Partons à la découverte de la culture des betteraves, ce légume-racine coloré et plein de surprises. Vous avez envie de déguster des betteraves tendres, sucrées, cueillies directement dans votre jardin ? Vous voulez mettre de la couleur dans vos assiettes avec ce légume aussi beau que bon ? Alors, vous êtes au bon endroit !
La betterave, ce n’est pas juste cette boule rouge un peu terreuse qu’on trouve sous vide au supermarché. Non, non ! C’est une plante fascinante (Beta vulgaris subsp. vulgaris pour les intimes), de la même famille que les épinards et les blettes (les Amaranthacées). Il en existe de toutes sortes : des rouges bien sûr, mais aussi des roses, des jaunes, des blanches, et même des variétés incroyables comme la Chioggia avec ses anneaux ! Certaines sont cultivées pour leur racine délicieuse (betterave potagère), d’autres pour faire du sucre (betterave sucrière), et d’autres encore pour nourrir les animaux (betterave fourragère).
Cet article ultra complet va vous prendre par la main, étape par étape. De la préparation du sol qui doit être parfaite, au semis parfois un peu délicat, en passant par l’entretien et la récolte, jusqu’à la conservation pour en profiter longtemps. On va tout vous dire pour que vos betteraves soient les plus belles et les plus bonnes du quartier ! Prêt à devenir un pro de la betterave ? Alors, c’est parti !
Introduction à la betterave : Qui est-elle vraiment ?
Avant de commencer à creuser, faisons un peu connaissance avec notre star du jour.
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Botaniquement parlant : La betterave potagère est donc la Beta vulgaris subsp. vulgaris. C’est une plante bisannuelle. Qu’est-ce que ça veut dire ? Tout simplement qu’elle vit sur deux ans dans la nature. La première année, elle fait de belles feuilles et surtout, elle stocke de l’énergie dans sa grosse racine (c’est cette racine qu’on mange !). Si on la laisse en terre, la deuxième année, elle utilise l’énergie de sa racine pour faire une grande tige avec des fleurs, puis des graines, et ensuite elle meurt. Mais nous, pour la manger, on la récolte dès la première année !
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Les différents types (on se concentre sur la nôtre !) :
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Betterave potagère : C’est celle qui nous intéresse ! Sa racine charnue peut être ronde, longue, plate… et de couleurs variées (rouge classique, mais aussi rose, jaune vif, blanche, ou striée comme la Chioggia).
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Betterave sucrière : Une cousine, blanche et très grosse, cultivée en champs pour extraire le sucre. Pas celle du jardin !
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Betterave fourragère : Encore une autre cousine, souvent grosse et jaune ou orange, donnée à manger aux animaux (vaches, etc.). Pas pour nous non plus !
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Pourquoi on l’aime au jardin ?
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Nutriments et santé : Riche en vitamines (B9 surtout), minéraux (manganèse, potassium), fibres et antioxydants (notamment la bétanine qui lui donne sa couleur rouge). On lui prête des bienfaits pour la circulation sanguine et l’énergie.
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Facilité et résistance : Elle n’est pas la plus difficile à cultiver. Elle supporte assez bien le froid (mais pas les grosses gelées pour la racine) et peut pousser dans beaucoup de régions.
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Rendement sympa : Comme on l’a dit, on peut récolter une quantité appréciable sur une petite surface. Comptez environ 2 kg par mètre linéaire de rang, soit de quoi faire plusieurs repas !
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Conditions optimales pour la culture des betteraves : Ce qu’elle aime par-dessus tout !
Pour que vos betteraves soient heureuses et deviennent grosses et tendres, il faut leur offrir ce qu’elles aiment. C’est un peu comme préparer une chambre d’amis parfaite, non ?
1. Exigences climatiques : Ni trop chaud, ni trop froid !
La betterave est plutôt une amie du climat tempéré et frais.
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Températures idéales : Elle germe bien quand le sol atteint 6°C à 10°C minimum. Pour bien grossir, elle aime des températures douces, sans excès.
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Risques liés aux températures extrêmes :
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Trop froid au début : Si les jeunes plants subissent un coup de froid prolongé après la germination, ils peuvent stresser et monter à graines prématurément (faire des fleurs au lieu d’une grosse racine). C’est la « vernalisation » non désirée.
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Trop chaud et sec : La croissance ralentit, les racines peuvent devenir fibreuses et dures. La chaleur peut aussi favoriser la montée à graines.
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Besoins en soleil : Elle aime le soleil, mais tolère bien la mi-ombre légère, surtout dans les régions chaudes où un peu d’ombre l’après-midi peut l’aider à mieux supporter la chaleur estivale. Visez une exposition ensoleillée ou mi-ombre légère.
2. Types de sol adaptés : Les pieds au sec et à l’aise !
Le sol, c’est la maison de la racine. Il faut qu’il soit confortable !
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Caractéristiques du sol idéal : La betterave rêve d’un sol :
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Léger et meuble : Pour que la racine puisse grossir facilement sans rencontrer d’obstacles.
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Frais : Qui retient bien l’humidité, mais sans excès.
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Profond : Car la racine peut descendre assez bas. Il faut que le sol soit travaillé en profondeur.
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Bien drainé : ABSOLUMENT ! Elle déteste avoir les pieds qui baignent dans l’eau. L’eau stagnante favorise les maladies et fait pourrir les racines.
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pH optimal : Elle préfère un sol neutre à légèrement acide, avec un pH idéalement compris entre 6,0 et 7,0. Elle tolère un peu plus (jusqu’à 7,5), mais n’aime pas les sols très acides ni très calcaires. Un pH correct aide aussi à prévenir certaines maladies.
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Comment améliorer un sol inadapté ?
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Sol trop lourd, argileux : Il retient trop l’eau et la racine a du mal à grossir. Incorporez beaucoup de compost mûr et éventuellement un peu de sable grossier pour l’alléger et améliorer le drainage. Travaillez-le bien en profondeur. Cultiver sur buttes peut aussi aider.
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Sol trop léger, sableux : Il ne retient pas assez l’eau et les nutriments. Ajoutez beaucoup de compost pour améliorer sa structure et sa capacité à retenir l’eau. Paillez bien !
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Sol trop acide (pH < 6,0) : Ajoutez de la chaux (carbonate de calcium) ou du lithothamne (une algue calcaire) quelques mois avant la culture, en suivant les doses recommandées.
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Sol trop caillouteux : Les racines risquent d’être déformées ou fourchues. Enlevez le maximum de cailloux lors de la préparation du sol.
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3. Rotation des cultures : Ne pas fatiguer le sol !
C’est une règle d’or au potager pour éviter les maladies et l’épuisement du sol.
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Place de la betterave dans la rotation : Elle est moyennement gourmande. On la place souvent après des cultures qui ont enrichi le sol, comme les légumineuses (pois, haricots, fèves) qui fixent l’azote de l’air. Elle peut aussi venir après des céréales (si vous en cultivez) ou des cultures qui laissent le sol propre. Évitez de la mettre après des légumes très gourmands (pommes de terre, tomates) sans avoir bien rechargé le sol en compost.
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Cultures précédentes favorables : Engrais verts (moutarde, phacélie…) fauchés et incorporés, pois, haricots, fèves.
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Durée avant de revenir au même endroit : Très important ! Ne replantez JAMAIS de betteraves (ni d’épinards, ni de blettes, qui sont de la même famille) au même endroit avant au moins 3 ou 4 ans. Cela permet d’éviter que les maladies spécifiques (comme la cercosporiose ou certains nématodes) ne s’accumulent dans le sol.
Préparation du sol en profondeur : La clé du succès !
On ne le dira jamais assez : pour avoir de belles racines bien formées, il faut que le sol soit parfaitement préparé, surtout en profondeur ! C’est l’étape la plus importante pour la culture des betteraves.
1. Travail préalable du sol : Aérer et ameublir !
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Préparation idéale : dès l’automne ! Si possible, commencez à préparer le terrain à l’automne précédent la culture. Faites un premier labour ou un bêchage (environ 20-30 cm) pour aérer le sol et incorporez déjà une partie de vos amendements organiques (fumier bien décomposé, compost grossier). Le gel et le dégel de l’hiver aideront à affiner la structure.
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Techniques pour sols lourds : Si votre terre est compacte, utilisez une grelinette (ou aérofourche). Cet outil aère le sol en profondeur sans le retourner, ce qui préserve mieux sa structure et sa vie microbienne. C’est moins fatigant que le bêchage ! Faites plusieurs passages croisés si nécessaire.
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Importance d’un sol profond : La racine pivotante de la betterave a besoin de descendre ! Il faut que le sol soit meuble sur au moins 30 à 40 cm de profondeur. S’il y a une « semelle de labour » (une couche dure en profondeur), la racine va se bloquer et devenir fourchue ou déformée. Assurez-vous d’avoir bien décompacté en profondeur.
2. Amendements et fumure de fond : Nourrir le sol !
La betterave apprécie un sol riche, mais attention aux excès d’azote frais !
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Types de compost et fumier : Utilisez du compost bien mûr (qui ressemble à du terreau) ou du fumier très bien décomposé (vieux d’au moins 1 an). Le fumier frais ou le compost pas assez mûr apporteraient trop d’azote d’un coup, ce qui favoriserait la pousse des feuilles au détriment de la racine et pourrait la rendre fibreuse ou la faire pourrir.
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Dosages recommandés :
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Compost mûr : Environ 3 à 5 kg par mètre carré au printemps, juste avant le semis, bien incorporé en surface. Ou plus si vous n’avez rien mis à l’automne.
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Fumier très décomposé : Plutôt à l’automne, 2 à 3 kg par mètre carré.
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Apports en oligo-éléments : La betterave est sensible à la carence en Bore (B), surtout en sol calcaire ou très léger. Cette carence provoque la maladie du « cœur noir » (le centre de la racine pourrit). Un bon compost varié apporte souvent ce qu’il faut. Si vous savez votre sol carencé, un apport spécifique très léger de produit boraté (demandez conseil !) peut être fait avant le semis, mais attention aux excès ! Le Magnésium (Mg) est aussi important ; un apport de dolomie (si besoin de chaux) ou de sulfate de magnésium peut être utile.
3. Les faux semis pour contrôler les adventices : Malin et efficace !
Les jeunes betteraves poussent lentement au début et se font vite envahir par les « mauvaises herbes » (adventices). Le désherbage peut être fastidieux. La technique du faux semis est géniale pour prendre de l’avance !
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Technique détaillée :
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Préparez votre sol comme si vous alliez semer (bien affiné en surface), mais plusieurs semaines avant la date prévue du vrai semis (idéalement 3 à 4 semaines avant). Faites-le dès que le sol est praticable au printemps (mars-avril).
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Arrosez légèrement la surface si le temps est sec pour encourager les graines d’adventices présentes dans le sol à germer.
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Attendez une dizaine de jours. Une multitude de petites herbes indésirables vont lever !
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Détruisez ces jeunes adventices très superficiellement, sans remuer le sol en profondeur (sinon vous feriez remonter d’autres graines !). Utilisez un râteau léger, une sarcleuse, ou un brûleur thermique. Le but est juste de les « gratter » ou les brûler en surface.
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Répétez l’opération ! Attendez encore 7-10 jours. D’autres adventices vont peut-être lever (celles qui étaient un peu plus profondes). Détruisez-les à nouveau superficiellement. Vous pouvez faire 2 à 5 passages comme ça.
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Semez enfin vos betteraves ! Juste après le dernier passage de nettoyage, semez vos betteraves dans ce sol « propre » en ne travaillant que la ligne de semis, très peu profondément.
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Calendrier optimal : Commencez les faux semis dès que possible au printemps (mars-avril) pour un semis de betteraves en mai.
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Avantages : Vous aurez éliminé une grande partie du stock de graines d’adventices présentes en surface. Vos betteraves auront beaucoup moins de concurrence au démarrage, et le désherbage manuel sera grandement facilité par la suite ! C’est un peu de travail en amont, mais un gain de temps énorme après !
Techniques de semis et plantation : Donner le meilleur départ !
Le sol est prêt, il est temps de mettre nos graines en terre ! Comment faire pour que la germination se passe bien et que les plants s’installent correctement ?
1. Choisir entre semis direct et repiquage : Pour ou contre ?
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Semis direct : C’est la méthode la plus courante et généralement recommandée pour la betterave. On sème les graines directement à leur emplacement définitif dans le jardin.
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Avantages : Évite le stress du repiquage pour la racine qui n’aime pas trop être dérangée. Plus simple et rapide au moment du semis.
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Inconvénients : Les jeunes plantules sont plus exposées aux aléas climatiques et aux ravageurs (limaces, oiseaux…) au début. Demande un désherbage plus attentif au démarrage.
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Repiquage : On sème d’abord en pépinière (terrine, godets) à l’abri, puis on repique les jeunes plants au jardin quand ils sont assez forts.
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Avantages : Permet de démarrer les cultures plus tôt (semis sous abri chauffé). Protège les jeunes semis. Permet de sélectionner les plus beaux plants.
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Inconvénients : Le repiquage peut perturber la racine pivotante et augmenter le risque d’avoir des racines fourchues ou déformées si ce n’est pas fait très soigneusement et très jeune. Demande plus de travail (semis + repiquage).
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Conseils :
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Pour les jardiniers débutants, le semis direct est souvent plus simple à gérer si les conditions sont bonnes.
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Le repiquage peut être intéressant pour les semis très précoces (mars) faits à l’intérieur pour gagner du temps, ou si vous avez beaucoup de problèmes de limaces. Repiquez les plants très jeunes (stade 2-4 feuilles max) en faisant très attention à ne pas abîmer la racine.
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2. Calendrier détaillé des semis : Quand mettre les graines en terre ? ️
Le moment du semis dépend de quand vous voulez récolter et de votre climat.
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Semis précoces (pour récolte d’été) :
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Sous abri (tunnel, châssis froid) : Dès Mars dans les régions douces, Avril ailleurs.
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Sur couche chaude (ancien système avec fumier qui chauffe) : Possible dès Février-Mars pour les plus motivés !
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Semis de pleine saison (récolte automne/début hiver) : C’est la période principale !
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Directement en pleine terre : De fin Avril/début Mai (quand le sol est réchauffé à 8-10°C) jusqu’à fin Juin, voire début Juillet pour les variétés tardives ou pour une récolte de petites betteraves.
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Derniers semis possibles : Généralement mi-juillet maximum, pour avoir une récolte avant les gros froids (sauf variétés très précoces).
3. Méthodes de semis optimisées : Comment semer comme un pro !
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Préparation de la ligne de semis : Tirez un cordeau pour faire des lignes bien droites. Ouvrez un petit sillon (une tranchée peu profonde) de 1 à 2 cm de profondeur maximum. La betterave n’aime pas être semée trop profondément.
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Semis en poquets ou en ligne ?
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Semis en poquets : C’est pratique car ça facilite l’éclaircissage. Déposez 3 ou 4 graines ensemble dans le sillon tous les 15 à 20 cm. Vous ne garderez ensuite que le plus beau plant de chaque « poquet ».
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Semis en ligne continue : Semez les graines le long du sillon en essayant d’être le plus régulier possible (environ une graine tous les 2-3 cm). L’éclaircissage sera un peu plus long.
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Semis en ligne simple, double ou triple ? Pour optimiser l’espace sur une planche de culture, vous pouvez faire :
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Ligne simple : Classique.
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Ligne double : Deux lignes rapprochées (15-20 cm) puis un passage plus large (40-50 cm).
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Ligne triple : Trois lignes rapprochées puis un passage. Permet de densifier un peu la culture.
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Espacement entre les rangs : Laissez 30 cm (pour les variétés précoces ou si vous récoltez petit) à 50 cm (pour les variétés plus grosses ou si vous voulez passer facilement pour biner) entre chaque ligne (ou groupe de lignes).
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Recouvrir et tasser : Recouvrez délicatement les graines avec de la terre fine (ou du terreau si votre terre est lourde). Tassez légèrement avec le dos du râteau pour assurer un bon contact entre les graines et la terre humide.
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Arrosage : Arrosez en pluie très fine juste après le semis pour ne pas déplacer les graines. Maintenez le sol humide jusqu’à la levée (qui prend 1 à 3 semaines selon la température).
4. Densité de semis selon les objectifs : Combien de plants au mètre carré ?
C’est une notion plus professionnelle, mais intéressante à comprendre. La densité (le nombre de plantes par surface) influence la taille des betteraves.
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Pour culture précoce / petites betteraves : On peut serrer un peu plus, viser environ 15-20 plants par mètre carré. (Équivalent pro : 400 000 à 600 000 plantes/hectare).
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Pour culture tardive / grosses betteraves de conservation : On espace un peu plus pour qu’elles aient la place de grossir. Viser 10-15 plants par mètre carré. (Équivalent pro : 500 000 à 700 000 plantes/hectare).
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Adaptation au jardin familial : En général, respecter l’espacement final de 10-15 cm sur le rang et 30-50 cm entre les rangs donne de bons résultats pour une récolte familiale variée.
5. Le cas particulier des graines polygermes : Plusieurs bébés pour une graine !
C’est LA particularité de la betterave (et de la blette) qui surprend souvent le débutant !
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Explication : Ce qu’on appelle la « graine » de betterave est en fait un glomérule, c’est-à-dire un petit amas de plusieurs graines (2 à 5 en général) soudées ensemble dans une enveloppe liégeuse. C’est un reste de son histoire botanique sauvage.
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Implication pour l’éclaircissage : Quand vous semez un glomérule, ce n’est pas une seule plantule qui va lever, mais plusieurs petites plantules très serrées au même endroit ! C’est pourquoi l’éclaircissage (voir chapitre suivant) est absolument obligatoire pour la betterave, même si vous avez semé très clair. Il faut séparer ces « jumeaux » (ou triplés, quadruplés…) pour ne laisser qu’un seul plant se développer à chaque emplacement.
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Solutions modernes : Pour faciliter le travail des agriculteurs (et des jardiniers !), les semenciers ont développé des graines dites « monogermes ». Ce sont soit des variétés sélectionnées pour ne produire qu’une seule graine par glomérule, soit des glomérules qui ont été « polis » ou éclatés mécaniquement pour séparer les graines. Si vous achetez des graines monogermes (c’est souvent indiqué sur le sachet), vous n’aurez qu’une seule plantule par graine semée, ce qui simplifie grandement (voire élimine) l’éclaircissage ! Très pratique !
Entretien et soins quotidiens : Chouchouter vos betteraves !
Les graines sont semées, les jeunes plants lèvent… mais ce n’est pas fini ! Pour avoir de belles racines, il faut encore quelques soins réguliers.
1. Éclaircissage des semis : Faire de la place pour grandir !
C’est l’étape cruciale et obligatoire, surtout si vous avez utilisé des graines classiques (polygermes). Il faut donner de l’espace à chaque future betterave.
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Moment optimal : Attendez que les jeunes plants aient développé 4 ou 5 vraies feuilles (en plus des 2 cotylédons). Ils sont alors assez solides pour être manipulés et vous pouvez bien distinguer les plus vigoureux. N’attendez pas trop longtemps, sinon les racines commencent déjà à se gêner.
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Technique d’éclaircissage :
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Choisissez un jour où la terre est humide (après une pluie ou un arrosage), ce sera plus facile d’arracher les plants en trop sans déranger ceux qui restent.
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À chaque endroit où plusieurs plantules ont levé (soit dans un poquet, soit très proches en ligne), sélectionnez le plant qui vous semble le plus beau, le plus droit et le plus vigoureux.
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Arrachez délicatement tous les autres plants autour de celui que vous avez choisi. Tenez bien le sol avec une main près du plant que vous gardez pour ne pas le déchausser.
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Astuce gourmande : Ne jetez pas les petites plantules arrachées ! Si elles sont assez grandes, vous pouvez repiquer les plus belles (avec précaution, voir section 4.1) pour combler des trous ailleurs, ou bien les manger en jeunes pousses dans une salade. C’est tendre et délicieux !
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Distance finale entre plants : Après éclaircissage, vous devez avoir un seul plant tous les 10 à 15 cm sur la ligne. Respectez bien cet espacement pour que chaque betterave ait la place de grossir correctement.
2. Irrigation raisonnée : Boire, mais sans se noyer !
La betterave aime un sol frais, mais déteste les excès d’eau. L’arrosage doit être bien géré.
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Besoins hydriques : Les besoins en eau sont surtout importants :
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Après le semis, pour assurer une bonne germination.
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Pendant la phase de grossissement de la racine. Un manque d’eau à ce moment-là peut donner des racines petites, fibreuses et dures.
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Risques liés à l’arrosage :
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Manque d’eau : Croissance ralentie, racines dures, risque de montée à graines.
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Excès d’eau : Favorise les maladies (mildiou, taches foliaires), risque de pourriture des racines, peut faire éclater les racines si l’arrosage est brutal après une période sèche.
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Irrégularité : Alternance de sec et d’humide peut aussi provoquer l’éclatement des racines ou des zones liégeuses à l’intérieur.
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Techniques d’irrigation économes :
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Arrosez au pied, sans mouiller le feuillage.
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Privilégiez un arrosage copieux et profond moins souvent (quand le sol est sec sur quelques cm) plutôt qu’un petit peu tous les jours.
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Le goutte-à-goutte est idéal pour apporter l’eau lentement et régulièrement aux racines.
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Le paillage est votre meilleur allié pour conserver l’humidité du sol et espacer les arrosages (voir section 6.2).
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3. Désherbage et contrôle des adventices : Une concurrence limitée !
Les jeunes betteraves n’aiment pas la concurrence des mauvaises herbes.
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Méthodes manuelles : Le binage (casser la croûte superficielle du sol) et le sarclage (couper les herbes au ras du sol) sont efficaces quand les adventices sont encore petites. Faites-le régulièrement, surtout au début. Attention à ne pas blesser les racines des betteraves en binant trop près ou trop profond.
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Solutions mécaniques : Pour les grandes surfaces, des outils comme la houe maraîchère ou des bineuses spécifiques existent.
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Techniques préventives :
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Le faux semis (Chapitre 3.3) réduit considérablement le problème au départ.
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Le paillage organique (Chapitre 6.2) une fois les plants bien développés est très efficace pour étouffer les nouvelles levées d’adventices.
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4. Fertilisation en cours de culture : Un petit coup de pouce si besoin
Si vous avez bien préparé votre sol avec du compost à la plantation, la betterave n’a généralement pas besoin d’énormément d’engrais en cours de culture. Mais un petit apport peut être utile.
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Besoins spécifiques : Elle apprécie un bon équilibre. Trop d’azote (N) favoriserait les feuilles au détriment de la racine. Le Phosphore (P) est important pour le développement racinaire au début. Le Potassium (K) est essentiel pour le stockage du sucre dans la racine et sa bonne conservation.
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Symptômes de carences : Jaunissement des feuilles (azote ? magnésium ?), croissance lente… (voir aussi Chapitre 3.2 pour le Bore).
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Quand et quoi apporter ? Si vos betteraves semblent peiner un peu, surtout à mi-croissance (quand la racine commence à bien grossir), vous pouvez faire un apport léger :
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Un peu de compost très mûr en surface.
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Un arrosage avec du purin de consoude dilué (riche en potasse).
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Un engrais organique « spécial légumes racines » bio du commerce, en suivant bien les doses.
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Évitez les engrais très riches en azote à ce stade.
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En général, un sol bien préparé au départ suffit pour une culture familiale.
Techniques avancées pour optimiser la culture : Pour aller plus loin !
Envie de peaufiner votre technique et d’améliorer encore vos récoltes ? Voici quelques astuces supplémentaires.
1. Buttage des betteraves : Soutenir et protéger !
Comme pour les pommes de terre ou les haricots, butter les betteraves peut être bénéfique.
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Quand et comment ? Quand les plants sont bien développés (environ 15-20 cm de haut) et que la racine commence à pointer le bout de son nez hors de terre, ramenez délicatement de la terre fine autour de la base de la plante et sur le « collet » de la racine qui dépasse. Formez une petite butte de quelques centimètres de haut.
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Avantages :
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Ça soutient mieux la plante.
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Ça protège la partie supérieure de la racine du soleil (qui peut la faire verdir ou la durcir un peu) et du gel léger.
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Ça peut limiter un peu les attaques de certains ravageurs au niveau du collet.
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Équipements : Au jardin, une simple binette ou un sarcloir suffit. En agriculture professionnelle, il existe des butteuses spécifiques.
2. Paillage des cultures : Garder les pieds au frais !
On en a déjà parlé, mais c’est tellement important !
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Types de paillage adaptés :
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Organique (le top !) : Paille, foin sec, tontes de gazon sèches (en couches fines et répétées pour éviter que ça ne pourrisse), feuilles mortes (à l’automne), BRF, paillettes de lin ou de chanvre… Ils nourrissent le sol en se décomposant.
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Plastique biodégradable : Utilisé parfois par les pros pour réchauffer le sol au printemps et contrôler les herbes, mais moins intéressant pour l’amélioration du sol.
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Épaisseur et moment : Appliquez une bonne couche ( 5 à 10 cm pour les paillis organiques) sur un sol propre et humide, une fois que les plants sont assez développés (après l’éclaircissage). Laissez un petit espace autour de la base des tiges.
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Bénéfices multiples : Maintien de l’humidité, régulation de la température du sol (plus frais en été, plus chaud en hiver), contrôle des adventices, amélioration de la structure du sol (avec paillis organique), protection contre l’érosion. C’est un indispensable du jardinage malin !
3. Culture des betteraves en agriculture biologique : Naturellement bon !
Cultiver ses betteraves en bio, c’est tout à fait possible et même recommandé !
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Spécificités : On n’utilise aucun pesticide, herbicide ou engrais chimique de synthèse. On mise tout sur la prévention, la santé du sol et les méthodes naturelles.
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Fertilisation naturelle : Uniquement avec du compost, du fumier composté, des engrais verts, des purins de plantes (ortie, consoude…), des engrais organiques certifiés bio (corne, sang séché, poudres de roches…).
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Gestion bio des ravageurs et maladies : On utilise les stratégies vues au Chapitre 7 : rotation longue, associations de plantes, filets anti-insectes, lutte manuelle, préparations naturelles (savon noir, purins…), favorisation des auxiliaires (coccinelles, oiseaux…). L’objectif est de maintenir un équilibre et de tolérer un petit peu de dégâts, pas d’éradiquer à tout prix.
Maladies, ravageurs et solutions : Identifier et agir !
Même si la betterave est assez robuste, elle peut rencontrer quelques ennemis. Savoir les reconnaître est le premier pas pour les gérer.
1. Principales maladies fongiques (champignons)
Ces maladies sont souvent favorisées par l’humidité.
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Cercosporiose (Cercospora beticola) :
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Symptômes : Petites taches rondes grisâtres avec un bord brun-rougeâtre sur les feuilles. En cas de forte attaque, les feuilles jaunissent et se dessèchent.
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Prévention : Rotation (le champignon survit dans les débris), aération (espacement), éviter l’excès d’azote.
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Traitement : Enlever les premières feuilles atteintes. La bouillie bordelaise (cuivre) peut avoir un effet préventif mais est peu curative et d’usage limité en bio.
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Oïdium (ou « Blanc ») :
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Symptômes : Poudre blanche qui apparaît sur les feuilles, comme si on avait saupoudré de la farine. Favorisé par temps chaud et humide, ou par des écarts de température jour/nuit.
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Prévention/Traitement : Bonne aération. Pulvérisation de lait écrémé dilué (1 pour 10) ou de soufre (autorisé en bio, mais attention aux températures élevées).
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Mildiou et Rouille : Peuvent aussi apparaître (taches jaunes dessus, feutrage blanc dessous pour mildiou ; pustules oranges/brunes pour rouille).
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Prévention/Lutte : Mêmes principes : aération, rotation, éviter de mouiller les feuilles, enlever les parties atteintes.
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2. La rhizomanie, fléau des cultures de betteraves (surtout sucrières)
C’est une maladie virale grave, surtout connue en culture de betterave sucrière, mais qui peut toucher la potagère.
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Cause : Un virus (BNYVV) transmis par un champignon du sol (Polymyxa betae).
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Symptômes : Les feuilles jaunissent, flétrissent aux heures chaudes. La racine principale reste petite, mais développe une profusion de petites racines secondaires (un « chignon » de racines). C’est le symptôme le plus caractéristique.
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Conditions favorables : Sols humides, chauds, mauvaise structure. Le champignon vecteur adore ça.
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Stratégies : Prévention avant tout !
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Rotation très longue (plus de 4 ans).
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Améliorer le drainage et la structure du sol.
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Choisir des variétés résistantes ! C’est la solution la plus efficace aujourd’hui. De nombreuses variétés modernes sont sélectionnées pour leur résistance à la rhizomanie (voir Chapitre 10).
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3. Insectes ravageurs : Les gourmands de la betterave !
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Altise de la betterave (Chaetocnema tibialis) : Petite puce noire qui fait des petits trous dans les feuilles des jeunes plants. (Lutte : voir Chapitre 4.3)
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Mouche de la betterave (Pegomya betae) : La larve (asticot) creuse des galeries sinueuses à l’intérieur des feuilles, créant des taches blanchâtres ou brunes.
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Lutte : Enlever les feuilles atteintes. Le filet anti-insectes en prévention. Rotation.
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Pucerons noirs de la fève : Peuvent coloniser les feuilles et les jeunes pousses. (Lutte : savon noir, coccinelles).
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Autres possibles : Silphes (coléoptères noirs qui rongent collet et feuilles), noctuelles (chenilles terricoles qui coupent les jeunes plants au collet), vers blancs (larves de hanneton qui mangent les racines)… mais souvent moins problématiques au jardin familial si l’équilibre est bon.
4. Méthodes de lutte intégrée : Combiner les astuces !
L’idée est de ne pas compter sur une seule solution miracle, mais de combiner plusieurs approches :
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Prévention : Rotation, pH du sol, drainage, variétés résistantes, associations de plantes, filets… (voir Chapitre 4.2 et 7.2)
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Traitements naturels (si besoin) : Savon noir, purins (ortie, prêle, fougère…), décoctions d’ail, bouillie bordelaise (avec parcimonie)…
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Favoriser les auxiliaires : Les oiseaux mangent les chenilles, les hérissons adorent les limaces, les coccinelles dévorent les pucerons… Rendez votre jardin accueillant pour eux !
Associations culturales et permaculture : Le bon voisinage !
La betterave n’aime pas vivre seule ! Bien l’entourer peut l’aider à mieux pousser et à être moins attaquée.
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Cultures compagnes bénéfiques : Qui aime-t-elle avoir comme voisins ?
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Laitue : Association classique. Elles n’ont pas les mêmes besoins en profondeur et la laitue couvre le sol.
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Choux (tous types) : Bonne entente, besoins différents.
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Oignon, ail, échalote : Leur odeur forte peut perturber certains ravageurs de la betterave.
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Haricots nains : Apportent de l’azote au sol.
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Céleri-rave.
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Associations défavorables : Qui faut-il éviter de planter juste à côté ?
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Poireau : Mauvaise entente souvent constatée.
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Épinard et Blette : Même famille (Amaranthaceae), donc mêmes risques de maladies et ravageurs. À éviter côte à côte et dans la rotation rapprochée.
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Fenouil : Réputé pour inhiber la croissance de beaucoup de légumes.
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Techniques de permaculture appliquées : La betterave s’intègre bien dans une approche permaculturelle.
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Culture sur buttes : Idéal si votre sol est lourd ou humide. La terre est plus drainée, plus chaude, plus facile à travailler en profondeur.
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Culture en lasagnes : Superposition de couches de matières organiques (carton, tonte, feuilles, compost…) qui se décomposent pour créer un sol riche et meuble. Parfait pour la betterave !
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Intégration en polyculture : Mélanger les légumes ! Planter des betteraves entre les rangs de choux, avec des salades qui seront récoltées avant que les betteraves ne prennent toute la place… Créer de la diversité !
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Récolte et conservation : Le fruit (ou la racine !) de vos efforts !
Ça y est, vos betteraves sont belles ! Quand et comment les sortir de terre et les garder pour l’hiver ?
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Reconnaître le bon moment pour la récolte :
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Indicateurs visibles : La taille de la racine dépend de la variété et de ce que vous voulez faire. On peut les récolter jeunes et tendres (taille d’une balle de golf ou de tennis) pour une consommation rapide, ou les laisser grossir pour la conservation. Le haut de la racine commence souvent à dépasser légèrement du sol. Fiez-vous à la taille désirée. Ne les laissez pas devenir énormes et ligneuses (dures).
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Calendrier :
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Variétés précoces : Environ 2-3 mois après le semis.
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Variétés de saison/tardives : 3 à 5 mois après le semis.
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La récolte principale pour la conservation se fait généralement en Octobre ou Novembre, avant les fortes gelées.
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Météo idéale : Récoltez par temps sec, la terre s’enlèvera plus facilement et les racines se conserveront mieux.
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Techniques de récolte :
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Manuelle : Le plus simple au jardin ! Utilisez une fourche-bêche (pas une bêche plate qui risque de couper les racines !). Enfoncez-la à côté de la betterave (pas trop près !) et soulevez délicatement pour déterrer la racine sans la blesser. Tirez ensuite sur les feuilles pour l’extraire complètement.
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Mécanisation : Pour les grandes surfaces, il existe des arracheuses spécifiques.
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Précautions : Essayez de ne pas blesser ou couper les racines pendant la récolte, car cela nuit à leur conservation.
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Préparation post-récolte :
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Enlever la terre : Secouez doucement la racine pour faire tomber le plus gros de la terre. Vous pouvez brosser légèrement si besoin, mais ne les lavez surtout pas si vous voulez les conserver ! L’humidité favorise la pourriture.
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Couper les feuilles : Torsadez les feuilles à la main ou coupez-les avec un couteau à environ 1-2 cm au-dessus du collet (le haut de la racine). Ne coupez pas à ras, ni la petite racine fine du bas (la racine pivotante), car cela créerait des portes d’entrée pour les maladies pendant la conservation.
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Séchage/Ressuyage : Laissez les betteraves ainsi préparées sécher à l’air libre pendant quelques heures (ou un jour ou deux si le temps est sec et frais, à l’ombre) pour que les petites blessures éventuelles cicatrisent. C’est le « ressuyage ».
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Triage : Éliminez les racines blessées, malades ou trop petites, qui ne se conserveront pas bien (consommez-les rapidement !).
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Méthodes de conservation longue durée : Pour profiter de vos betteraves tout l’hiver !
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Conservation en silo : C’est la méthode traditionnelle, très efficace.
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Principe : Enterrer les betteraves dans du sable, de la tourbe sèche ou de la terre légère et meuble, dans un endroit frais, sombre et à l’abri du gel.
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Comment faire : Creusez une tranchée ou utilisez une grande caisse. Mettez une couche de sable/terre au fond. Disposez les betteraves sans qu’elles se touchent. Recouvrez de sable/terre. Faites plusieurs couches si besoin. Recouvrez le tout d’une bonne couche de paille et éventuellement d’une tôle ou d’une bâche pour protéger de la pluie.
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Conservation en cave ou cellier : Si vous avez une cave fraîche (entre 0°C et 5°C), sombre et légèrement humide, c’est idéal. Placez les betteraves dans des caisses remplies de sable légèrement humide ou de tourbe sèche, en les espaçant bien. Vérifiez de temps en temps qu’elles ne pourrissent pas.
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Durée potentielle de conservation : Bien conservées dans de bonnes conditions, les betteraves peuvent se garder 6 à 8 mois ! De quoi tenir tout l’hiver.
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Guide des variétés de betteraves : Mettez de la couleur au jardin !
Il y a tant de variétés de betteraves ! Voici quelques exemples pour vous aider à choisir.
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Variétés précoces : Idéales pour les premières récoltes d’été.
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Caractéristiques : Cycle court (environ 60-80 jours). Souvent rondes et de taille moyenne.
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Avantages : Rapides à récolter, parfaites pour une consommation fraîche.
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Inconvénients : Se conservent moins bien que les tardives.
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Exemple : ‘Rouge Noire d’Égypte‘ (plate, très précoce, bonne saveur), ‘Boltardy‘ (ronde, résistante à la montée à graines).
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Variétés rondes traditionnelles : Les plus classiques, bonnes pour tout faire.
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‘Detroit 2‘ (ou améliorations) : LA référence ! Ronde, rouge foncé, chair fine, très productive, bonne conservation. Un standard fiable.
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‘Alto F1‘ : Hybride productif, belle forme ronde, bonne résistance à certaines maladies.
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Variétés allongées (ou cylindriques) : Faciles à trancher !
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‘Crapaudine‘ : Très ancienne variété française ! Racine longue, conique, peau noire et rugueuse (d’où son nom !), chair rouge foncé très sucrée et parfumée. Réputée pour sa saveur exceptionnelle mais un peu plus difficile à éplucher. Se conserve très bien. Un trésor à redécouvrir ! ❤️
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‘Cylindra‘ (ou ‘Formanova’) : Racine longue et cylindrique, lisse, facile à peler et à couper en rondelles régulières. Bonne saveur, bonne conservation.
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Variétés colorées et originales : Pour surprendre vos convives !
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‘Chioggia‘ (ou ‘Tonda di Chioggia’) : Magnifique ! Ronde, peau rose, et à l’intérieur, des anneaux concentriques roses et blancs. Très décorative crue en fines tranches. Saveur douce et sucrée. Peut perdre un peu ses couleurs à la cuisson.
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‘Burpee’s Golden‘ (ou ‘Golden Detroit’) : Racine ronde d’un jaune orangé vif. Chair jaune, douce, moins terreuse que la rouge. Ne « saigne » pas à la cuisson !
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‘Albina Vereduna‘ (ou ‘Albino’) : Racine ronde et chair totalement blanche. Saveur très douce et sucrée. Parfaite pour ceux qui n’aiment pas le goût terreux de la betterave rouge.
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Variétés résistantes aux maladies : Un atout si vous avez des soucis au jardin.
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Recherchez des variétés avec une résistance mentionnée à la rhizomanie (ex: ‘Redval F1’, ‘Aurora F1’ – souvent des hybrides) si cette maladie est présente chez vous.
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Certaines peuvent avoir une meilleure tolérance au mildiou ou à la cercosporiose.
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Disponibilité des semences : On trouve facilement les variétés classiques (Detroit, Crapaudine, Égypte) en jardinerie. Pour les plus originales (Chioggia, Golden, Albina) ou les résistantes, il faut parfois chercher chez des semenciers spécialisés ou en ligne.
De la betterave à l’assiette : Savourez votre récolte !
Le moment gourmand ! Comment profiter au mieux de vos belles betteraves maison ?
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Récolte des jeunes feuilles : Ne les jetez pas ! Les jeunes feuilles tendres de betterave (celles que vous enlevez à l’éclaircissage, ou les jeunes feuilles des plants adultes) sont comestibles.
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Utilisation : Crues en mesclun (mélange de jeunes salades) ou cuites rapidement comme des épinards (sautées à la poêle, en quiche…).
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Valeur nutritionnelle : Elles sont riches en vitamines et minéraux, comme les feuilles de blette.
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Préparation culinaire des racines :
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Méthodes de cuisson optimales : Pour préserver au mieux les nutriments et la saveur :
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Cuisson à la vapeur : Entière avec la peau (environ 45 min à 1h selon la taille). La peau s’enlève ensuite très facilement.
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Cuisson au four en papillote : Enveloppez les betteraves entières (non pelées) dans du papier aluminium avec un filet d’huile d’olive et des herbes. Enfournez à 180°C pendant 1h à 1h30. La saveur est concentrée !
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Évitez la cuisson à l’eau si possible, car elle dilue le goût et les nutriments (surtout si vous les pelez avant).
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Préparations innovantes :
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Crue : Râpée finement en salade, ou coupée en très fines tranches (carpaccio) avec une vinaigrette à l’orange ou au balsamique. La Chioggia est superbe crue !
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En jus : Avec d’autres légumes ou fruits (carotte, pomme, gingembre…). Très énergisant !
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En chips : Coupées en fines tranches et cuites au four jusqu’à être croustillantes.
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Recettes classiques et modernes :
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La fameuse salade de betteraves vinaigrette.
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Le Bortsch (soupe d’Europe de l’Est).
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Le Houmous de betterave : Coloré et délicieux ! (Mixer betterave cuite + pois chiches + tahini + jus de citron + ail).
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En verrines avec du fromage de chèvre ou de la feta.
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Même en gâteau au chocolat (la betterave apporte un moelleux incroyable !).
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Laissez parler votre créativité !
Culture des betteraves : adaptations régionales
Le climat influence la façon de cultiver. Quelques pistes pour adapter :
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Culture en climat méditerranéen :
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Calendrier : Semis possibles plus tôt au printemps (février-mars) et plus tard à l’automne (septembre-octobre).
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Sécheresse estivale : La culture d’été est difficile. Privilégiez le printemps et l’automne. Paillez abondamment pour garder la fraîcheur. L’ombre légère peut aider. Irrigation indispensable.
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Variétés : Celles qui résistent un peu mieux à la chaleur ou les variétés précoces pour le printemps.
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Culture en zone montagneuse ou froide :
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Protection contre le gel : Semis et plantations plus tardifs au printemps (attendre que le sol soit bien réchauffé). Récolte avant les fortes gelées d’automne. Utilisation de voiles de forçage ou tunnels au début et à la fin.
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Variétés : Choisir des variétés précoces ou de mi-saison pour qu’elles aient le temps de mûrir.
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Calendrier décalé : Tout est retardé par rapport aux plaines.
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Culture en région océanique :
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Gestion de l’humidité : Le climat doux et humide peut favoriser les maladies fongiques (mildiou, cercosporiose). Aération maximale (bon espacement), drainage impeccable, arrosage au pied sont cruciaux.
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Limaces : Souvent très présentes. Protection des jeunes semis indispensable.
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Adaptez toujours les conseils généraux à votre microclimat local !
La production de semences : Devenez autonome !
Envie de produire vos propres graines de betterave (pour les variétés non hybrides) ? C’est possible, mais ça demande un peu d’organisation car c’est une bisannuelle.
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Sélection des porte-graines (Année 1) : Choisissez plusieurs (minimum 5-10 pour garder une bonne diversité génétique) de vos plus belles betteraves en fin de première saison : saines, bien formées, conformes à la variété. Récoltez-les soigneusement.
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Conservation hivernale : Conservez ces betteraves « mères » pendant l’hiver comme pour la consommation (cave, silo), en les protégeant bien du gel et du dessèchement.
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Remise en terre au printemps (Année 2) : Au début du printemps (mars-avril), replantez ces betteraves dans un coin du jardin. Elles vont utiliser leurs réserves pour…
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Floraison et pollinisation (Année 2) : … produire une grande tige florale (qui peut monter à 1m-1,50m !). Les fleurs, petites et verdâtres, sont pollinisées par le vent et les insectes.
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Risque de croisements ! Très important : la betterave se croise très facilement avec d’autres betteraves (potagères de variétés différentes, mais aussi blettes et betteraves sauvages) qui fleuriraient en même temps à proximité. Pour garder une variété pure, il faut l’isoler. Distance recommandée : au moins 500m à 1km des autres Beta vulgaris en fleur ! Difficile au jardin amateur… Une solution est de couvrir les tiges florales avec un sac en voile fin avant l’ouverture des fleurs (mais il faudra peut-être aider à la pollinisation manuellement). Ou alors, se mettre d’accord avec les voisins pour ne cultiver qu’une seule variété à la fois pour les graines.
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Récolte et conservation des semences (Fin d’été / Automne Année 2) : Laissez les tiges florales sécher sur pied. Récoltez les tiges quand les glomérules (les « graines ») sont secs et bruns. Faites-les finir de sécher à l’abri. Extrayez les glomérules en les frottant. Conservez-les au sec, au frais et à l’abri de la lumière dans une enveloppe étiquetée. Ils restent viables environ 4 à 6 ans.
C’est un processus sur 2 ans, mais passionnant pour préserver des variétés !
Culture professionnelle et perspectives (Juste un clin d’œil)
La culture de la betterave potagère (et surtout sucrière) est aussi une affaire de professionnels.
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Équipements spécialisés : Semoirs de précision (pour graines monogermes), bineuses mécaniques pour désherber entre les rangs, arracheuses qui récoltent les racines sur de grandes surfaces…
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Rentabilité : Dépend des rendements (qui varient selon le climat, le sol, la variété), des coûts de production (mécanisation, intrants…), et des débouchés (vente directe, transformation, industrie…).
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Innovations : Recherche constante de nouvelles variétés (plus résistantes aux maladies comme la rhizomanie, plus régulières, mieux adaptées au changement climatique…), développement de techniques culturales plus économes en eau ou en énergie (agriculture de précision avec GPS et capteurs…).
FAQ et problèmes courants :
Reprenons quelques questions fréquentes et soucis typiques.
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« Comment faire pour que mes betteraves rouges deviennent plus grosses ? »
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Assurez un sol profond et meuble. (Chapitre 3.1)
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Respectez l’espacement à l’éclaircissage (10-15 cm). (Chapitre 5.1)
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Arrosez régulièrement, surtout pendant le grossissement. (Chapitre 5.2)
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Assurez une fertilisation équilibrée (pas trop d’azote). (Chapitre 5.4)
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Choisissez une variété réputée pour faire de grosses racines (ex: Detroit). (Chapitre 10)
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« Faut-il couper les feuilles des betteraves pendant la croissance ? »
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NON, surtout pas ! Les feuilles sont l’usine de la plante, elles captent l’énergie du soleil pour faire grossir la racine. Enlever trop de feuilles va réduire la taille de votre récolte. On ne coupe les feuilles qu’au moment de la récolte finale. (Exception : récolter quelques jeunes feuilles tendres pour la salade ne pose pas de problème si la plante est vigoureuse).
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« Jusqu’à quand peut-on planter (semer) des betteraves ? »
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Généralement, les derniers semis se font fin juin ou début juillet pour une récolte d’automne avant les gros froids. (Voir Chapitre 4.2)
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« Mes betteraves sont dures et fibreuses, pourquoi ? »
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Souvent dû à un manque d’eau pendant la croissance. (Chapitre 5.2)
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Récolte trop tardive (racines trop vieilles). (Chapitre 9.1)
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Sol trop pauvre ou trop compact. (Chapitre 2.2 / 3.1)
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« Mes racines sont fourchues (elles se divisent en plusieurs pointes). »
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Sol pas assez profond ou trop compact (semelle de labour). (Chapitre 3.1)
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Présence de gros cailloux dans le sol. (Chapitre 2.2)
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Fumier pas assez décomposé à la plantation. (Chapitre 3.2)
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(Rarement) Blessure de la jeune racine lors d’un repiquage trop tardif. (Chapitre 4.1)
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« Mes betteraves sont montées en graines dès la première année ! »
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Stress dû au froid sur les jeunes plants (vernalisation). (Chapitre 2.1) => Ne pas semer/planter trop tôt.
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Stress dû à la chaleur ou à la sécheresse. (Chapitre 2.1 / 5.2) => Arroser, pailler, ombre légère si besoin.
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Variété sensible à la montée à graines.
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Ressources complémentaires : N’hésitez pas à consulter des livres de jardinage bio, des sites web spécialisés (Gerbeaud, Rustica…), des forums de jardiniers, ou à rejoindre des associations locales pour échanger des conseils et des graines !
À vous les belles betteraves maison !
Et voilà, vous avez maintenant toutes les clés pour réussir la culture des betteraves comme un chef ! Récapitulons les points essentiels pour une récolte abondante et savoureuse :
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Préparez votre sol en PROFONDEUR : C’est LE secret ! Un sol léger, riche, bien drainé et avec un bon pH (6,0-7,0).
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Respectez la ROTATION : Pas de betteraves au même endroit avant 3-4 ans.
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Semez au bon moment et ÉCLAIRCISSEZ sans pitié (ou utilisez des graines monogermes !).
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Arrosez RÉGULIÈREMENT mais sans excès, surtout quand la racine grossit.
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PAILLEZ pour garder l’humidité et limiter les herbes.
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Surveillez les maladies et ravageurs, et privilégiez la PRÉVENTION !
Les erreurs à éviter : un sol mal préparé, semer trop profond, oublier d’éclaircir, laisser le sol se dessécher complètement, ou replanter au même endroit trop souvent.
Calendrier simplifié :
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Mars-Avril : Préparation finale du sol, faux semis, premiers semis sous abri.
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Mai-Juin : Semis principaux en pleine terre, éclaircissage, début du paillage.
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Juillet-Août : Arrosage régulier, désherbage si besoin, surveillance. Derniers semis possibles début juillet.
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Septembre-Novembre : Récolte au fur et à mesure des besoins, récolte principale pour la conservation avant les fortes gelées.
Ne vous laissez pas intimider ! La betterave est une première culture très gratifiante pour les débutants. Commencez avec une variété facile comme la ‘Detroit 2’, suivez les étapes, et vous serez fier de vos premières racines maison. Ensuite, vous pourrez vous perfectionner, tester des variétés originales, essayer la conservation en silo… Le jardinage est un apprentissage continu !
Le plus important est de prendre plaisir à observer vos plantes grandir et de savourer le fruit de votre travail.
Alors, n’attendez plus ! Lancez-vous dans la culture des betteraves dès la prochaine saison ! Vous verrez, le goût d’une betterave fraîchement cueillie et cuisinée avec amour, ça n’a pas de prix.
Bon jardinage et excellentes récoltes ! ❤️
Planter des betteraves aujourd’hui :