l’année même.

Nous conseillons donc le semis de septembre avec des graines nouvellement récoltées et sur un terrain parfaitement ameubli. Il faut très peu les recouvrir, les saupoudrer seulement de terreau ou de fine terre et les arroser fréquemment jusqu’à la levée. Avec les semis de mars, on repique les plants en septembre, à 1 mètre en tous sens, et l’on arrose assidûment, afin de précipiter la reprise. Avec les semis de septembre, on repique à la sortie de l’hiver. On peut également semer à demeure et ne point repiquer, mais les produits sont moins beaux. L’angélique semée en mars ne lève qu’au bout de deux ou trois mois.

Souvent il arrive, dans les terrains qui manquent d’humidité ou par les saisons sèches, que la plante monte à graine l’année même de la transplantation ou la seconde année. Il faut surveiller les tiges florales et les supprimer au-dessus du premier nœud.

Les principaux soins à donner à l’angélique consistent en sarclages, binages, arrosements à l’époque des sécheresses et en un léger buttage à l’approche de l’hiver, quand les fanes sont desséchées et coupées.

Dans le courant de juin de la seconde année, quand l’angélique a pris son développement complet, on coupe toutes ses tiges, moins celle du cœur, le plus près possible de terre et en biseau. Il va sans dire que l’on ne touche point aux pieds réservés pour semenceaux. Ceux-ci fournissent leurs graines au mois d’août de leur troisième année.

Nous rappelons à nos lecteurs que les facultés germinatives de ces graines s’éteignent très vite et qu’il ne faut pas compter sur elles après huit ou neuf mois.

Culture de l'angélique

Emploi de l’angélique.

Selon Bosc, les peuples du Nord, tels que les Lapons, les SamoïèJes, les Kamtschadales, etc., mangent les tiges de l’angélique, soit crues, soit cuites avec de la viande ou du poisson après les avoir pilées. Nous n’avons pas, en France, les goûts des peuples du Nord; nous ne mangeons ces tiges que confites au sucre, sur les grandes tables s’entend, et encore ne sont elles pas recherchées par un très grand nombre de consommateurs. Nous ne savons sur la manière de confire l’angélique que ce que Parmentier en a dit : « Les ouvriers qui se livrent à la préparation de cette confiture, rapporte-t-il, en font une espèce de secret ; cependant, on est parvenu à savoir positivement que la préparation consiste à prendre l’angélique d’une belle végétation, à choisir les tendres rejetons de cette plante bien mondée, à les plonger ensuite dans l’eau bouillante pour faciliter la séparation des filaments qui se trouvent à leur surface, et a les enlever avec précaution.

Après cette opération, en quelque sorte préliminaire, on plonge les tiges dans le sirop cuit en consistance requise, et on fait évaporer toute l’humidité jusqu’à ce qu’elles aient subi le point de cuisson convenable. Ainsi préparée, l’angélique est placée dans de grands vases de terre ou de grès et recouverte de sirop bien cuit, pour pouvoir la conserver sans altération. Dans cet état, l’angélique se garde plusieurs années et ne perd rien ni de sa couleur, ni de son arôme, ni de sa solidité.

Les racines et les feuilles de la plante sont employées en médecine. Avec 4 grammes de feuilles ou 8 grammes de racine, on prépare une tisane qui fortifie l’estomac et que l’on recommande aux personnes affectées de vertiges ou de tremblement des membres. Une infusion de 16 grammes de racine dans une bouteille de vin jouit des mêmes propriétés que cette tisane.

L’angélique entre dans la composition de plusieurs liqueurs de table, et notamment dans celle de la Grande-Chartreuse.

l'angélique plante

La culture de l’angélique aujourd’hui :

 

Culture de l’angélique médicinale

— Vivace ou plutôt trisannuelle dans nos cultures, l’angélique se plait de préférence dans les sols profonds et frais, fumés avec de bons engrais puissants.

On sème depuis la seconde quinzaine de mars jusqu’en juillet, en pépinière, en rayons. On recouvre suffisamment la graine avec de la terre bien meuble ou du
terreau On arrose copieusement quand le besoin se fait sentir, on éclaircit, on bine et on sarcle.

A l’automne ou au printemps suivant, on les met en place en ligne à 10 centimètres en tous sens. On rogne un peu l’extrémité des feuilles sans endommager les
racines On arrose aussitôt la plantation faite ; quelques jours après, on bine profondément, autant que possible après une bonne pluie. On peut commencer à
récolter des feuilles dès la seconde année.

A la troisième année, la plante monte à graine, et continue ainsi tous les ans. Aussi, il est d’usage de détruire les planations arrivées à cet âge; on prétend
avec raison que les feuilles se développent beaucoup moins lorsque la plante monte à graine.

Une plantation d’angélique peut durer dix ans et plus, nous en connaissons qui ont dépassé cet âge, et qui cependant avec des soins donnent de très beaux produits.

C’est surtout dans les environs de Niort et près de Clermont-Ferrand, qu’on cultive l’angelique en grande culture pour l’exportation ; la Bohême
également en cultive beaucoup. En Auvergne les cultivateurs mettent ordinairement 15.000 pieds à l’hectare, et ils récoltent de 11 à 12 000 kilos de tiges
fraîches, plus les racines que l’on fait sécher et même les feuilles qui se conservent bien, une fois desséchées.
c est un produit très rémunérateur à la condition d’avoir à sa disposition de bons terrains profonds, humides et pouvant s’immerger au besoin.

Graines de l’angélique.

— Ce n’est qu’à la troisième année que la plante monte à graines. Comme elles se détachent facilement de leur réceptacle, il est prudent de recueillir les ombelles
au fur et à mesure qu’elles jaunissent; on les étend sur des linges à l’ombre, pour achever de les faire sécher. Elles se conservent d’un à deux ans.
Maladies, Animaux nuisibles.
— Il n’y a guère de maladies qui attaquent l’angélique ; quelquefois l’uredo ou rouille fait quelques victimes.

Les escargots, les limaces attaquent les plantes lorsqu’elles sont jeunes, encore paraissent-ils ne pas en être trop friands.
Les pucerons sont plus terribles, ils attaquent les hampes florales à leur naissance et ne les quittent qu’à leur mort, c’est-à-dire lorsqu’elles sont complètement
sèches. Il n’y a qu’un moyen de les combattre, c’est de les asperger souvent avec de la nicotine réduite à 3 ou 4 degrés.

Usages.

— La graine d’angélique qui est fortement aromatique est employée par les confiseurs pour en faire des liqueurs très appréciées.
Les pétioles et les tiges confites au sucre font des conserves très recherchées. On en fait même une liqueur spiritueuse connue sous le nom de ratafia d’angélique.
Voici comment on la prépare : on fait macérer des tiges fraîches d’angélique et des amandes amères dans de l’eau-de-vie, mêlant au produit du sirop de sucre et
filtrant après quelques heures de repos.

On prétend que les Lapons mangent les feuilles, la racine et les graines.

On fait, avec les tiges une crème excellente, que l’on prépare de la manière suivante : on coupe en petits morceaux 250 grammes de tiges fraîches que l’on met à
infuser pendant six semaines dans 3 litres d’eau-de-vie additionnée de 4 grammes de cannelle, 2 clous de girofle, 6 grammes de muscade, et 1 kilogramme de sucre
fondu dans trois quarts de litre d’eau. Cette liqueur est excellente pour l’estomac, et stimule la digestion.

Les tiges font également de très bonnes confitures : on coupe les tiges à la longueur voulue, on les jette dans l’eau presque bouillante; puis on retire du feu et
on laisse infuser pendant une heure, on enlève l’épiderme, autrement dit la première peau. Ensuite, on les fait bouillir jusqu’à ce qu elles soient blanches et
tendres, on les laisse égoutter puis on les jette dans un sirop de sucre bouillant, à deux où trois fois différentes. On laisse refroidir, le lendemain on fait
bouillir de nouveau le sirop, on y remet les tiges qu’on laisse douze heures, on les retire, puis on les fait sécher. On obtient 1 kilogramme de tiges confites
avec 1,5 Kg de tiges fraîches. Ces tiges confites servent beaucoup dans la pâtisserie et surtout dans la fabrication du pain d’épice

Quant à la vraie liqueur d’angélique, voici sa formule :
Semences d’angélique : 30 grammes
Tiges d’angélique récentes : 30 grammes
Amandes amères, émondées, concassées : 50 grammes
Sucre blanc : 1.5 Kg
Alcool à 60° : 6 litres
Eau : 1 litre

La racine, qui est la partie la plus active, est employée dans beaucoup de préparations pharmaceutiques, notamment dans le vin d’angèlique.