Rhubarbe – Culture de la rhubarbe

Mes articles sont très complets donc longs ;) Cliquez ici pour aller directement à ce qui vous intéresse. ____ SOMMAIRE DE CETTE PAGE ____ >>>

Culture de la Rhubarbe : Le Guide Complet pour une Récolte Abondante

Vous rêvez de tartes à la rhubarbe maison, au goût acidulé incomparable ? La rhubarbe, cette plante généreuse et étonnamment facile à cultiver, est un véritable trésor pour tout jardinier, qu’il soit débutant ou expérimenté !

La rhubarbe est une plante vivace, c’est-à-dire qu’elle revient chaque année, encore plus belle et productive. Bien qu’utilisée comme un fruit en cuisine pour ses délicieuses tiges (appelées pétioles), elle est botaniquement considérée comme un légume. Sa culture est un jeu d’enfant une fois que l’on connaît ses quelques besoins.

Ce guide complet vous accompagnera pas à pas, du choix des plants à la récolte gourmande et à la conservation de vos précieuses tiges. Préparez-vous à devenir un expert de la culture de la rhubarbe !

Introduction à la Rhubarbe : Plus qu’un Simple Légume

A. Qu’est-ce que la rhubarbe (Rheum rhabarbarum) ?

1. Description botanique

La rhubarbe, de son nom scientifique Rheum rhabarbarum (ou Rheum x hybridum), est une plante herbacée vivace appartenant à la famille des Polygonacées. Elle se caractérise par un rhizome souterrain épais et charnu d’où partent de grandes feuilles triangulaires, portées par des pétioles longs, épais et charnus. Ce sont ces pétioles, souvent colorés de vert à rouge vif, qui sont la partie comestible de la plante. La rhubarbe forme une touffe imposante qui peut atteindre 1 à 1,5 mètre de hauteur et d’envergure. Son cycle de vie est simple : elle pousse au printemps, offre ses tiges, puis entre en repos végétatif en hiver pour mieux repartir la saison suivante.

2. Origines et histoire

La rhubarbe n’est pas originaire de nos contrées européennes ! Ses racines plongent loin en Asie, notamment en Sibérie, en Mongolie et dans les régions himalayennes. Elle y était cultivée depuis des millénaires, principalement pour ses propriétés médicinales (surtout ses racines). Ce n’est que bien plus tard, vers le 16ème siècle en Russie et le 18ème siècle en Europe de l’Ouest, notamment en Angleterre et en Allemagne, qu’elle a commencé à être appréciée pour ses qualités gustatives. Son introduction en France est plus tardive, au 19ème siècle. Aujourd’hui, elle est solidement ancrée dans nos traditions culinaires, surtout dans les régions du Nord et de l’Est.

3. Les parties de la plante : pétioles comestibles et feuilles toxiques

C’est un point crucial à connaître et à respecter : seules les tiges (pétioles) de la rhubarbe sont comestibles. Les grandes feuilles, ou limbes, sont TRÈS TOXIQUES. Elles contiennent une forte concentration d’acide oxalique et d’autres substances potentiellement dangereuses si ingérées. Il est donc impératif de toujours bien séparer les pétioles des feuilles avant toute utilisation et de ne jamais consommer ces dernières. Gardez cela à l’esprit, surtout si vous avez des enfants ou des animaux domestiques au jardin.

B. Pourquoi cultiver la rhubarbe dans son jardin ?

1. Les avantages : saveur unique, culture facile et pérenne, aspect ornemental

Cultiver la rhubarbe chez soi offre une multitude d’avantages. Tout d’abord, sa saveur acidulée unique est incomparable, parfaite pour des desserts qui sortent de l’ordinaire. Ensuite, c’est une plante d’une grande facilité de culture. Une fois bien installée, elle demande peu de soins et peut produire généreusement pendant 10, 15, voire 20 ans au même endroit ! C’est une véritable plante pérenne. Enfin, avec ses grandes feuilles luxuriantes et ses pétioles colorés, la rhubarbe apporte une touche ornementale indéniable à votre potager ou même à un massif de fleurs.

2. Valeur nutritionnelle et bienfaits (avec modération)

Les pétioles de rhubarbe sont peu caloriques et riches en eau. Ils contiennent des vitamines (notamment C et K), des minéraux (calcium, potassium, manganèse) et des fibres. Sa richesse en fibres favorise un bon transit intestinal. Elle possède également des antioxydants. Toutefois, à cause de sa teneur en acide oxalique (même dans les pétioles, mais en quantité bien moindre que dans les feuilles), il est conseillé de la consommer avec modération, surtout pour les personnes sensibles ou sujettes aux calculs rénaux.

C. Aperçu rapide du cycle de vie de la rhubarbe

Comprendre le cycle de vie de la rhubarbe vous aidera à mieux la cultiver. Au printemps, dès que les températures se réchauffent, les bourgeons sortent de terre et les premières feuilles se déploient. C’est la période de croissance active et de récolte des pétioles. En été, la croissance ralentit, surtout s’il fait chaud et sec. Parfois, la plante peut tenter de produire des hampes florales. À l’automne, le feuillage commence à jaunir et à se flétrir. La plante entre alors en dormance pour l’hiver, accumulant des réserves dans son rhizome pour le printemps suivant. Ce repos hivernal, avec une période de froid, est nécessaire à sa bonne productivité.

planter de la rhubarbe

Préparer la Plantation de la Rhubarbe : Les Clés du Succès

A. Choisir le bon emplacement

1. Exposition : soleil ou mi-ombre ? Adapter selon les régions de France

La rhubarbe est assez adaptable. Idéalement, elle apprécie une exposition en plein soleil dans les régions du nord de la France, où le soleil est moins brûlant. Dans les régions plus au sud, où les étés peuvent être très chauds et secs, une situation à la mi-ombre, surtout aux heures les plus chaudes de la journée, sera préférable pour éviter que les feuilles ne grillent et que la plante ne souffre de la chaleur. Elle a besoin de lumière pour bien se développer et pour que ses pétioles se colorent (pour les variétés rouges), mais un soleil trop ardent peut lui être néfaste.

2. Type de sol idéal : frais, profond, riche en humus, bien drainé, pH légèrement acide

Le sol est un facteur déterminant pour la réussite de votre culture de rhubarbe. Elle aime un sol :

  • Frais : qui retient bien l’humidité sans être détrempé.
  • Profond : car ses racines peuvent s’enfoncer loin.
  • Riche en humus : elle est gourmande en matière organique !
  • Bien drainé : l’eau stagnante est son ennemie numéro un, car elle peut faire pourrir les racines.
  • pH : idéalement légèrement acide à neutre (pH entre 5,5 et 7,0).

Si votre sol est lourd et argileux, améliorez son drainage. S’il est pauvre et sableux, enrichissez-le généreusement.

3. Espace nécessaire : prévoir son développement important (jusqu’à 1m² par plant)

Ne sous-estimez pas la taille que peut atteindre un pied de rhubarbe adulte ! Prévoyez un espace d’au moins 1 mètre en tous sens par plant, soit environ 1m². Elle a besoin de place pour étaler ses grandes feuilles et pour que l’air circule bien, ce qui limite les risques de maladies.

4. Les bons voisins au potager : plantes compagnes et celles à éviter

La rhubarbe est plutôt bonne voisine. Elle s’entend bien avec les fraisiers, les choux, les laitues, les épinards et les haricots. On dit aussi que son odeur peut repousser certains insectes comme la teigne du poireau. Évitez de la planter près de plantes qui craignent l’ombre qu’elle pourrait leur faire, ou qui ont des besoins en eau très différents. Les tournesols ou les topinambours, par leur grande taille, pourraient lui faire trop d’ombre.

B. Préparation du sol avant la plantation

1. Amendement du sol : apport de compost, fumier bien décomposé

La rhubarbe est une plante gourmande ! Avant la plantation, il est essentiel d’enrichir généreusement le sol. Incorporez une bonne quantité de compost mûr (plusieurs pelletées par trou de plantation) ou de fumier bien décomposé (attention, pas de fumier frais qui pourrait brûler les racines). Cet apport initial de matière organique nourrira la plante pendant longtemps et améliorera la structure du sol.

2. Travail du sol : décompactage en profondeur

Un sol bien meuble favorise le développement des racines. Travaillez le sol sur une profondeur d’au moins 30 à 40 cm, voire plus si possible, à l’emplacement de chaque futur plant. Éliminez les cailloux et les racines des mauvaises herbes. Un bon décompactage assure aussi un meilleur drainage.

C. Quand planter la rhubarbe ?

1. Meilleures périodes : automne (octobre-novembre) ou début du printemps (mars-avril)

Vous avez deux fenêtres principales pour planter votre rhubarbe :

  • À l’automne : d’octobre à novembre, après les premières pluies et avant les fortes gelées. La plante aura le temps de bien s’installer avant l’hiver et démarrera plus vite au printemps.
  • Au début du printemps : de mars à avril, dès que le sol est réchauffé et ne risque plus de geler en profondeur.

2. Avantages et inconvénients de chaque période

Planter à l’automne permet souvent une meilleure reprise et un démarrage plus vigoureux au printemps. La plante bénéficie des pluies automnales pour s’établir. L’inconvénient peut être un hiver très rude juste après la plantation, si la plante n’est pas encore bien enracinée.
Planter au printemps évite les risques de gel sur une jeune plantation, mais il faudra être plus vigilant sur l’arrosage si le printemps est sec. La reprise peut être un peu plus lente.

3. Éviter les périodes de gel ou de forte sécheresse pour la plantation

Il est crucial de ne pas planter pendant les périodes de gel intense, car cela pourrait endommager les jeunes plants ou les rhizomes. De même, évitez les périodes de forte chaleur et de sécheresse, qui stresseraient inutilement la plante et compromettraient sa reprise.

Techniques de Plantation de la Rhubarbe : Pas à Pas

A. Différentes méthodes pour démarrer sa culture

Il existe plusieurs façons d’obtenir des plants de rhubarbe pour votre jardin. Chacune a ses avantages.

1. Plantation de plants en godet (achetés en pépinière)

C’est la méthode la plus simple et la plus rapide pour obtenir une récolte. Vous achetez des jeunes plants déjà bien démarrés, en godet, chez un pépiniériste ou en jardinerie. Choisissez des plants vigoureux, avec quelques belles feuilles et sans signes de maladie. La reprise est généralement facile.

2. Plantation de rhizomes (éclats de souche)

Si vous avez un ami jardinier qui possède un beau pied de rhubarbe, il peut vous donner un « éclat de souche ». Il s’agit d’un morceau de rhizome comportant au moins un ou deux bourgeons (« yeux »). C’est une méthode économique et qui donne de bons résultats. Les plants issus de rhizomes sont identiques à la plante mère.

3. Semis de graines de rhubarbe : pour les plus patients (récolte après 2-4 ans)

Il est possible de semer des graines de rhubarbe, mais c’est une méthode plus longue et plus aléatoire. Il faudra attendre 2 à 4 ans avant la première vraie récolte. De plus, les plants issus de semis peuvent être assez hétérogènes, c’est-à-dire qu’ils ne seront pas forcément identiques à la variété dont proviennent les graines. C’est une option pour les jardiniers curieux et patients !

a. Semis en intérieur ou directement en pleine terre

Le semis peut se faire en intérieur, en terrine ou en godets, de février à avril, pour un repiquage ultérieur. On peut aussi semer directement en place au printemps, quand le sol est réchauffé, mais les jeunes plantules seront plus vulnérables.

b. Repiquage des jeunes plants

Lorsque les jeunes plants issus de semis ont quelques vraies feuilles et sont assez robustes, il faut les repiquer en godets individuels plus grands, ou directement en pleine terre à leur emplacement définitif, en respectant les distances de plantation.

B. Comment planter la rhubarbe en pleine terre

Que vous partiez d’un plant en godet ou d’un éclat de rhizome, la technique de plantation en pleine terre est similaire.

1. Espacement entre les plants (minimum 1 mètre)

Comme mentionné précédemment, laissez au moins 1 mètre, voire 1,20 mètre, entre chaque plant de rhubarbe. Cet espacement est crucial pour leur bon développement, la circulation de l’air et pour faciliter l’entretien et la récolte.

2. Profondeur de plantation : le bourgeon doit affleurer la surface du sol

Creusez un trou de plantation large et profond (environ 40-50 cm en tous sens), bien plus grand que la motte ou le rhizome. Amendez le fond avec du compost ou du fumier décomposé.
Pour un plant en godet : dépotez délicatement et placez la motte dans le trou de sorte que le haut de la motte soit au niveau du sol.
Pour un rhizome (éclat de souche) : positionnez le rhizome de manière à ce que le ou les bourgeons principaux affleurent juste la surface du sol, ou soient recouverts de 2-3 cm de terre fine au maximum. Un enterrement trop profond pourrait faire pourrir le collet ou retarder la croissance.
Rebouchez le trou avec la terre amendée, tassez légèrement autour du pied.

3. Arrosage initial après la plantation

Après la plantation, arrosez copieusement pour bien mettre la terre en contact avec les racines et éliminer les poches d’air. Un bon arrosoir (environ 10 litres) par plant est une bonne mesure.

C. Est-il possible de cultiver la rhubarbe en pot ?

1. Contraintes et exigences (grand pot, drainage, arrosage fréquent)

Oui, il est possible de cultiver la rhubarbe en pot, mais ce n’est pas l’idéal pour cette plante qui aime avoir de l’espace pour ses racines. Si vous optez pour cette solution, choisissez un très grand pot (minimum 50 cm de diamètre et de profondeur, voire plus). Le drainage est encore plus crucial en pot : assurez-vous que le pot ait de bons trous d’évacuation et mettez une couche de billes d’argile ou de gravier au fond. L’arrosage devra être très régulier et suivi, car le substrat en pot sèche beaucoup plus vite qu’en pleine terre. La fertilisation devra aussi être plus fréquente.

2. Variétés plus adaptées à la culture en pot

Certaines variétés de rhubarbe, un peu moins vigoureuses ou plus compactes, pourraient être légèrement mieux adaptées à la culture en pot. Renseignez-vous auprès de votre pépiniériste. Cependant, ne vous attendez pas à des récoltes aussi abondantes qu’en pleine terre.

L’Entretien de la Rhubarbe au Fil des Saisons

Une fois plantée, la rhubarbe est une plante plutôt facile à vivre, mais quelques gestes d’entretien réguliers garantiront sa vigueur et sa productivité pour de nombreuses années.

A. Arrosage : besoins en eau et fréquence

1. Importance de l’arrosage, surtout par temps sec et chaud

La rhubarbe a de grandes feuilles qui évaporent beaucoup d’eau. Elle a donc besoin d’un sol qui reste frais, surtout pendant sa période de croissance active (printemps et début d’été) et par temps sec et chaud. Un manque d’eau peut entraîner des pétioles plus fins, une croissance ralentie et un flétrissement des feuilles.

2. Signes d’un manque ou d’un excès d’eau

Signes de manque d’eau : les feuilles deviennent molles, pendent, et les bords peuvent jaunir ou brunir. La croissance des pétioles est faible.
Signes d’excès d’eau (ou mauvais drainage) : les feuilles peuvent jaunir de manière uniforme, la base des pétioles peut commencer à pourrir, et la plante peut sembler faible. Un sol constamment détrempé favorise la pourriture des racines.

3. Techniques d’arrosage (au pied, éviter les feuilles)

Arrosez toujours au pied de la plante, en profondeur, pour encourager les racines à se développer vers le bas. Évitez de mouiller abondamment le feuillage, surtout en fin de journée, car cela pourrait favoriser l’apparition de maladies fongiques. La fréquence dépendra de la météo et de votre type de sol. En été, un ou deux arrosages copieux par semaine peuvent être nécessaires si la pluie se fait rare.

B. Paillage : pourquoi et comment pailler les pieds de rhubarbe ?

1. Avantages : conservation de l’humidité, limitation des mauvaises herbes, protection hivernale

Le paillage est un allié précieux pour la culture de la rhubarbe. Il offre de multiples avantages :

  • Conserve l’humidité du sol : en limitant l’évaporation, il réduit les besoins en arrosage.
  • Limite les mauvaises herbes : une bonne couche de paillis empêche les adventices de germer et de concurrencer votre rhubarbe.
  • Protège le sol : contre le tassement dû à la pluie et contre les extrêmes de température.
  • Nourrit le sol : en se décomposant, les paillis organiques enrichissent le sol en humus.
  • Protection hivernale : un paillis épais peut protéger la souche du froid intense dans les régions les plus rudes.

2. Matériaux de paillage recommandés (compost, feuilles mortes, paille, BRF)

Vous pouvez utiliser divers matériaux organiques pour pailler votre rhubarbe :

  • Compost à demi-mûr ou feuilles mortes : excellents pour nourrir le sol en même temps.
  • Paille ou foin : très efficaces pour conserver l’humidité et limiter les herbes.
  • BRF (Bois Raméal Fragmenté) : un excellent amendement à long terme, mais à appliquer sur un sol déjà réchauffé.
  • Tontes de gazon séchées : en fines couches successives pour éviter la fermentation.

Appliquez une couche de 5 à 10 cm de paillis autour du pied, en laissant un petit espace libre juste autour du collet pour éviter les risques de pourriture.

C. Fertilisation : nourrir la rhubarbe pour une bonne production

1. Besoins nutritionnels (plante gourmande)

La rhubarbe est une plante gourmande, surtout en azote et en potasse, pour produire ses grandes feuilles et ses tiges charnues. Un apport régulier de matière organique est donc nécessaire pour maintenir une bonne productivité au fil des ans.

2. Quand et avec quoi fertiliser ? (compost, engrais organique)

Le meilleur moment pour fertiliser est :

  • À la fin de l’hiver ou au tout début du printemps (février-mars) : avant le démarrage de la végétation. Apportez une bonne couche de compost mûr (2-3 cm) ou de fumier bien décomposé en surface tout autour du pied. Griffez légèrement pour l’incorporer.
  • Après la dernière récolte (début d’été) : un petit apport de compost peut aider la plante à reconstituer ses réserves.

Vous pouvez aussi utiliser des engrais organiques spécifiques pour légumes-fruits, en respectant les doses indiquées. Le purin d’ortie dilué, au printemps, peut donner un bon coup de fouet.

D. Désherbage et binage réguliers

Même avec un paillage, quelques mauvaises herbes peuvent apparaître. Il est important de les éliminer régulièrement, surtout quand la plante est jeune, pour éviter la concurrence pour l’eau et les nutriments. Un binage léger en surface (attention aux racines superficielles) permet d’aérer le sol et de casser la croûte qui peut se former, favorisant la pénétration de l’eau.

E. Suppression des hampes florales (« montée en graines »)

1. Pourquoi les couper ? Pour ne pas épuiser la plante et favoriser la production de pétioles

Au cours du printemps ou de l’été (surtout si la plante a subi un stress ou si elle est âgée), votre rhubarbe peut développer une ou plusieurs grosses tiges dressées portant des bourgeons floraux, puis de grandes inflorescences blanchâtres ou rosées. C’est ce qu’on appelle la « montée en graines ». Si vous cultivez la rhubarbe pour ses pétioles, il est impératif de supprimer ces hampes florales dès leur apparition. En effet, la floraison et la production de graines demandent énormément d’énergie à la plante, au détriment de la production de nouvelles feuilles (et donc de pétioles). Laisser la plante fleurir l’épuisera inutilement et réduira votre récolte.

2. Quand et comment intervenir ?

Surveillez attentivement vos pieds de rhubarbe. Dès que vous voyez une tige florale se former (elle est généralement plus ronde, plus épaisse et dressée que les pétioles), coupez-la le plus bas possible, à sa base, avec un couteau propre et bien aiguisé. Plus vous intervenez tôt, moins la plante aura dépensé d’énergie.

F. Hivernage de la rhubarbe

1. Rusticité de la plante (résiste jusqu’à -20°C et plus)

La rhubarbe est une plante très rustique ! Elle peut supporter des températures hivernales très basses, souvent jusqu’à -20°C, voire -25°C, sans aucun problème, surtout si son rhizome est bien établi et protégé par la neige ou un paillis. Le froid hivernal est même nécessaire à son cycle végétatif.

2. Faut-il protéger la rhubarbe en hiver ? Conseils pour les régions très froides (paillage épais)

Dans la plupart des régions de France, aucune protection particulière n’est nécessaire. Cependant, dans les zones de montagne ou les régions où les hivers sont particulièrement rigoureux et sans couverture neigeuse protectrice, un paillage épais (15-20 cm de feuilles mortes, de paille ou de fougères sèches) appliqué sur la souche après les premières gelées peut offrir une protection supplémentaire, surtout pour les jeunes plants. Retirez ce paillis au début du printemps pour permettre au sol de se réchauffer.

3. Période de dormance

En automne, les feuilles de la rhubarbe jaunissent, se flétrissent et finissent par disparaître. C’est normal, la plante entre en dormance. Laissez les feuilles se décomposer sur place (sauf si elles sont malades), elles protègeront la souche et enrichiront le sol. Le rhizome, lui, est bien vivant sous terre, attendant le retour du printemps.

plantation rhubarbe

Multiplication de la Rhubarbe : Agrandir sa Culture

Après quelques années, vous voudrez peut-être multiplier vos pieds de rhubarbe pour agrandir votre production, en offrir à des amis, ou simplement rajeunir une vieille touffe. La méthode la plus simple et la plus efficace est la division de la souche.

A. Division de la souche (ou des touffes) : la méthode la plus simple et efficace

C’est la technique de multiplication végétative par excellence pour la rhubarbe. Elle permet d’obtenir de nouveaux plants identiques au pied mère et qui produiront rapidement.

1. Quand diviser ? Automne ou début du printemps, tous les 4-5 ans

Le meilleur moment pour diviser une touffe de rhubarbe est soit :

  • À l’automne (octobre-novembre) : après la chute des feuilles, lorsque la plante est entrée en dormance.
  • Au tout début du printemps (mars) : juste avant le démarrage de la végétation, lorsque les premiers bourgeons commencent à pointer.

Il est conseillé de diviser les pieds de rhubarbe tous les 4 à 5 ans, voire un peu plus si le pied est toujours très productif. Avec le temps, le centre de la touffe peut devenir moins productif et la division permet de la rajeunir.

2. Comment procéder étape par étape

Voici comment diviser votre pied de rhubarbe :

  1. Déterrez la souche : À l’aide d’une fourche-bêche solide, déterrez délicatement la totalité de la touffe. Creusez largement autour pour ne pas trop abîmer le rhizome.
  2. Nettoyez la souche : Secouez l’excès de terre pour bien voir la structure du rhizome et les bourgeons (appelés « yeux »).
  3. Divisez le rhizome : Avec une bêche bien aiguisée, un grand couteau solide ou même une petite hachette (pour les très grosses souches), tranchez le rhizome en plusieurs éclats. Chaque éclat doit comporter au moins un ou deux gros bourgeons bien visibles et une bonne portion de racines. Les éclats de la périphérie de la touffe sont souvent les plus vigoureux. Éliminez les parties centrales vieilles ou abîmées du rhizome.
  4. Préparez les éclats : Vous pouvez laisser sécher les éclats à l’air libre pendant quelques heures pour que les plaies de coupe cicatrisent un peu, ou les saupoudrer de cendre de bois (propriétés fongicides).
  5. Replantez immédiatement : Replantez les éclats sans tarder dans un sol bien préparé et amendé, en respectant les distances et la profondeur de plantation (bourgeons affleurant le sol). Arrosez bien.

3. Avantages : rajeunir le pied mère, obtenir de nouveaux plants

La division présente deux grands avantages :

  • Rajeunir le pied mère : En divisant une vieille touffe, vous stimulez sa vigueur et prolongez sa productivité.
  • Obtenir de nouveaux plants : C’est un moyen facile et gratuit d’augmenter le nombre de pieds de rhubarbe dans votre jardin ou d’en faire profiter votre entourage.

Récolte de la Rhubarbe : Savoir Quand et Comment Cueillir

La récolte des pétioles de rhubarbe est le moment tant attendu ! Mais pour assurer la pérennité de votre plante et la qualité de votre récolte, quelques règles sont à respecter.

A. Quand commencer à récolter ?

1. Attendre la deuxième ou troisième année après la plantation pour une récolte significative

Soyez patient ! Il est crucial de ne pas récolter de tiges la première année suivant la plantation (ou alors juste une ou deux pour goûter, si le plant est très vigoureux). La plante a besoin de toute son énergie pour bien s’établir et développer son système racinaire.
La deuxième année, vous pouvez effectuer une petite récolte si le pied est bien développé. C’est généralement à partir de la troisième année que vous pourrez profiter d’une récolte abondante et régulière.

2. Période de récolte : principalement d’avril/mai à juin/juillet, parfois une petite récolte en fin d’été/début d’automne

La principale période de récolte de la rhubarbe s’étend du printemps au début de l’été, généralement d’avril/mai à fin juin ou début juillet. C’est à ce moment que les tiges sont les plus tendres et savoureuses. Il est traditionnellement conseillé d’arrêter la récolte autour du 24 juin (Saint-Jean) pour permettre à la plante de reconstituer ses réserves pour l’année suivante. Cependant, si votre pied est très vigoureux, vous pourrez prolonger un peu. Certaines variétés peuvent offrir une petite remontée de production en fin d’été ou début d’automne, mais cette récolte doit rester modérée.

B. Comment récolter les tiges (pétioles) ?

1. Technique : tirer et tourner la tige à la base, ou couper proprement

La meilleure façon de récolter un pétiole de rhubarbe est de le saisir fermement à sa base, près du sol, puis de tirer doucement en le tournant légèrement sur le côté. La tige se détachera proprement de la souche, souvent avec une petite base un peu évasée. Cette méthode évite de laisser un morceau de tige qui pourrait pourrir. Si vous avez du mal, vous pouvez utiliser un couteau bien aiguisé pour couper la tige au plus près de la base, mais la torsion est souvent préférée.

2. Ne jamais prélever toutes les tiges d’un coup (laisser au moins 1/3 à 2/3 des tiges sur la plante)

C’est une règle d’or : ne récoltez jamais plus de la moitié, voire des deux tiers, des tiges présentes sur un pied en une seule fois. Laissez toujours au moins un tiers des feuilles en place. Ces feuilles restantes sont indispensables à la photosynthèse, qui permet à la plante de produire l’énergie nécessaire à sa survie et à la production de nouvelles tiges. Prélever trop de tiges affaiblirait considérablement le pied et réduirait les récoltes futures.

3. Choisir les tiges bien développées, fermes et colorées

Récoltez les pétioles lorsqu’ils sont bien développés, fermes au toucher, et pour les variétés colorées, lorsqu’ils ont pris une belle teinte. Les tiges trop jeunes seront fines et peu savoureuses, tandis que les tiges trop vieilles peuvent devenir fibreuses et plus acides.

C. Fréquence et durée de la récolte

Vous pouvez récolter les tiges au fur et à mesure de vos besoins, pendant toute la période de production. Sur un pied bien établi, vous pourrez faire plusieurs cueillettes espacées de quelques jours ou semaines. N’oubliez pas d’arrêter la récolte principale en début d’été pour laisser la plante se refaire une santé.

D. Que faire des feuilles après la récolte ? (Compost, purin – attention à la toxicité)

Une fois les pétioles récoltés, coupez immédiatement les grandes feuilles (le limbe). Rappel : ces feuilles sont toxiques et ne doivent jamais être consommées. Vous pouvez les ajouter à votre tas de compost, où l’acide oxalique se décomposera. Certains jardiniers en font aussi un purin de feuilles de rhubarbe, qui aurait des propriétés insecticides et fongicides, notamment contre les pucerons et la rouille. Pour cela, faites macérer environ 1 kg de feuilles dans 10 litres d’eau pendant quelques jours, filtrez et pulvérisez dilué (1/10ème).

Conservation et Utilisation de la Rhubarbe

Une fois récoltée, la rhubarbe fraîche ne se conserve pas très longtemps. Heureusement, il existe plusieurs façons de la préserver pour en profiter toute l’année.

A. Conservation des tiges fraîches

1. Au réfrigérateur (quelques jours)

Les tiges de rhubarbe fraîches, non lavées, peuvent se conserver quelques jours (jusqu’à une semaine environ) dans le bac à légumes de votre réfrigérateur. Vous pouvez les envelopper dans un linge humide ou un sac en plastique perforé pour maintenir leur fraîcheur.

2. Techniques pour prolonger la fraîcheur

Pour une conservation un peu plus longue, vous pouvez placer les tiges verticalement dans un fond d’eau, comme des fleurs, mais cela reste pour une consommation rapide.

B. Congélation de la rhubarbe ❄️

1. Préparation avant congélation (lavage, épluchage éventuel, tronçons)

La congélation est une excellente méthode pour conserver la rhubarbe. Voici comment procéder :

  1. Lavez soigneusement les tiges sous l’eau froide.
  2. Épluchez (ou non) : L’épluchage est facultatif. Les jeunes tiges tendres n’ont pas besoin d’être épluchées. Pour les tiges plus grosses ou plus fibreuses, vous pouvez retirer les filaments extérieurs avec un couteau économe, surtout si elles sont destinées à des compotes lisses.
  3. Coupez en tronçons : Détaillez les tiges en tronçons de 2-3 cm de longueur.
  4. Blanchir (facultatif) : Certains recommandent de blanchir les tronçons de rhubarbe 1 minute dans l’eau bouillante, puis de les plonger immédiatement dans l’eau glacée pour stopper la cuisson. Cela permettrait de mieux conserver leur couleur et leur texture. D’autres congèlent directement cru.
  5. Séchez et congelez : Séchez bien les tronçons avec un linge propre. Étalez-les sur une plaque sans qu’ils se touchent et placez-les au congélateur pendant quelques heures. Une fois durcis, transférez-les dans des sacs de congélation ou des boîtes hermétiques.

La rhubarbe ainsi préparée se conserve environ 8 à 12 mois au congélateur.

2. Utilisation de la rhubarbe congelée

Vous pouvez utiliser la rhubarbe congelée directement dans vos préparations (tartes, crumbles) sans décongélation préalable, ou la laisser décongeler légèrement pour les compotes. Elle rendra un peu plus d’eau que la rhubarbe fraîche.

C. Utilisations culinaires de la rhubarbe

La rhubarbe est incroyablement polyvalente en cuisine, bien que principalement utilisée dans des préparations sucrées.

1. En desserts : tartes, compotes, crumbles, confitures

C’est son domaine de prédilection ! Qui peut résister à une bonne tarte à la rhubarbe, une compote acidulée (seule ou avec des fraises, des pommes), un crumble croustillant, ou une délicieuse confiture maison ? Son acidité se marie à merveille avec le sucre et d’autres fruits.

2. En plats salés : chutneys, accompagnement de viandes ou poissons

Moins courant, mais tout aussi délicieux ! La rhubarbe peut être utilisée pour confectionner des chutneys aigre-doux qui accompagnent à merveille les viandes blanches, le porc, le canard ou les poissons gras comme le maquereau. Elle peut aussi être incorporée dans des sauces pour gibier.

3. Boissons : sirops, jus, vins de rhubarbe

On peut extraire le jus de rhubarbe pour faire des sirops rafraîchissants, des jus (souvent mélangés à d’autres fruits) et même des vins ou des liqueurs de rhubarbe.

D. Autres utilisations

1. Le purin de feuilles de rhubarbe : répulsif naturel contre certains parasites (pucerons)

Comme mentionné plus tôt, les feuilles de rhubarbe, bien que toxiques à l’ingestion, peuvent être transformées en purin. Ce purin, utilisé en pulvérisation, est réputé pour son action répulsive contre les pucerons et d’autres insectes, ainsi que pour prévenir certaines maladies fongiques. Attention toutefois, il est puissant, testez sur une petite surface avant une application généralisée.

2. Usages ornementaux de certaines variétés

Avec leurs grandes feuilles décoratives et leurs pétioles parfois vivement colorés, certaines variétés de rhubarbe peuvent tout à fait trouver leur place dans un massif ornemental, apportant volume et texture.

rhubarbe culture

Les Différentes Variétés de Rhubarbe : Choisir Selon ses Envies

Il existe de nombreuses variétés de rhubarbe, chacune avec ses particularités. Le choix dépendra de vos préférences en termes de couleur, de saveur, d’acidité, et de l’utilisation que vous souhaitez en faire.

A. Critères de choix : couleur des tiges (rouges, vertes, roses), acidité, productivité, précocité, résistance aux maladies

Voici quelques critères à considérer pour choisir votre variété :

  • Couleur des tiges : Elles peuvent être entièrement vertes, vertes teintées de rose, roses, ou rouge vif. Les variétés à tiges rouges sont souvent recherchées pour l’aspect esthétique en cuisine, mais la couleur n’est pas toujours gage de moins d’acidité.
  • Acidité : Certaines variétés sont naturellement moins acides que d’autres.
  • Productivité : La quantité de tiges produites par pied varie.
  • Précocité : Certaines variétés sont plus hâtives et produisent plus tôt au printemps.
  • Teneur en fibres : Certaines sont moins fibreuses.
  • Résistance aux maladies : Un critère important pour une culture sans souci.
  • Tendance à monter en graines : Certaines variétés sont moins promptes à fleurir.

B. Présentation de quelques variétés populaires et leurs caractéristiques

Voici une sélection non exhaustive de variétés couramment rencontrées :

  1. ‘Victoria’ : Une variété très ancienne, classique et fiable. Très productive, elle donne de gros pétioles verts lavés de rose-rouge à la base. Saveur acidulée prononcée. Robuste et rustique.
  2. ‘Frambozen Rood’ / ‘Framberry’ / ‘Framboise’ : Très appréciée pour ses pétioles d’un beau rouge framboise intense, à l’intérieur comme à l’extérieur. Saveur fruitée et relativement douce. Moins productive que ‘Victoria’ mais excellente qualité gustative.
  3. ‘Valentine’ : Offre des tiges d’un rouge vif et brillant, peu acides et tendres. Bonne saveur. Populaire en Amérique du Nord.
  4. ‘Goliath’ : Comme son nom l’indique, c’est une variété très vigoureuse et productive, donnant des pétioles très gros, longs et épais, de couleur verte.
  5. ‘Canada Red’ / ‘Macdonald’ / ‘McDonald’s Canadian Red’ : Variété aux tiges rouge foncé, sucrées et tendres, avec une bonne saveur. Peu fibreuse.
  6. ‘German Wine’ / ‘Vin d’Allemagne’ : Pétioles verts mouchetés de rouge, tendres et juteux. Goût acidulé agréable, bien équilibré. Bonne pour les tartes et compotes.
  7. Autres variétés intéressantes : ‘Red Champagne’ (tiges rouges, saveur douce), ‘Early Albert’ (précoce, tiges vertes et roses), ‘Sutton’s Seedless’ (tiges vertes et roses, peu acide, monte peu en graines), ‘Glaskins Perpetual’ (peut être récoltée plus longtemps, tiges vertes et rouges).

N’hésitez pas à demander conseil à votre pépiniériste local, il saura vous orienter vers les variétés les mieux adaptées à votre région et à vos attentes.

Problèmes Courants : Maladies, Ravageurs et Erreurs de Culture

Bien que la rhubarbe soit une plante robuste, elle peut parfois rencontrer quelques soucis. Connaître les problèmes potentiels permet de mieux les prévenir et les traiter.

A. Principales maladies de la rhubarbe

  1. Pourriture de la couronne ou des racines (Phytophthora, Pythium) : C’est le problème le plus grave. Elle est causée par un excès d’humidité persistant dans le sol (mauvais drainage, arrosages excessifs). Les feuilles jaunissent, flétrissent, et la base des pétioles ainsi que la couronne pourrissent.
    Prévention : Assurer un excellent drainage dès la plantation. Ne pas trop enterrer le collet. Éviter les sols lourds et compacts.
    Traitement : Difficile une fois installée. Améliorer le drainage, arracher et détruire les plants trop atteints. Ne pas replanter de rhubarbe au même endroit avant plusieurs années.
  2. Rouille (Puccinia phragmitis) : Se manifeste par de petites pustules orangeâtres ou brunâtres sous les feuilles, et des taches jaunes sur le dessus.
    Prévention : Bonne circulation de l’air (espacement suffisant), éviter de mouiller le feuillage.
    Traitement : Retirer et brûler les feuilles atteintes dès l’apparition des symptômes. Des traitements à base de soufre ou de décoction de prêle peuvent aider en cas de forte attaque.
  3. Ramulariose (taches foliaires, Ramularia rhei) : Provoque des taches anguleuses brun-rougeâtre avec un centre plus clair sur les feuilles. En cas de forte attaque, les feuilles peuvent se dessécher.
    Prévention : Similaire à la rouille. Ramasser et détruire les feuilles malades en fin de saison.
    Traitement : Couper les feuilles atteintes. La bouillie bordelaise peut être utilisée avec précaution en début de saison.

En général, une bonne hygiène au jardin (élimination des débris végétaux malades, outils désinfectés) et des conditions de culture optimales (sol, espacement) sont les meilleures préventions.

B. Ravageurs affectant la rhubarbe

  1. Limaces et escargots : Ils sont friands des jeunes pousses tendres au printemps et peuvent faire des dégâts sur les feuilles et les jeunes pétioles.
    Lutte écologique : Ramassage manuel (le soir ou après la pluie), pièges à bière, granulés de phosphate ferrique (autorisés en bio), barrières de cendres ou de coquilles d’œufs pilées.
  2. Pucerons : Peuvent coloniser les jeunes feuilles et les tiges, surtout au printemps. Ils affaiblissent la plante en se nourrissant de sa sève.
    Lutte écologique : Favoriser les auxiliaires (coccinelles, syrphes), pulvérisations de savon noir dilué, purin d’ortie ou de feuilles de rhubarbe.
  3. Perce-tige de la rhubarbe (ou tordeuse) : Une chenille qui creuse des galeries dans les pétioles et parfois dans la couronne. Rare mais peut causer des dégâts.
    Lutte : Couper et détruire les tiges atteintes. En cas de forte infestation, un insecticide biologique à base de Bacillus thuringiensis (Bt) peut être envisagé sur les jeunes chenilles.

C. Problèmes physiologiques et erreurs de culture

  1. Tiges fines et frêles : Plusieurs causes possibles : plante trop jeune (surtout la première année), manque de nutriments (sol pauvre, pas assez fertilisé), manque d’eau chronique, épuisement de la plante (récoltes excessives, floraison non supprimée), pied trop vieux nécessitant une division.
    Solution : Identifier la cause et y remédier (fertiliser, arroser, attendre la maturité, diviser le pied).
  2. Pétioles creux : Peut être lié à une croissance très rapide, à des déséquilibres nutritionnels (carence en bore parfois évoquée), ou à certaines variétés. Souvent, cela n’affecte pas la comestibilité.
  3. Montaison précoce (floraison rapide) : Peut être causée par un stress (sécheresse, chaleur soudaine), une plante mature, ou certaines variétés plus promptes à fleurir.
    Solution : Supprimer systématiquement les hampes florales dès leur apparition. Assurer des conditions de culture stables.
  4. Toxicité des feuilles : RAPPEL IMPORTANT ! Ce n’est pas un problème de culture, mais une caractéristique intrinsèque de la plante. Ne jamais consommer les limbes des feuilles. Veillez à bien les séparer des pétioles lors de la préparation.

Questions sur la Culture de la Rhubarbe

Voici les réponses aux questions les plus fréquemment posées par les jardiniers au sujet de la rhubarbe.

A. Faut-il éplucher la rhubarbe avant de la cuisiner ?

Ce n’est pas toujours nécessaire. Pour les jeunes tiges tendres et les variétés à peau fine (surtout les rouges que l’on veut garder colorées), un simple lavage suffit. Pour les tiges plus grosses, plus âgées, ou si vous constatez qu’elles sont très fibreuses, vous pouvez retirer les filaments extérieurs avec un couteau économe. C’est souvent une question de préférence personnelle et de la recette envisagée (pour une compote très lisse, on épluche plus volontiers).

B. Ma rhubarbe ne produit pas beaucoup, que faire ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer une faible production :

  • Plante trop jeune : Il faut attendre la 2ème ou 3ème année pour une bonne récolte.
  • Manque de nutriments : La rhubarbe est gourmande. Fertilisez avec du compost ou du fumier chaque année.
  • Manque d’eau : Surtout en période de croissance.
  • Sol inadapté : Trop pauvre, trop compact, mal drainé.
  • Pied trop vieux ou trop dense : Une division s’impose tous les 4-5 ans.
  • Floraison non supprimée : Si elle monte en graines, elle produit moins de tiges.
  • Récolte excessive l’année précédente : La plante s’est épuisée.

Analysez la situation et apportez les corrections nécessaires.

C. Peut-on forcer la rhubarbe pour une récolte plus précoce ?

Oui, il est possible de « forcer » la rhubarbe pour obtenir des tiges plus tôt au printemps (février-mars). Cela consiste à couvrir la souche en fin d’hiver (janvier-février) avec un grand pot opaque retourné, un seau, ou une cloche de forçage spécifique, en y ajoutant éventuellement du fumier frais autour pour la chaleur. L’obscurité et la chaleur douce encouragent la croissance de tiges pâles, tendres et moins acides. Cependant, cette technique fatigue la plante ; il ne faut pas forcer le même pied chaque année et le laisser ensuite se développer normalement.

D. Quelle est la durée de vie d’un pied de rhubarbe ?

Un pied de rhubarbe bien entretenu peut vivre et produire pendant 10 à 15 ans, voire 20 ans ou plus au même endroit. Des divisions régulières (tous les 4-5 ans) contribuent à maintenir sa vigueur et à prolonger sa productivité.

E. Les feuilles de rhubarbe sont-elles vraiment dangereuses pour le compost ?

Non, les feuilles de rhubarbe peuvent être compostées sans problème. L’acide oxalique qu’elles contiennent se décompose pendant le processus de compostage et ne rendra pas votre compost toxique ou inutilisable. Elles apportent de la matière organique comme les autres déchets verts. Évitez juste d’en mettre une quantité massive d’un coup si votre composteur est petit.

F. Comment savoir si ma rhubarbe est mûre pour la récolte ?

Les pétioles sont prêts à être récoltés quand ils sont bien développés, fermes, et que la feuille à leur extrémité est bien étalée et a pris sa taille adulte. La couleur (pour les variétés colorées) est aussi un indicateur. Ils doivent mesurer au moins 20-30 cm de long et avoir une bonne épaisseur (au moins 2 cm de diamètre). Ne récoltez pas les tiges trop fines ou celles dont la feuille est encore petite et enroulée.

G. Peut-on cultiver la rhubarbe en altitude ?

Oui, la rhubarbe se plaît très bien en altitude. Elle est originaire de régions montagneuses d’Asie et apprécie les hivers froids et les étés pas trop caniculaires. Le froid hivernal lui est même bénéfique pour sa dormance.

H. Ma rhubarbe a un goût trop acide, comment y remédier ?

L’acidité est caractéristique de la rhubarbe, mais elle peut varier :

  • Variété : Certaines sont naturellement moins acides (ex: ‘Valentine’, ‘Frambozen Rood’).
  • Stade de récolte : Les tiges plus jeunes sont souvent moins acides. Celles récoltées tard en saison peuvent l’être davantage.
  • Conditions de culture : Un stress hydrique ou une forte chaleur peuvent influencer l’acidité.
  • Cuisine : Associez-la à des fruits plus doux (fraise, pomme), utilisez du sucre, du miel, ou une pincée de bicarbonate de soude (avec modération) dans vos préparations pour neutraliser une partie de l’acidité. La cuisson la rend aussi moins acide.

I. Quelles sont les erreurs les plus courantes des jardiniers débutants avec la rhubarbe ?

  • Récolter trop tôt (la première année) ou trop de tiges à la fois.
  • Négliger la préparation du sol (manque de matière organique, mauvais drainage).
  • Planter trop serré.
  • Ne pas supprimer les hampes florales.
  • Sous-estimer ses besoins en eau pendant les périodes sèches.
  • Oublier de fertiliser annuellement une plante gourmande.

J. La rhubarbe a-t-elle besoin de beaucoup de soleil pour rougir ?

La couleur des pétioles est avant tout une caractéristique variétale. Une variété à tiges vertes restera verte même en plein soleil. Pour les variétés censées être rouges ou roses, une bonne exposition au soleil peut intensifier la coloration, mais la génétique de la plante est le facteur principal. Certaines variétés rouges le sont même à l’ombre partielle. L’important est qu’elle reçoive suffisamment de lumière pour une bonne photosynthèse.

La Rhubarbe, un Atout Indispensable au Jardin Gourmand

Vous voilà maintenant armé de toutes les connaissances nécessaires pour cultiver la rhubarbe avec succès ! Cette plante généreuse, une fois bien installée, vous offrira des récoltes savoureuses pendant de longues années avec un minimum d’efforts.

Pour une culture de rhubarbe réussie, retenez ces points clés :

  • Choisissez un emplacement ensoleillé ou mi-ombre avec un sol riche, profond et bien drainé.
  • Amendez généreusement le sol avant la plantation avec du compost ou du fumier.
  • Respectez les distances de plantation (au moins 1 mètre entre les plants).
  • Ne récoltez pas la première année, et modérément la deuxième.
  • Arrosez régulièrement, surtout par temps sec.
  • Paillez le pied pour conserver l’humidité et limiter les mauvaises herbes.
  • Fertilisez chaque année au début du printemps.
  • Supprimez impérativement les hampes florales.
  • N’oubliez jamais que seules les tiges (pétioles) sont comestibles ; les feuilles sont toxiques !
  • Divisez la touffe tous les 4-5 ans pour la rajeunir.

Alors, n’hésitez plus ! Lancez-vous dans la culture de la rhubarbe. C’est une aventure gratifiante qui apportera une touche d’originalité et de gourmandise à votre jardin et à votre table. À vous les délicieuses tartes, compotes et confitures maison ! Bon jardinage et bonnes dégustations !

Culture de la rhubarbe aujourd’hui (video):