Aubergine – Culture de l’aubergine

Préparez votre sécateur et votre bonne humeur, nous partons à la découverte passionnante de la culture de l’aubergine.

Voici votre guide complet, simple et pratique pour transformer ces magnifiques légumes-fruits violets (ou blancs, ou verts !) de simples graines en délices dans votre assiette. Prêt à devenir un pro de l’aubergine ? C’est parti !


La culture de l’aubergine, de A à Z pour une récolte réussie 

Vous rêvez de cueillir vos propres aubergines, brillantes et savoureuses, directement dans votre jardin ou même sur votre balcon ? Vous êtes au bon endroit ! Ce guide est conçu spécialement pour vous accompagner pas à pas.

L’aubergine, ce légume-fruit que l’on adore dans la ratatouille, la moussaka ou simplement grillé au barbecue, appartient à la grande famille des Solanacées, comme ses cousines la tomate et la pomme de terre. Mais attention, elle a ses petites exigences ! Originaire des régions chaudes d’Asie, l’aubergine est une véritable amoureuse du soleil et de la chaleur. Sans cela, point de salut, ou plutôt, point de récolte généreuse !

Alors, pourquoi se lancer dans la culture de l’aubergine ?

  1. Pour le goût inimitable : Soyons honnêtes, une aubergine fraîchement cueillie a une saveur incomparable.

  2. Pour ses bienfaits : Riche en fibres, vitamines et antioxydants, elle est une alliée santé.

  3. Pour la satisfaction du jardinier : Voir ses plants grandir, fleurir puis donner de beaux fruits… quel bonheur ! 

Ce guide va explorer tous les secrets pour réussir : du choix de la variété à la récolte, en passant par le semis, la plantation et l’entretien. Même si vous pensez ne pas avoir la main verte, suivez ces conseils et vous serez surpris du résultat !

Comprendre l’aubergine : une plante exigeante en chaleur

Avant de mettre les mains dans la terre, il est crucial de bien comprendre ce dont notre belle aubergine a besoin pour s’épanouir. C’est un peu comme apprendre à connaître un nouvel ami ! 

1. Ses besoins fondamentaux : soleil, chaleur et eau

L’aubergine ne plaisante pas avec la chaleur ! C’est son besoin numéro un.

  • Température idéale : Pour bien pousser, elle adore des températures comprises entre 22°C et 28°C le jour. La nuit, elle préfère que ça ne descende pas trop bas, idéalement au-dessus de 15-17°C.

  • Attention au froid ! : Le froid est son ennemi juré. En dessous de 12°C, sa croissance ralentit sérieusement, voire s’arrête. Le gel, même une petite gelée blanche, lui est fatal ! Il faut donc être très prudent au printemps.

  • Plein soleil indispensable : Oubliez les coins ombragés. L’aubergine a besoin d’un minimum de 6 à 8 heures de soleil direct par jour. Plus elle a de soleil, plus elle sera heureuse et productive. Cherchez l’endroit le plus ensoleillé de votre jardin ou de votre balcon ! ☀️

2. Le sol parfait pour l’aubergine

Comme une diva, l’aubergine aime avoir un « lit » confortable et nourrissant. Le sol idéal pour elle est :

  • Riche : Elle est gourmande et a besoin de beaucoup de nutriments.

  • Léger et meuble : Ses racines doivent pouvoir s’étendre facilement. Un sol trop compact l’étoufferait.

  • Profond : Pour un bon développement racinaire.

  • Bien drainé : Elle aime l’eau, mais déteste avoir les pieds qui trempent en permanence. L’eau doit pouvoir s’écouler pour éviter que les racines ne pourrissent.

L’importance de la matière organique : C’est le secret d’un sol parfait ! Avant de planter, incorporez généreusement du compost bien mûr ou du fumier décomposé (attendez quelques mois après l’apport de fumier frais avant de planter). Cela améliore la structure du sol (le rend plus léger), sa capacité à retenir l’eau et le nourrit durablement. Votre sol est argileux et lourd ? Le compost l’allégera. Il est sableux et pauvre ? Le compost l’enrichira et l’aidera à mieux garder l’eau.

Préparation du sol : Quelques semaines avant la plantation (ou à l’automne précédent), bêchez ou aérez le sol en profondeur (environ 30 cm). Enlevez les cailloux et les racines de mauvaises herbes. Puis, mélangez le compost ou le fumier à la terre. Un petit coup de griffe pour affiner la surface, et voilà un terrain prêt à accueillir vos futures stars ! ✨

3. Les différentes variétés d’aubergines à découvrir

Saviez-vous qu’il n’y a pas que la grosse aubergine violette foncée ? Le monde des aubergines est incroyablement diversifié !

  • Formes, couleurs et tailles : Il existe des aubergines longues et fines, des rondes comme des pommes, des ovales, des petites… Côté couleurs, on trouve du violet foncé presque noir, du violet strié de blanc, du blanc pur, du vert, et même du orange (à maturité pour les graines) ! Certaines sont énormes, d’autres sont de la taille d’un œuf. Quelle variété choisir, alors ?

  • Quelques variétés populaires :

    • ‘Barbentane’ : Très classique, longue, violet foncé, productive et assez précoce. Une valeur sûre.

    • ‘Black Beauty’ : Grosse aubergine presque noire, forme de massue, chair tendre. Très connue.

    • ‘Ronde de Valence’ : Comme son nom l’indique, elle est ronde et violette. Très bonne saveur.

    • Variétés blanches (ex: ‘Blanche Ronde à Oeuf’) : Souvent plus douces, moins amères. Originales !

    • Variétés longues asiatiques (ex: ‘Ping Tung Long’) : Fines, longues, souvent très tendres et cuisant rapidement.

    • Variétés précoces (ex: ‘Bonica’, ‘Ophelia’) : Idéales pour les régions où l’été est plus court. Elles produisent plus vite.

    • Variétés résistantes : Certaines sont sélectionnées pour mieux résister à certaines maladies (comme la verticilliose).

    • Variétés miniatures (ex: ‘Slim Jim’) : Parfaites pour la culture en pot !

  • Conseils pour choisir :

    • Votre climat : Si vous êtes dans une région fraîche avec un été court, privilégiez les variétés précoces. Dans le Sud, vous avez plus de choix !

    • Vos goûts : Préférez-vous les grosses aubergines pour les gratins, les longues pour les grillades, les blanches pour leur douceur ?

    • L’usage : Certaines sont meilleures frites, d’autres farcies…

    • L’espace disponible : Pour les pots, choisissez des variétés compactes ou miniatures.

N’hésitez pas à essayer une ou deux variétés différentes chaque année pour découvrir vos préférées ! C’est ça aussi, le plaisir du jardinage. 

Planter aubergine

Du semis à la plantation : Démarrer sa culture 

Maintenant que l’on connaît mieux notre amie l’aubergine, il est temps de passer à l’action ! Comment démarrer la culture ? Deux options principales s’offrent à vous : le semis ou l’achat de jeunes plants.

1. Le semis : Indispensable pour les climats frais

Si vous n’habitez pas dans le Sud où l’été est long et chaud, le semis à l’intérieur est quasiment obligatoire. Pourquoi ? Parce que l’aubergine a besoin d’une longue période de chaleur pour se développer et fructifier. En semant tôt à l’intérieur, on lui donne une longueur d’avance !

  • Quand semer ? La période idéale se situe entre février et avril, selon votre climat (voir le calendrier plus bas). Il faut semer environ 8 à 10 semaines avant la date prévue de plantation à l’extérieur (qui doit être après tout risque de gel). Le secret : au chaud ! La température idéale pour la germination est d’environ 20-25°C. Un radiateur à proximité ou une mini-serre chauffante peuvent être très utiles.

  • Matériel requis :

    • Des contenants : terrine (une caissette peu profonde), petits pots ou godets individuels, plaques alvéolées. Assurez-vous qu’ils aient des trous de drainage !

    • Du terreau spécial semis : léger, fin et drainant. Évitez la terre de jardin, trop compacte et pouvant contenir des maladies.

    • Un vaporisateur d’eau.

    • Éventuellement, une mini-serre ou un couvercle transparent (ou du film plastique) pour maintenir l’humidité et la chaleur.

  • Guide pas à pas du semis :

    1. Remplissez vos contenants de terreau sans le tasser excessivement. Arrosez légèrement pour l’humidifier.

    2. Semez les graines : Placez 2-3 graines par godet (ou espacez-les de quelques centimètres en terrine). Ne les enterrez pas trop profondément : environ 0,5 cm suffit. Recouvrez délicatement de terreau.

    3. Tassez très légèrement et vaporisez doucement pour bien humidifier.

    4. Placez vos semis à la chaleur (20-25°C). Couvrez avec un couvercle transparent ou du film plastique pour garder l’humidité.

    5. Soyez patient ! La germination peut prendre 1 à 3 semaines. Gardez le terreau toujours légèrement humide (mais pas détrempé).

  • L’importance de la lumière : Dès que les premières pousses apparaissent (les cotylédons), retirez le couvercle et placez vos semis à la lumière vive. Un bord de fenêtre très ensoleillé (plein sud si possible) est indispensable. Si la lumière manque, les jeunes plants vont « filer » (s’étioler), c’est-à-dire devenir longs, fins et fragiles. Si vous n’avez pas assez de lumière naturelle, une lampe horticole (lampe de croissance) est un excellent investissement.

  • Repiquage en godets individuels : Si vous avez semé en terrine, lorsque les plantules ont 2 à 4 « vraies » feuilles (en plus des 2 premières feuilles rondes, les cotylédons), il est temps de les repiquer délicatement dans des godets individuels plus grands (environ 8-10 cm de diamètre). Utilisez un terreau pour repiquage ou un bon terreau pour plantes potagères. Manipulez les plantules par les feuilles, jamais par la tige fragile. Plantez-les un peu plus profondément, jusqu’aux premières feuilles. Arrosez doucement. Continuez à les garder au chaud et à la lumière.

2. L’achat de plants : Une alternative facile 

Pas envie de vous lancer dans les semis ? Pas de problème ! Vous pouvez acheter de jeunes plants d’aubergine en jardinerie, sur les marchés ou chez les horticulteurs. C’est plus simple et plus rapide.

  • Comment choisir des plants sains ?

    • Regardez l’aspect général : feuilles bien vertes, sans taches ni trous, pas de jaunissement.

    • Tige solide et trapue (pas longue et fine).

    • Vérifiez sous les feuilles s’il n’y a pas de pucerons ou autres indésirables.

    • Si possible, soulevez délicatement la motte du pot : les racines doivent être blanches et bien développées, mais pas enroulées en un chignon trop serré (signe que la plante est dans son pot depuis trop longtemps).

  • Précautions avant la plantation : Avant de les planter directement dehors, il est sage d’acclimater vos jeunes plants (qu’ils viennent de vos semis ou de la jardinerie) aux conditions extérieures. Pendant une semaine environ, sortez-les quelques heures par jour dans un endroit abrité du vent et du soleil direct au début, puis augmentez progressivement la durée et l’exposition au soleil. Rentrez-les la nuit s’il fait encore frais. Cela évite un choc thermique et un coup de soleil !

3. La plantation en pleine terre ou sous abri 

Le grand jour est arrivé ! Vos plants sont prêts à rejoindre leur emplacement définitif. Mais attention, pas n’importe quand !

  • Quand planter dehors ? Le maître mot : attendre que tout risque de gel soit écarté. La période traditionnelle est après les fameux « Saints de Glace » (Saint Mamert, Saint Pancrace et Saint Servais), célébrés les 11, 12 et 13 mai. Mais cela dépend beaucoup de votre région ! Dans le Sud, on peut souvent planter dès avril-mai. Plus au Nord ou en altitude, il faut parfois attendre début juin. Une température nocturne minimale de 12-15°C est préférable. Le sol doit aussi être réchauffé (au moins 15°C).

  • Préparation du trou de plantation : Creusez des trous assez grands (environ 30 cm de côté et de profondeur), plus larges que la motte de votre plant.

  • Apport de compost/engrais : Au fond de chaque trou, mélangez une bonne poignée de compost bien mûr ou un peu d’engrais organique spécial potager (riche en potassium). Cela donnera un coup de pouce au démarrage.

  • Distance de plantation : L’aubergine a besoin d’espace pour bien se développer et pour que l’air circule (ce qui limite les maladies). Laissez environ 50 à 60 cm entre chaque plant et 60 à 70 cm entre les rangs.

  • Comment planter ?

    1. Dépotez délicatement votre plant. Si les racines sont un peu enroulées, démêlez-les doucement avec les doigts.

    2. Placez la motte dans le trou. Attention : le haut de la motte doit être au niveau du sol. Ne pas enterrer le collet (la base de la tige, juste au-dessus des racines). C’est très important pour éviter les maladies du pied.

    3. Rebouchez le trou avec la terre, en tassant légèrement autour de la motte pour éliminer les poches d’air.

    4. Formez une petite cuvette autour du pied pour retenir l’eau d’arrosage.

  • Arrosage copieux : Juste après la plantation, arrosez généreusement au pied de chaque plant (environ 5 litres d’eau). Cela permet à la terre de bien adhérer aux racines.

  • Protection des jeunes plants : Les jeunes plants sont fragiles.

    • Froid/Vent : Si des nuits fraîches ou venteuses sont annoncées, protégez-les avec un voile de forçage (tissu léger non tissé) ou une cloche pendant les premiers jours/semaines.

    • Limaces et escargots : Ces gourmands adorent les jeunes pousses tendres ! Utilisez des barrières anti-limaces (cendres, coquilles d’œufs pilées, granulés bio à base de phosphate ferrique) ou des pièges à bière.

4. La culture en pot ou sur balcon

Pas de jardin ? Aucun souci ! L’aubergine se cultive très bien en pot sur un balcon ou une terrasse, à condition de respecter quelques règles.

  • Choix du contenant : Oubliez les petits pots ! L’aubergine a besoin d’espace pour ses racines. Choisissez un pot d’au moins 30-40 cm de diamètre et de profondeur (environ 20-30 litres). Plus c’est grand, mieux c’est ! Assurez-vous qu’il y ait des trous de drainage au fond. Une soucoupe dessous est utile, mais veillez à la vider après l’arrosage pour que les racines ne baignent pas dans l’eau.

  • Substrat adapté : Utilisez un bon terreau pour plantes potagères, riche et drainant. Vous pouvez l’améliorer en y mélangeant un peu de compost (environ 1/4 du volume). N’utilisez pas de terre de jardin, qui se compacte trop en pot.

  • Exposition : Comme en pleine terre, le plein soleil est indispensable (au moins 6 heures par jour). Placez votre pot à l’endroit le plus ensoleillé et le plus chaud de votre balcon ou terrasse.

  • Spécificités de l’arrosage et de la fertilisation en pot :

    • Arrosage : Le terreau en pot sèche beaucoup plus vite qu’en pleine terre, surtout en été. Il faudra arroser très régulièrement, souvent tous les jours par temps chaud et sec. Touchez la terre : dès qu’elle est sèche sur quelques centimètres, arrosez abondamment jusqu’à ce que l’eau s’écoule par les trous du fond.

    • Fertilisation : Les réserves nutritives du terreau s’épuisent vite en pot. Apportez un engrais liquide spécial tomates ou légumes-fruits dilué dans l’eau d’arrosage environ tous les 10-15 jours, dès que les premiers fruits commencent à se former.

  • Variétés adaptées : Certaines variétés plus compactes ou naines sont particulièrement bien adaptées à la culture en pot (ex: ‘Pot Black’, ‘Ophelia’, ‘Slim Jim’).


Calendrier saisonnier indicatif de la culture de l’aubergine ️

Ce calendrier est une base, adaptez-le à votre région précise, à l’altitude, et aux conditions météo de l’année !

  • Zone à climat doux (Méditerranée, Sud-Ouest)

    • Semis intérieur/chauffé : Février – Mars

    • Repiquage en pleine terre/sous abri : Avril – Mai

    • Floraison : Mai – Juin

    • Récolte : Juin – Octobre/Novembre

  • Zone à climat tempéré (Nord, Centre, Est)

    • Semis intérieur/chauffé : Mars – Avril

    • Repiquage en pleine terre (après gel) : Mi-Mai – Début Juin

    • Floraison : Juin – Juillet

    • Récolte : Juillet – Octobre

  • Zone à climat frais (Montagne, régions froides)

    • Semis intérieur/chauffé (indispensable) : Avril

    • Repiquage sous abri (serre, tunnel) : Fin Mai – Début Juin

    • Plantation possible en pleine terre dans les zones les plus abritées : Juin

    • Floraison : Juillet

    • Récolte : Août – Septembre/Octobre (saison souvent plus courte)

Adaptez toujours ce calendrier à votre microclimat et aux caprices de la météo annuelle.


L’entretien pour une croissance optimale 

Planter, c’est bien, mais pour avoir une belle récolte, il faut chouchouter vos plants d’aubergine tout au long de la saison. Arrosage, nourriture, soutien… elles ont besoin de soins réguliers !

1. L’irrigation : Un besoin constant et des techniques maîtrisées 

L’aubergine aime la chaleur, mais elle a aussi très soif, surtout quand elle commence à fleurir et à former ses fruits. Un manque d’eau à ce moment-là peut faire tomber les fleurs ou donner des fruits petits et déformés.

  • Importance de l’humidité régulière et constante : Le secret est la régularité. Le sol doit rester frais mais pas détrempé. Évitez les grands écarts entre un sol très sec et un sol inondé.

  • Quantité d’eau nécessaire : Difficile de donner un chiffre exact, car cela dépend de la taille de la plante, du stade de croissance, du climat (chaleur, vent), du type de sol (sableux ou argileux) et si vous cultivez en pot ou en pleine terre.

  • Comment vérifier le besoin en eau ? La meilleure méthode : le test du doigt ! Enfoncez votre doigt dans la terre à quelques centimètres de profondeur près du pied de la plante. Si c’est sec, il faut arroser. Si c’est encore humide, attendez. Simple et efficace !

  • Techniques d’arrosage :

    • Arrosage au pied : C’est la règle d’or ! Versez l’eau directement au pied de la plante, sans mouiller les feuilles. Pourquoi ? Car l’humidité sur les feuilles favorise le développement des maladies (comme le mildiou). Utilisez un arrosoir sans pomme ou un tuyau à faible débit. Arrosez de préférence le matin ou le soir, évitez le plein soleil.

    • Système goutte-à-goutte : C’est le top du top pour l’aubergine ! Un tuyau percé de petits trous (goutteurs) est installé au pied des plantes et délivre l’eau lentement et directement aux racines.

      • Avantages : Économie d’eau énorme, arrosage ciblé, pas de feuilles mouillées (moins de maladies), moins de mauvaises herbes entre les rangs, possibilité d’automatiser avec un programmateur (idéal pour les vacances !).

      • Installation : C’est plus simple qu’on ne le pense ! Des kits prêts à l’emploi existent en jardinerie.

    • Micro-asperseurs : Petits arroseurs qui diffusent une pluie fine. Possible, mais moins idéal que le goutte-à-goutte car ils peuvent mouiller le feuillage. Mieux vaut les utiliser tôt le matin pour que les feuilles sèchent vite.

  • Arroser profondément : Mieux vaut un bon arrosage en profondeur une ou deux fois par semaine (selon la météo) qu’un petit peu tous les jours. Cela encourage les racines à descendre chercher l’eau plus bas, rendant la plante plus résistante à la sécheresse.

  • Gérer le stress hydrique (manque d’eau) : Les signes ? Feuilles qui pendent, jaunissement, chute des fleurs, petits fruits ou fruits déformés (parfois avec une pointe noire, voir chapitre maladies). Agissez vite en arrosant !

  • Éviter l’excès d’eau : Trop d’eau est aussi néfaste ! Les racines peuvent pourrir par manque d’oxygène (asphyxie), et cela favorise les maladies du sol (champignons). Assurez-vous que votre sol draine bien. En pot, videz la soucoupe.

  • Le paillage : un allié précieux ! Couvrir le sol au pied des aubergines avec une couche de paillis (paille, tontes de gazon séchées, feuilles mortes, BRF – Bois Raméal Fragmenté, paillettes de lin ou de chanvre…) a de multiples avantages :

    • Maintient l’humidité du sol (moins besoin d’arroser).

    • Limite la pousse des mauvaises herbes (moins de désherbage !).

    • Garde le sol plus frais en été.

    • En se décomposant (pour les paillis organiques), il nourrit le sol.
      Installez le paillis sur un sol déjà humide, sur une épaisseur de 5 à 10 cm, en laissant un petit espace autour de la tige.

2. La fertilisation : Une plante très gourmande

L’aubergine produit de gros fruits et a donc besoin de beaucoup d’énergie, c’est-à-dire de nutriments. Elle est considérée comme une plante gourmande. Un apport initial à la plantation ne suffit souvent pas pour toute la saison.

  • Pourquoi fertiliser régulièrement ? Pour soutenir la croissance de la plante, assurer une bonne floraison et surtout, une production généreuse de beaux fruits bien formés.

  • Types d’engrais :

    • Organiques : Compost bien mûr (à ajouter en cours de saison en surface), purins de plantes (ortie pour la croissance au début, consoude riche en potasse pour les fruits), guano, sang séché… Ils nourrissent le sol et la plante sur le long terme.

    • Minéraux : Engrais du commerce, souvent sous forme de granulés ou liquides. Choisissez un engrais « spécial potager » ou « spécial tomates », qui sont généralement bien équilibrés et riches en potasse (K), élément essentiel pour la fructification. Lisez bien les instructions sur l’emballage.

  • Calendrier et méthodes de fertilisation :

    • A la plantation : On a déjà vu, on incorpore du compost ou un engrais de fond dans le trou.

    • Pendant la croissance : Un apport d’engrais riche en azote (N) peut être utile au début si la croissance est lente (ex: purin d’ortie). Mais attention, trop d’azote favorise les feuilles au détriment des fleurs et des fruits !

    • Pendant la floraison et la fructification : C’est là qu’elle est la plus gourmande ! Faites des apports réguliers (toutes les 2-4 semaines selon le type d’engrais et si vous êtes en pot ou pleine terre) d’un engrais riche en potasse (K) et phosphore (P) (ex: engrais tomates/légumes-fruits, purin de consoude). Un engrais liquide est vite assimilé, idéal pour un coup de pouce. Les granulés agissent plus longtemps. En pot, la fertilisation doit être plus fréquente.

  • Reconnaître les signes de carences :

    • Feuilles pâles ou jaunes : Souvent manque d’azote (surtout les vieilles feuilles) ou de fer (feuilles jeunes jaunes avec nervures vertes).

    • Croissance lente : Manque général de nutriments ou problème d’arrosage/racines.

    • Peu de fleurs/fruits : Manque de phosphore (P) ou de potasse (K), ou excès d’azote (N).

3. Taille et pincement : Pour favoriser la production 

Doit-on tailler les aubergines ? Oui, une taille légère peut être bénéfique, surtout dans les régions moins chaudes ou pour obtenir des fruits plus gros.

  • Pourquoi tailler ?

    • Aération : Éliminer quelques feuilles ou tiges permet à l’air et à la lumière de mieux circuler au cœur de la plante, ce qui limite les maladies.

    • Fructification : Concentrer l’énergie de la plante sur un nombre limité de fruits pour qu’ils soient plus gros et de meilleure qualité.

    • Limiter la hauteur : Dans certaines situations (sous abri bas, régions venteuses).

  • Techniques de taille et de pincement (simples !) :

    1. Supprimer les « gourmands » (ou drageons) : Ce sont les petites pousses qui démarrent à l’aisselle des feuilles (entre la tige principale et une feuille). Enlevez ceux qui sont situés sur la partie basse de la tige principale (sous la première fleur ou la première ramification).

    2. Limiter le nombre de tiges principales : L’aubergine forme naturellement une fourche (deux tiges principales). Vous pouvez la laisser telle quelle ou ne garder que 2 ou 3 tiges les plus vigoureuses qui partent de cette fourche, en supprimant les autres départs. Cela aère la plante.

    3. Pincer l’extrémité des tiges : Quand chaque tige porte 4 ou 5 « étages » de fleurs ou de jeunes fruits, vous pouvez pincer (couper avec les doigts ou un sécateur) l’extrémité de la tige, juste au-dessus d’une feuille. Cela stoppe la croissance en longueur et encourage la plante à se concentrer sur le développement des fruits existants. C’est surtout utile dans les régions où la saison est courte.

  • Adapter la taille : Ne soyez pas trop sévère ! Si la plante est très vigoureuse et que vous êtes dans une région chaude avec une longue saison, une taille légère suffit (juste aérer un peu le centre). Si la plante est faible ou la saison courte, une taille plus marquée peut être bénéfique. Observez vos plantes !

4. Le tuteurage ou palissage : Soutenir les tiges chargées 

Les aubergines, surtout les variétés à gros fruits, peuvent devenir assez lourdes ! Les tiges risquent de plier, voire de casser sous le poids des fruits, surtout en cas de vent ou de pluie. Il faut donc les aider à se tenir droites.

  • Pourquoi tuteurer ? Pour éviter la casse des tiges, maintenir les fruits hors du contact direct avec le sol (ce qui évite les pourritures et les attaques de limaces), et faciliter la circulation de l’air et la récolte.

  • Différentes méthodes de tuteurage :

    • Tuteurs individuels : Le plus simple. Plantez un piquet solide (bambou, bois, métal) d’environ 1m à 1,50m de haut près de chaque pied (attention à ne pas abîmer les racines si vous le mettez après la plantation). Attachez la tige principale au tuteur au fur et à mesure de sa croissance avec des liens souples (raphia, ficelle, liens spéciaux) sans serrer trop fort pour ne pas blesser la tige.

    • Cages à tomates : Des structures métalliques rondes ou carrées que l’on place autour du plant. La plante pousse à l’intérieur et s’appuie sur les barreaux. Très pratique.

    • Palissage sur fil (plutôt sous serre ou pour les pros) : Des fils horizontaux sont tendus entre des piquets, et les tiges y sont attachées.

  • Quand installer les supports ? L’idéal est de mettre les tuteurs dès la plantation. Ainsi, vous ne risquez pas d’endommager les racines en les enfonçant plus tard. Si vous utilisez des cages, vous pouvez les installer quand la plante commence à bien grandir.

5. Le désherbage

Les « mauvaises herbes » (adventices) sont des concurrentes pour l’eau, la lumière et les nutriments. Il faut donc les contrôler.

  • Pourquoi désherber régulièrement ? Pour que vos aubergines aient toutes les ressources dont elles ont besoin.

  • Techniques efficaces :

    • Manuel : Le plus simple est de les arracher à la main ou avec une binette quand elles sont encore petites. Biner régulièrement (sarcler la surface du sol) permet aussi de les détruire et d’aérer la terre.

    • Paillage : Comme vu plus haut, une bonne couche de paillis est la meilleure solution ! Elle empêche la plupart des graines d’adventices de germer. C’est moins de travail pour vous et c’est bon pour le sol ! 

culture aubergine

Prévenir et gérer les maladies et ravageurs 

Comme toutes les plantes du potager, l’aubergine peut être la cible de maladies ou d’attaques de petits gourmands. Mais pas de panique ! Avec une bonne observation et quelques gestes préventifs, on peut limiter les dégâts.

1. Identifier les ennemis de l’aubergine

La clé est d’inspecter régulièrement vos plants (idéalement tous les 2-3 jours). Regardez bien sous les feuilles, sur les tiges, les fleurs et les fruits. Quels sont les signes qui doivent vous alerter ?

  • Taches suspectes sur les feuilles (jaunes, brunes, blanches, noires…).

  • Feuilles qui jaunissent, se recroquevillent, se dessèchent ou tombent.

  • Flétrissement soudain de tout ou partie de la plante.

  • Trous dans les feuilles ou les fruits.

  • Présence d’insectes (pucerons verts ou noirs, petites araignées rouges, doryphores…).

  • Moisissure grise ou blanche.

  • Fruits qui pourrissent par la pointe.

Plus tôt vous détectez un problème, plus il sera facile d’intervenir !

2. Les maladies les plus courantes et comment y remédier

  • Mildiou : C’est un champignon qui aime l’humidité.

    • Symptômes : Taches jaunâtres sur le dessus des feuilles, puis un feutrage blanc/grisâtre dessous. Les feuilles finissent par brunir et se dessécher. Peut aussi attaquer les tiges et les fruits.

    • Conditions favorables : Temps humide et doux (pluie, rosée, arrosage sur les feuilles).

    • Prévention : Ne pas mouiller le feuillage en arrosant ! Espacer suffisamment les plants pour une bonne aération. Éliminer rapidement les feuilles atteintes. Utiliser du purin de prêle en pulvérisation (renforce les défenses de la plante). En cas de risque élevé (météo humide), une pulvérisation préventive de bouillie bordelaise (cuivre, autorisé en bio mais à utiliser avec modération) peut aider.

    • Traitement curatif : Difficile une fois installé. Enlever les parties atteintes. La bouillie bordelaise peut ralentir la progression.

  • Verticilliose et Flétrissement bactérien : Deux maladies graves causées par des champignons ou bactéries présents dans le sol, qui bouchent les vaisseaux de la plante.

    • Symptômes : Flétrissement brutal des feuilles (souvent d’un seul côté de la plante au début), qui jaunissent puis se dessèchent, généralement par temps chaud. La plante finit par mourir. Si on coupe une tige, l’intérieur peut être brunâtre.

    • Prévention : C’est la seule solution ! Rotation des cultures très importante (ne pas replanter d’aubergines ou autres Solanacées au même endroit avant 3-4 ans). Choisir des variétés résistantes ou des plants greffés (le porte-greffe est résistant). Assurer un bon drainage du sol. Désinfecter les outils de taille.

    • Traitement curatif : Il n’y en a pas pour le jardinier amateur. Il faut arracher et détruire (ne pas composter !) les plantes atteintes pour éviter la propagation dans le sol.

  • Pourriture apicale (ou « Cul noir ») : Très fréquent aussi sur les tomates.

    • Symptômes : Une tache brune ou noire apparaît à l’extrémité du fruit (côté opposé au pédoncule), qui s’agrandit et devient sèche et comme enfoncée.

    • Causes : Ce n’est pas une maladie causée par un microbe, mais un trouble physiologique dû à une carence en calcium dans le fruit. MAIS, attention, le problème vient rarement d’un manque de calcium dans le sol. Le plus souvent, c’est lié à un arrosage irrégulier. Quand la plante manque d’eau temporairement, elle n’arrive plus à transporter le calcium jusqu’aux fruits en croissance.

    • Prévention : La clé est un arrosage très régulier, en maintenant le sol constamment frais (le paillage aide beaucoup !). Éviter les à-coups hydriques. Un apport de calcium (lithothamne, cendre de bois en petite quantité) peut aider si votre sol est vraiment pauvre en calcium (rare).

  • Autres maladies : Botrytis (pourriture grise, favorisée par l’humidité), Sclérotiniose (pourriture blanche cotonneuse au collet)… La prévention reste similaire : aération, éviter l’excès d’humidité, rotation.

3. Les ravageurs et les solutions naturelles 

  • Pucerons : Petits insectes verts, noirs ou jaunes, souvent en colonies sur les jeunes pousses et sous les feuilles. Ils piquent la plante pour sucer la sève et l’affaiblissent. Ils peuvent aussi transmettre des virus.

    • Lutte : Dès les premiers signes, pulvérisez une solution d’eau savonneuse (savon noir dilué à 5%). Ou un simple jet d’eau puissant peut les déloger. Favorisez leurs prédateurs naturels : les coccinelles ! (On peut acheter des larves). Le purin d’ortie peut aussi aider.

  • Acariens (Araignées rouges) : Minuscules (difficiles à voir à l’œil nu), ils tissent de fines toiles sous les feuilles et piquent les cellules. Les feuilles prennent un aspect grisâtre, plombé, puis jaunissent et se dessèchent. Ils adorent le temps chaud et sec.

    • Lutte : Ils détestent l’humidité ! Douchez le feuillage (surtout le dessous) régulièrement par temps sec (le matin pour que ça sèche vite). Il existe des acariens prédateurs (Phytoseiulus persimilis). Des acaricides bio à base d’huile ou de soufre existent aussi.

  • Doryphore : Le même que sur les pommes de terre ! Adultes (jaune et noir rayé) et surtout larves (roses/orangées avec points noirs) dévorent les feuilles.

    • Lutte : La méthode la plus efficace et écologique est le ramassage manuel régulier (matin et soir). Écrasez les œufs (jaunes/orangés sous les feuilles), les larves et les adultes. La rotation des cultures aide. Le purin d’ortie peut avoir un effet répulsif.

  • Limaces et escargots : Surtout dangereux pour les jeunes plants.

    • Prévention/Lutte : Barrières physiques (cendres, sciure, coquilles d’œufs), granulés bio à base de phosphate ferrique (sans danger pour les animaux domestiques et hérissons), pièges à bière, ramassage nocturne.

  • Nématodes : Vers microscopiques dans le sol qui attaquent les racines, provoquant un flétrissement et un faible développement.

    • Prévention : Rotation des cultures essentielle. Planter des œillets d’Inde (Tagètes) à proximité ou en culture précédente : leurs racines ont un effet répulsif (nématicide).

  • Aleurodes (Mouches blanches) : Petits insectes blancs qui s’envolent en nuage quand on touche la plante. Surtout présents sous serre ou tunnel. Ils affaiblissent la plante en suçant la sève.

    • Lutte : Pulvérisation de savon noir. Pièges jaunes collants. Introduction d’auxiliaires (Encarsia formosa, une micro-guêpe parasite). Purin d’ortie.

4. Stratégies de prévention globales : Mieux vaut prévenir que guérir ! 

  • Rotation des cultures : C’est LA règle d’or ! Ne cultivez pas d’aubergines (ni tomates, poivrons, pommes de terre) au même endroit pendant au moins 3 ou 4 ans. Cela évite que les maladies et ravageurs spécifiques ne s’installent durablement dans le sol. Alternez avec des légumes-feuilles (salades, épinards), des légumes-racines (carottes, radis), des légumineuses (haricots, pois)…

  • Associations de cultures bénéfiques (Plantes compagnes) : Certaines plantes peuvent aider à protéger les aubergines :

    • Œillet d’Inde (Tagète) : Répulsif contre les nématodes et certains insectes (aleurodes). En plus, c’est joli !

    • Basilic : Améliorerait le goût et repousserait certains insectes.

    • Menthe, Absinthe (en pot à proximité, car envahissantes) : Peuvent repousser certains ravageurs.

    • Souci (Calendula) : Attire les pucerons (plante piège) et les syrphes (prédateurs de pucerons).

  • Hygiène au jardin : Nettoyez bien vos outils (sécateur…). En fin de saison, enlevez tous les restes de culture (feuilles, tiges) pour éviter que les maladies hivernent. Ne compostez pas les plantes malades.

  • Choisir des variétés résistantes ou greffées : Renseignez-vous lors de l’achat des graines ou des plants. Les plants greffés sont plus chers mais offrent une bonne assurance contre les maladies du sol (verticilliose notamment).

  • Favoriser la biodiversité : Un jardin vivant, avec des fleurs, des haies, des points d’eau, attire les insectes auxiliaires (coccinelles, syrphes, chrysopes…) qui sont vos meilleurs alliés contre les pucerons et autres ravageurs. Les oiseaux aussi aident ! 

La récolte et la conservation 

Après tous ces soins, vient enfin le moment tant attendu : la récolte ! Quel plaisir de cueillir ses propres aubergines, n’est-ce pas ? Mais quand et comment faire ?

1. Quand l’aubergine est-elle prête à être récoltée ?

Ce n’est pas toujours évident de savoir si une aubergine est mûre. Voici quelques indices :

  • Couleur : Elle doit être brillante et uniforme (selon la couleur typique de la variété : violet foncé, blanche, striée…). Une couleur qui devient terne ou jaunâtre est souvent signe qu’elle est trop mûre.

  • Peau : Elle doit être ferme mais légèrement souple sous la pression du doigt. Si elle est très dure, elle n’est pas encore tout à fait prête. Si elle est molle, elle est trop mûre.

  • Taille : La taille idéale dépend de la variété et de vos préférences. Ne cherchez pas forcément à avoir des aubergines énormes. Souvent, elles sont meilleures quand elles sont de taille moyenne pour la variété. Référez-vous à la description de la variété que vous cultivez.

  • Ne pas attendre trop longtemps ! Une aubergine récoltée trop tard devient souvent amère, et ses graines à l’intérieur deviennent dures et plus présentes. Mieux vaut récolter un peu trop tôt que trop tard.

2. Comment récolter l’aubergine

Ne tirez pas sur le fruit pour l’arracher, vous risqueriez d’abîmer la plante.

  • Utilisez un sécateur propre ou un couteau bien aiguisé.

  • Coupez le pédoncule (la « queue » verte qui attache le fruit à la tige), en laissant environ 1 à 2 cm de pédoncule attaché au fruit. Cela aide à sa conservation.

  • Attention aux épines ! Certaines variétés (et souvent le calice, la partie verte étoilée à la base du fruit) possèdent de petites épines. Faites attention en manipulant le fruit.

3. Fréquence de la récolte

  • Pendant la pleine saison de production (généralement en été), inspectez vos plants tous les 2 ou 3 jours.

  • Récolter régulièrement stimule la plante à produire de nouvelles fleurs et de nouveaux fruits. Si vous laissez des fruits devenir trop mûrs sur le pied, la plante « pense » qu’elle a fini son travail de reproduction et ralentit sa production. Donc, cueillez !

4. Conservation des aubergines

L’aubergine fraîchement cueillie est la meilleure ! Mais comment la conserver si vous en avez beaucoup ?

  • Conservation courte : L’idéal est de la consommer dans les quelques jours suivant la récolte. Contrairement à ce que l’on fait souvent, l’aubergine n’aime pas trop le froid du réfrigérateur, qui peut altérer sa texture et sa saveur (elle devient un peu cotonneuse). Conservez-la plutôt dans un endroit frais et aéré (cave, cellier, garage frais), ou à température ambiante si vous la consommez rapidement (2-3 jours). Si vous devez la mettre au frigo, placez-la dans le bac à légumes et sortez-la un peu avant de la cuisiner.

  • Méthodes de conservation plus longues :

    • Congélation : L’aubergine ne se congèle pas bien crue (elle devient spongieuse). Il faut la cuisiner avant. Vous pouvez la couper en tranches ou en dés, la blanchir (plonger 2-3 minutes dans l’eau bouillante puis refroidir vite dans l’eau glacée), bien l’égoutter et la sécher avant de la mettre en sacs congélation. Ou mieux encore : congelez-la déjà cuisinée (grillée, sautée à la poêle, en ratatouille, en caviar d’aubergine…). 

    • Conserves (bocaux) : Vous pouvez préparer des conserves de ratatouille maison, de caviar d’aubergine, d’aubergines à l’huile (marinées)… en respectant bien les règles de stérilisation pour une conservation sûre.

    • Séchage : Moins courant, mais possible en fines tranches au déshydrateur ou au soleil (dans les régions très chaudes et sèches).

Pour aller plus loin : Techniques avancées et cultures spécifiques 

Vous maîtrisez les bases ? Envie d’aller plus loin dans la culture de l’aubergine ? Voici quelques pistes pour les jardiniers curieux et expérimentés.

1. Récupérer ses graines d’aubergine

Envie de produire vos propres semences pour l’année suivante ? C’est possible, mais avec quelques précautions.

  • Choisir les « parents » : Sélectionnez un ou deux fruits particulièrement beaux et sains, sur les plants les plus vigoureux et productifs de votre variété préférée. Assurez-vous qu’il s’agit bien d’une variété fixée (non hybride F1).

  • Laisser mûrir complètement : Laissez ces fruits choisis sur le plant bien au-delà du stade de récolte normal. Ils vont grossir encore, leur couleur va devenir terne, souvent jaunâtre ou brunâtre, et la chair va ramollir. C’est signe que les graines à l’intérieur sont matures.

  • Extraction et nettoyage : Récoltez le fruit sur-mûri. Coupez-le en deux et extrayez les graines avec la pulpe qui les entoure. Mettez le tout dans un bocal avec un peu d’eau et laissez fermenter 2-3 jours à température ambiante (ça sent un peu !). Cela aide à éliminer la gélatine autour des graines et les inhibiteurs de germination. Remuez de temps en temps. Les bonnes graines, plus lourdes, tomberont au fond. Jetez l’eau trouble, la pulpe et les graines qui flottent. Rincez bien les bonnes graines dans une passoire fine.

  • Séchage : Étalez les graines propres sur une assiette, du papier absorbant ou un tamis fin, dans un endroit sec, aéré et à l’ombre. Laissez-les sécher complètement pendant plusieurs jours (voire 1 à 2 semaines), en les remuant de temps en temps. Elles doivent être parfaitement sèches au toucher.

  • Conservation : Conservez les graines sèches dans une enveloppe en papier ou un petit sachet hermétique (avec un sachet de gel de silice si possible), étiqueté avec le nom de la variété et l’année de récolte. Gardez-les au frais, au sec et à l’abri de la lumière. Elles peuvent se conserver plusieurs années (3 à 5 ans en général).

  • Attention aux hybrides F1 ! Beaucoup de variétés vendues (surtout les plants) sont des hybrides F1. Ils sont issus du croisement de deux lignées parentales pures et sont souvent très vigoureux et productifs. Cependant, si vous récupérez les graines d’un hybride F1, les plantes que vous obtiendrez l’année suivante (la génération F2) ne seront pas identiques à la plante mère. Elles peuvent être très différentes, moins productives, voire décevantes. Si vous voulez ressemer la même variété F1, il faut racheter des graines chaque année. Pour faire vos propres semences, privilégiez les variétés dites « fixées » ou « population ».

2. Le greffage (bref aperçu) 

Le greffage n’est pas réservé qu’aux arbres fruitiers ! On greffe aussi beaucoup les légumes, notamment les aubergines (et les tomates, melons…).

  • Pourquoi greffer les aubergines ? L’idée est de combiner les qualités de deux plantes :

    • Un porte-greffe (la partie racines) choisi pour sa vigueur et surtout sa résistance aux maladies du sol (verticilliose, nématodes…). Souvent, on utilise une autre espèce de Solanum plus résistante, ou même une variété de tomate résistante.

    • Un greffon (la partie aérienne) qui est la variété d’aubergine que l’on souhaite cultiver pour ses fruits (ex: ‘Barbentane’).

    • Le résultat : une plante qui a les racines résistantes du porte-greffe et qui produit les fruits de la variété choisie. Cela permet d’avoir une meilleure vigueur, une production plus longue et plus abondante, et surtout de pouvoir cultiver des aubergines même dans un sol où des maladies sont présentes.

  • Pour qui ? C’est une technique surtout utilisée par les professionnels, mais on trouve de plus en plus de plants greffés d’aubergine en jardinerie pour les amateurs. Ils sont plus chers, mais l’investissement peut valoir le coup si vous avez des problèmes de maladies du sol ou si vous voulez maximiser votre récolte sur une petite surface. Réaliser soi-même le greffage est possible mais demande un peu de technique et de matériel.

3. Cultiver l’aubergine sous abri ou hors-sol

Dans les régions plus fraîches ou pour prolonger la saison, cultiver sous protection est une excellente option.

  • Protection pour prolonger la saison et maîtriser le climat :

    • Bâches et tunnels : Utiliser un tunnel nantais (arceaux recouverts d’un plastique transparent) ou un simple voile de forçage permet de gagner quelques degrés précieux au printemps pour planter plus tôt, et à l’automne pour protéger les derniers fruits du froid.

    • Serres froides vs serres chauffées :

      • Serre froide (non chauffée) : Le top pour l’aubergine dans les climats frais ! Elle accumule la chaleur du soleil la journée et protège bien du vent et des nuits fraîches. Permet de gagner plusieurs semaines de culture au début et à la fin. 

      • Serre chauffée : Permet une culture presque toute l’année mais coûte cher en énergie. Plutôt réservé aux pros.

    • Gestion de l’aération sous abri : C’est CRUCIAL ! Sous serre ou tunnel, la température peut monter très vite et l’humidité stagner. Il faut aérer tous les jours, même par temps moyen, pour éviter les coups de chaleur et surtout pour limiter le développement des maladies (mildiou, botrytis…). Ouvrez les portes, les fenêtres, soulevez les côtés du tunnel.

    • Pollinisation sous serre : Les fleurs d’aubergine sont auto-fertiles (elles peuvent se polliniser elles-mêmes), mais le vent et les vibrations aident. Les insectes (bourdons surtout) améliorent grandement la pollinisation. Sous serre, s’il y a peu d’insectes, vous pouvez aider en secouant doucement les tiges fleuries chaque jour (vers midi) ou en utilisant un petit pinceau ou un coton-tige pour transférer le pollen d’une fleur à l’autre (pollinisation manuelle). Un manque de pollinisation provoque la chute des fleurs.

  • Culture hors-sol : Une technique plus avancée, souvent professionnelle, mais adaptable.

    • Principes : On ne cultive pas dans la terre, mais dans un substrat inerte (qui ne contient pas de nutriments) comme de la laine de roche, de la fibre de coco, de la perlite, des billes d’argile… ou même sans substrat (hydroponie pure).

    • Irrigation et fertilisation : L’eau et tous les nutriments nécessaires sont apportés par une solution nutritive (eau + engrais liquides parfaitement dosés) distribuée par un système de goutte-à-goutte précis.

    • Avantages : Contrôle total de l’eau et des nutriments, pas de maladies venant du sol, croissance souvent plus rapide.

    • Inconvénients : Demande plus de technicité (gestion de la solution nutritive), coût initial plus élevé, dépendance du système d’irrigation.

    • Adaptation pour l’amateur : La culture en grands pots avec un très bon terreau léger et drainant, une fertilisation liquide régulière et un arrosage précis s’en rapproche. C’est une forme de culture hors-sol simplifiée.

FAQ et Résolution des Problèmes Courants 

Même avec les meilleurs soins, on rencontre parfois quelques soucis ou on se pose des questions. Voici les plus fréquentes concernant la culture de l’aubergine.

7.1. Questions fréquentes des jardiniers sur l’aubergine

  • « Pourquoi mes fleurs d’aubergine tombent-elles sans donner de fruits ? »

    • Problème de pollinisation : Pas assez d’insectes pollinisateurs (bourdons surtout) ? Ou temps trop chaud et sec (le pollen devient stérile au-dessus de 32-35°C) ? Ou au contraire, temps trop froid et humide ? Essayez de vibrer les fleurs ou la pollinisation manuelle (voir 6.3).

    • Stress hydrique : Manque d’eau régulier, surtout au moment de la floraison. Vérifiez l’arrosage !

    • Stress thermique : Coup de froid ou coup de chaud important.

    • Excès ou manque d’azote : Trop d’azote favorise les feuilles. Pas assez peut affaiblir la plante. Assurez un bon équilibre avec la potasse.

  • « Mes plants poussent bien, ont de belles feuilles, mais il n’y a pas ou peu de fleurs/fruits. »

    • Température trop basse : Surtout la nuit. L’aubergine a besoin de chaleur pour fleurir et nouer (former des fruits).

    • Manque de lumière : Au moins 6-8h de soleil direct sont nécessaires.

    • Excès d’engrais azoté (N) : La plante fait beaucoup de feuilles mais « oublie » de fleurir. Réduisez l’azote et apportez un engrais plus riche en phosphore (P) et potasse (K).

  • « Les feuilles de mes aubergines jaunissent ou flétrissent. »

    • Arrosage : Vérifiez ! Est-ce un manque d’eau (flétrissement par temps chaud, terre sèche) ou un excès d’eau (jaunissement, terre constamment trempée, pourriture des racines) ?

    • Carence nutritive : Manque d’azote (vieilles feuilles jaunes), de fer (jeunes feuilles jaunes, nervures vertes), de magnésium… Fertilisez si besoin.

    • Maladie racinaire ou vasculaire : Verticilliose, flétrissement bactérien (voir 4.2). Flétrissement brutal même si la terre est humide. Pas de remède, arracher la plante.

    • Attaque de ravageurs : Pucerons (regardez sous les feuilles), acariens (aspect plombé, fines toiles).

  • « Mes fruits ont des taches brunes/noires à l’extrémité (cul noir). »

    • C’est la pourriture apicale (voir 4.2). Cause principale : arrosage irrégulier qui empêche le calcium d’atteindre le bout du fruit. Solution : arroser très régulièrement, pailler le sol.

  • « Faut-il vraiment tailler les aubergines ? »

    • Ce n’est pas obligatoire, mais souvent bénéfique (voir 3.3). Une taille légère (aération, suppression des gourmands du bas) est recommandée. Pincer les extrémités peut aider à avoir de plus gros fruits, surtout si la saison est courte.

  • « Mes aubergines sont amères, pourquoi ? »

    • Récolte trop tardive : C’est la cause la plus fréquente. Les graines deviennent dures, la chair amère. Récoltez plus tôt !

    • Stress hydrique : Un manque d’eau pendant la croissance du fruit peut aussi augmenter l’amertume.

    • Variété : Certaines variétés anciennes pouvaient être plus amères. Les variétés modernes le sont généralement moins. Les aubergines blanches sont réputées pour leur douceur.

    • Astuce cuisine : Si vos aubergines sont un peu amères, vous pouvez les couper en tranches ou dés, les saler et les laisser dégorger 30 min à 1h dans une passoire. Rincez et séchez avant de cuisiner.

  • « Puis-je vraiment cultiver des aubergines en pot sur mon balcon ? »

    • Absolument ! À condition de choisir un grand pot (30-40 cm mini), un bon terreau, une exposition plein soleil, et d’être très régulier sur l’arrosage et la fertilisation (voir 2.4). Choisissez des variétés adaptées si possible.

2. Erreurs courantes à éviter ❌

Pour maximiser vos chances de succès avec la culture de l’aubergine, évitez ces pièges classiques :

  1. Semer trop tôt ou sans chaleur/lumière suffisante : Vous obtiendrez des plants longs, fins, fragiles (« étiolés ») qui auront du mal à reprendre une fois plantés. Respectez le calendrier et les besoins des semis.

  2. Planter trop tôt en pleine terre : Le risque de gel ou même un simple coup de froid (< 10-12°C) peut tuer vos jeunes plants ou stopper net leur croissance. Soyez patient, attendez que le sol et l’air soient bien réchauffés.

  3. Choisir une variété non adaptée à son climat : Planter une variété tardive dans une région à été court est voué à l’échec ou à une récolte très faible. Privilégiez les variétés précoces si c’est votre cas.

  4. Négliger l’arrosage régulier : C’est l’erreur la plus fréquente ! L’aubergine ne pardonne pas les grands écarts d’humidité, surtout pendant la floraison et la formation des fruits (chute des fleurs, cul noir, petits fruits, amertume).

  5. Donner trop d’engrais azoté (N) : Vous aurez de magnifiques feuilles… mais peu ou pas d’aubergines ! Équilibrez avec la potasse (K) pour les fruits.

  6. Ignorer la taille (légère) et le tuteurage : Risque de casse des tiges, mauvaise aération favorisant les maladies, fruits qui traînent au sol.

  7. Ne pas surveiller l’apparition des maladies et ravageurs : Agir vite dès les premiers signes est beaucoup plus efficace que d’essayer de sauver une plante déjà très atteinte. L’observation régulière est clé.

  8. Oublier la rotation des cultures : Replanter au même endroit année après année épuise le sol et favorise l’installation des maladies spécifiques aux Solanacées. Pensez à long terme !


À vous de jouer ! 

Et voilà, vous avez maintenant toutes les cartes en main pour réussir la culture de l’aubergine ! Rappelez-vous les points essentiels : elle adore la chaleur ☀️, le soleil ☀️, un sol riche et bien drainé, et un arrosage régulier . Une petite taille, un bon tuteurage et une surveillance attentive contre les maladies et les petites bêtes feront le reste.

Le plus important est d’adapter ces conseils à votre propre climat et aux conditions de votre jardin ou balcon. N’ayez pas peur d’expérimenter ! Essayez différentes variétés, observez comment elles réagissent, ajustez vos pratiques. C’est en jardinant qu’on devient jardinier !

Le plus grand plaisir sera bientôt là : celui de récolter vos propres aubergines, brillantes et pleines de saveur, pour préparer de délicieux petits plats. Miam ! 

Alors, lancez-vous ! Préparez vos semis ou choisissez vos plants, et offrez à ces belles méditerranéennes une place de choix dans votre potager ou sur votre terrasse. Vous verrez, la satisfaction est immense.

Bon jardinage et excellente récolte !

Culture de l’aubergine aujourd’hui :





Taille d’aubergine aujourd’hui :