Ah, les fraises ! Qui peut résister à leur couleur éclatante, leur parfum sucré et leur goût divin ? Imaginez maintenant pouvoir cueillir ces petits trésors rouges directement dans votre jardin, sur votre balcon ou votre terrasse… Le plaisir incomparable de déguster ses propres fraises, encore tièdes du soleil, est une expérience à vivre absolument ! 

Et si je vous disais que planter des fraisiers est bien plus facile que vous ne le pensez, même si vous débutez en jardinage ? Oui, oui ! Ces plantes généreuses s’adaptent à de nombreuses situations : en pleine terre dans un coin du potager, dans des carrés potagers surélevés, en pot sur un balcon, ou même dans des jardinières suspendues.

En plus du plaisir gustatif, cultiver vos fraises vous permet de contrôler ce que vous mangez et de profiter pleinement de leurs bienfaits nutritionnels (vitamines C, antioxydants…). Alors, prêt(e) à vous lancer dans l’aventure et à découvrir comment planter des fraisiers pour des récoltes abondantes et savoureuses ? Suivez le guide !

Comprendre les différents types de fraisiers

Avant de planter, il faut choisir ! Tous les fraisiers ne se ressemblent pas. Comprendre leurs différences vous aidera à sélectionner ceux qui correspondent le mieux à vos envies et à votre espace.

A. Les fraisiers remontants vs non remontants : Le grand match !

C’est la distinction la plus importante à connaître.

• Définition et différences :

  • Fraisiers NON remontants : Ils sont très généreux, mais sur une courte période. Ils produisent une seule grosse récolte par an, généralement à la fin du printemps ou au début de l’été (mai-juin-juillet, selon les variétés et le climat). Après ça, c’est fini pour l’année ! Ils produisent aussi beaucoup de stolons (on verra ce que c’est plus tard).

  • Fraisiers REMONTANTS : Eux, ils jouent les prolongations ! Ils produisent des fruits plusieurs fois dans l’année. Ils donnent une première récolte au printemps (souvent un peu moins grosse que les non remontants), puis ils refleurissent et fructifient à nouveau de la fin de l’été jusqu’aux premières gelées (août à octobre). La production est plus étalée dans le temps.

• Avantages et périodes de fructification :

  • Non remontants : Idéals si vous voulez beaucoup de fraises d’un coup pour faire des confitures, des tartes, ou si vous préférez concentrer la récolte sur quelques semaines. Production principale : Mai-Juin-Juillet.

  • Remontants : Parfaits si vous préférez picorer des fraises fraîches pendant une longue période, du printemps jusqu’à l’automne. Production : Juin ET Août-Septembre-Octobre.

• Quand planter chaque type ?
  On peut planter les deux types aux mêmes périodes (automne ou printemps, voir chapitre II), mais le choix influence la première récolte. Une plantation d’automne donnera une récolte normale l’année suivante pour les deux types. Une plantation de printemps donnera une petite récolte la première année pour les remontants, et souvent très peu voire pas du tout pour les non remontants (qui se concentreront sur leur croissance).

  

B. Les variétés incontournables de fraisiers : Faites votre choix !

Il existe des centaines de variétés ! Voici quelques stars bien connues :

• Variétés NON remontantes (une grosse récolte au printemps/été) :

  • ‘Gariguette’ : La star précoce ! Allongée, rouge-orangé vif, acidulée et parfumée. Un classique indémodable.

  • ‘Ciflorette’ : Très parfumée aussi, juteuse, un peu plus tardive que Gariguette. Forme conique.

  • ‘Senga Sengana’ : Très rustique et productive, idéale pour les confitures et la congélation. Fruit rouge foncé, saveur prononcée.

  • ‘Darselect’ : Gros fruits fermes, bonne conservation, bon goût sucré. Variété assez vigoureuse.

  • ‘Elsanta’ : Très cultivée par les professionnels pour son rendement et sa conservation. Beau fruit brillant, saveur agréable.

• Variétés REMONTANTES (récoltes étalées de juin à octobre) :

  • ‘Mara des Bois’ : La star des remontantes ! Petits fruits au parfum intense de fraise des bois. Un délice ! Très appréciée.

  • ‘Charlotte’ : Gros fruits en forme de cœur, chair ferme et sucrée, très bon parfum. Très productive et résistante.

  • ‘Mount Everest’ : Variété grimpante (ou plutôt qui produit de longs stolons à palisser). Intéressante pour les petits espaces ou la culture verticale. Fruits de taille moyenne.

  • ‘Cirafine’ : Très bon goût, proche de Mara des Bois. Bonne production étalée.

  • ‘Ostara’ : Variété ancienne, fiable, productive, fruits de taille moyenne, bonne saveur.

• Les fraisiers des quatre saisons :
  Ce sont généralement des variétés remontantes sélectionnées pour leur capacité à produire sur une très longue période, quasiment en continu de la fin du printemps aux gelées si le temps le permet.

• Les fraises des bois (Fragaria vesca) :
  Ce sont des petites fraises sauvages ou des variétés cultivées très proches. Elles ont un parfum exceptionnel mais sont souvent moins productives que les gros fraisiers. Elles produisent généralement de manière étalée (remontantes). Parfaites en bordure ou en couvre-sol à mi-ombre.

• Calendrier de production (indicatif) :

  • Très précoces (Mai) : Gariguette…

  • Précoces / Mi-saison (Fin Mai / Juin) : Ciflorette, Darselect, Elsanta, Senga Sengana… (1ère vague des remontantes : Mara des Bois, Charlotte…)

  • Tardives (Juillet) : Certaines non remontantes spécifiques.

  • Remontantes (2ème vague) : (Août à Octobre) : Mara des Bois, Charlotte, Cirafine, Ostara…

C. Choisir selon ses objectifs et son espace : À chaque jardinier son fraisier !

• Pour une production abondante mais concentrée (confitures…) : Choisissez plusieurs variétés non remontantes avec des périodes de récolte légèrement décalées (précoce, mi-saison).

• Pour une production étalée (manger frais longtemps) : Optez pour des variétés remontantes, voire un mélange de remontantes et non remontantes précoces.

• Pour la culture en pot ou jardinière : Privilégiez les variétés remontantes, souvent plus compactes, ou des variétés spécifiquement indiquées pour les pots. ‘Mara des Bois’ et ‘Charlotte’ s’y plaisent bien. Les variétés grimpantes ou retombantes sont aussi parfaites pour les suspensions ou les tours.

• Pour maximiser le goût et l’arôme : ‘Mara des Bois’, ‘Gariguette’, ‘Ciflorette’, les fraises des bois… sont souvent citées pour leur parfum exceptionnel.

  

Quand planter les fraisiers : périodes idéales

Le bon moment pour planter est crucial pour assurer une bonne reprise et une belle récolte future. Vous avez deux grandes fenêtres de tir :

A. La plantation d’automne (idéalement : mi-août à mi-octobre)

C’est souvent considérée comme la meilleure période pour planter les fraisiers.

• Avantages :

  • Le sol est encore chaud, ce qui favorise un bon enracinement avant l’hiver.

  • La plante a le temps de bien s’installer pendant l’automne et l’hiver.

  • Vous obtiendrez une récolte normale dès le printemps suivant (surtout pour les non remontants).

• Conditions idéales : Sol bien préparé, encore chaud mais pas sec, temps doux et humide.

• Préparation pour l’hiver : Un léger paillage peut protéger les jeunes plants du froid intense, surtout dans les régions aux hivers rigoureux.

• Calendrier selon les régions : Plutôt fin août/septembre dans les régions plus fraîches, jusqu’à fin octobre/début novembre dans les régions plus douces. Évitez de planter juste avant les fortes gelées.

B. La plantation de printemps (février à mai)

C’est l’autre possibilité, surtout si vous avez manqué la fenêtre d’automne ou si vous achetez des plants en godets au printemps.

• Avantages : On est sûr d’éviter les gros gels hivernaux sur de très jeunes plants.

• Inconvénients :

  • L’enracinement peut être moins bon si le printemps est sec et chaud rapidement.

  • La première récolte sera faible voire inexistante (surtout pour les non remontants), car la plante va d’abord se concentrer sur sa croissance. Vous récolterez normalement l’année d’après.

  • Demande un arrosage plus suivi au début.

• Variétés à privilégier : Si vous plantez tard au printemps (avril-mai), les variétés remontantes vous donneront quand même une petite récolte en fin d’été/automne la même année.

• Calendrier selon les régions : Dès février-mars dans le Sud (si hors gel), plutôt mars-avril ailleurs. Évitez de planter en pleine chaleur estivale.

C. Planter selon le calendrier lunaire : Pour les passionnés ! 

Certains jardiniers aiment suivre les cycles de la lune. Pour les fraisiers (qui sont des fruits) :

• On conseille de planter en lune descendante (quand la sève descend vers les racines, favorisant l’enracinement) et idéalement en jours-fruits.

• Vous trouverez des calendriers lunaires détaillés chaque année dans les revues de jardinage ou en ligne.

• Impact réel ? Scientifiquement, l’influence de la lune sur la plantation n’est pas prouvée, mais de nombreux jardiniers y croient et observent de bons résultats. C’est une question de conviction personnelle ! Cela ne remplacera jamais une bonne préparation du sol et de bonnes conditions météo.

Où planter ses fraisiers : choix de l’emplacement

Le fraisier n’est pas trop exigeant, mais il a ses préférences pour donner le meilleur de lui-même.

A. Conditions idéales d’exposition : Soleil, soleil, soleil ! ☀️

• Les fraisiers adorent le soleil ! Offrez-leur l’emplacement le plus ensoleillé possible, idéalement avec au moins 6 à 8 heures de soleil direct par jour. C’est essentiel pour avoir des fruits sucrés et parfumés.

• Certaines variétés, comme les fraises des bois, tolèrent la mi-ombre légère, mais la production sera moindre.

• Essayez de les protéger des vents froids et desséchants, qui peuvent abîmer les fleurs et les feuilles. Une haie ou un mur à proximité peuvent aider.

• Ils s’adaptent à la plupart des climats français, mais attention aux gelées tardives au printemps qui peuvent détruire les fleurs (voir chapitre VII).

B. Exigences en matière de sol : Riche et bien drainé !

• Sol idéal : Le fraisier aime un sol riche en humus (matière organique), meuble, profond, qui reste frais (qui retient un peu l’humidité) mais surtout TRES BIEN DRAINÉ. Il déteste avoir les pieds dans l’eau, ce qui favorise les maladies des racines.

• pH idéal : Légèrement acide à neutre (pH entre 5,5 et 6,8). Il n’aime pas les sols très calcaires.

• Comment améliorer un sol inadapté ?

  • Sol lourd/argileux : Incorporez du compost, du sable grossier ou du terreau pour l’alléger et améliorer le drainage. La culture sur butte est une excellente solution (voir ci-dessous).

  • Sol pauvre/sableux : Ajoutez beaucoup de compost ou de fumier bien décomposé pour l’enrichir et améliorer sa capacité à retenir l’eau.

  • Sol calcaire : Apportez de la matière organique acide (terre de bruyère en petite quantité, compost de feuilles) et paillez avec des aiguilles de pin si possible.

• Rotation des cultures : Très important ! Ne replantez pas de fraisiers au même endroit avant au moins 4 ans. Évitez aussi de planter après des pommes de terre, tomates, aubergines, poivrons (famille des Solanacées) ou des framboisiers, car ils partagent certaines maladies du sol (verticilliose).

• Compagnonnage favorable : Les fraisiers apprécient la compagnie de l’ail, de l’oignon, de la ciboulette (qui éloignent certains nuisibles), de la laitue, des épinards ou des haricots. Évitez la proximité des choux.

C. Options d’aménagement spécifiques : Optimiser l’espace et le sol

• Culture sur buttes ou billons : C’est une excellente technique, surtout en sol lourd ou humide. Créez des petits monticules de terre enrichie (15-20 cm de haut) et plantez les fraisiers au sommet. Cela assure un drainage parfait au niveau des racines.

• Carrés potagers surélevés : Idéal pour contrôler parfaitement le substrat et jardiner à bonne hauteur.

• Culture en rangs : La méthode classique. Laissez suffisamment d’espace entre les rangs pour circuler et entretenir (voir chapitre IV).

Comment planter les fraisiers en pleine terre

Vous avez choisi vos plants et préparé l’emplacement ? Passons à la plantation ! C’est une étape clé.

A. Préparation minutieuse du sol : La fondation du succès !

• Travail de la terre : Quelques semaines avant la plantation (ou juste avant si plantation de printemps), ameublissez bien le sol sur au moins 20-30 cm de profondeur (bêchage sans retourner ou passage de grelinette). Brisez les mottes.

• Amendements et enrichissements : C’est le moment d’incorporer généreusement du compost bien mûr ou du fumier très bien décomposé (au moins 3-5 kg/m ²). Vous pouvez aussi ajouter un engrais de fond organique spécial « petits fruits » ou riche en potasse. Mélangez bien à la terre.

• Désherbage parfait : Enlevez soigneusement toutes les « mauvaises herbes », et surtout leurs racines (liseron, chiendent…). Elles concurrenceraient fortement les jeunes fraisiers.

B. Technique de plantation pas à pas : Le geste précis ! 

• Préparer les plants : Si vous plantez des fraisiers à racines nues (souvent à l’automne), coupez légèrement le bout des racines (habillage) et faites-les tremper dans une boue légère (pralin) ou dans l’eau pendant 1h. Si vos plants sont en godets, faites tremper la motte avant de dépoter.

• Distances de plantation : Laissez environ 30 à 40 cm entre chaque plant sur le rang, et 50 à 70 cm entre les rangs (pour pouvoir passer !).

• Creuser les trous : Faites des trous individuels un peu plus larges que la motte ou les racines.

• LA RÈGLE D’OR : Le Collet ! Le collet est la partie charnue entre les feuilles et les racines. Il est crucial de le positionner exactement au niveau du sol.

  • Trop profond : Le cœur risque de pourrir.

  • Trop haut : Les racines vont se dessécher.

  • Astuce : Posez le manche d’un outil en travers du trou pour visualiser le niveau du sol et ajustez la hauteur du plant.

• Positionner les racines : Pour les plants à racines nues, étalez bien les racines dans le trou, sans les tordre. Pour les plants en motte, placez la motte bien droite.

• Combler et Tasser : Ramenez la terre autour du plant, en veillant à ne pas enterrer le collet. Tassez légèrement mais fermement avec les doigts pour bien mettre la terre en contact avec les racines et éliminer les poches d’air.

• Former une cuvette d’arrosage : Aménagez un petit creux autour du pied pour que l’eau d’arrosage reste bien au pied au début.

• Arroser : Terminez par un bon arrosage (environ 1 litre par pied) pour bien humidifier la terre et favoriser la reprise.

C. Paillage et protection des plantations : Le petit manteau utile !

Le paillage est fortement recommandé pour les fraisiers.

• Pourquoi pailler ?

  • Garde le sol frais et humide (moins d’arrosage).

  • Empêche la pousse des mauvaises herbes.

  • Garde les fraises propres (elles ne touchent pas la terre).

  • Limite le développement de certaines maladies (comme la pourriture grise).

  • Protège un peu du froid en hiver et de la chaleur en été.

• Types de paillage recommandés :

  • Paille : Le grand classique ! Efficace, économique, se décompose lentement.

  • Paillettes de lin ou de chanvre : Très bien aussi, forment une couche dense.

  • BRF (Bois Raméal Fragmenté) : Excellent pour nourrir le sol à long terme, mais attendez que le sol soit réchauffé au printemps avant de l’appliquer épais.

  • Aiguilles de pin : Idéal si votre sol est un peu calcaire (acidifie légèrement).

  • Film de paillage noir (plastique ou biodégradable) : Très efficace pour réchauffer le sol au printemps et contrôler les herbes. On le pose avant la plantation, on perce des trous pour planter les fraisiers. Inconvénient : moins esthétique, empêche les stolons de s’enraciner facilement.

• Comment et quand appliquer le paillage ?

  • Attendez que le sol soit bien réchauffé au printemps (avril-mai). Pailler trop tôt un sol froid peut le maintenir froid.

  • Étalez une couche de 5 à 10 cm d’épaisseur autour des pieds, sans recouvrir le cœur (le collet) des plants.

  • Renouvelez si nécessaire pendant la saison.

La culture des fraisiers en contenants

Pas de jardin ? Pas de problème ! Les fraisiers se cultivent très bien en pots, jardinières, suspensions…

A. Fraisiers en pots et jardinières : Le B.A.-BA

• Choix des contenants :

  • Taille : PRIMORDIAL ! Prévoyez un contenant d’au moins 20-25 cm de profondeur et de diamètre par plant. Plus c’est grand, mieux c’est (plus de terre = moins d’arrosage fréquent).

  • Matériau : Terre cuite (respire bien mais sèche vite), plastique (léger, retient l’eau), géotextile (léger, respirant)… Le choix dépend de vos préférences.

  • Drainage : INDISPENSABLE ! Le pot doit avoir des trous au fond. Ajoutez une couche de billes d’argile ou de gravier (2-3 cm) au fond pour faciliter l’écoulement.

• Substrat spécifique : N’utilisez PAS de terre de jardin ! Elle se compacte trop. Prenez un bon terreau pour géraniums, plantes fleuries ou potager, enrichi d’un peu de compost. Il doit être riche et drainant.

• Densité de plantation : Ne serrez pas trop les plants. Comptez 1 plant pour un pot de 20-25 cm, 2-3 plants pour une jardinière de 40-50 cm.

• Variétés idéales : Les variétés remontantes (‘Mara des Bois’, ‘Charlotte’, ‘Ostara’) sont parfaites car elles produisent longtemps. Les variétés au port retombant sont aussi très jolies.

B. Solutions verticales et suspendues : Vive la hauteur !

Idéal pour maximiser l’espace sur un balcon ou une petite terrasse.

• Jardinières suspendues : Classique et charmant. Choisissez des variétés remontantes ou retombantes. Attention à l’arrosage (ça sèche très vite !).

• Systèmes en colonnes ou en sacs : Il existe des sacs de plantation verticaux avec des poches latérales, ou des tours à fraises. Très productif au m² !

• Fraisiers grimpants (‘Mount Everest’) : Palissez les longs stolons sur un support (treillis, grillage).

C. Tour à fraisiers et cultures en hauteur

• DIY : On peut fabriquer une tour avec des palettes, des gouttières empilées, ou un grand tube PVC percé. C’est un projet amusant !

• Avantages : Gain de place énorme, fruits à hauteur de cueillette, moins de problèmes avec les limaces.

• Inconvénients : Demande un arrosage très rigoureux (le haut sèche plus vite que le bas). Un système d’irrigation goutte-à-goutte intégré est quasi indispensable. Entretien un peu plus spécifique.

Entretien et soins des jeunes plants après plantation

Vos fraisiers sont plantés ? Il faut maintenant les accompagner pour qu’ils s’installent bien.

A. Arrosage maîtrisé : Ni trop, ni trop peu ! 

• Après la plantation : Arrosez régulièrement pour maintenir le sol frais mais pas détrempé, le temps que les racines s’installent (plusieurs semaines).

• Ensuite : Les besoins varient selon la météo, le type de sol et le support (un pot sèche 10x plus vite que la pleine terre !).

  • Règle d’or : Arrosez quand la terre est sèche sur 2-3 cm en surface. Arrosez abondamment mais moins souvent, plutôt qu’un petit peu tous les jours (sauf pour les pots en plein été).

  • Technique : Arrosez au pied, le matin ou le soir, en évitant de mouiller le feuillage et les fruits (risque de maladies).

  • Systèmes recommandés : Le goutte-à-goutte ou le tuyau poreux sont idéals, car ils apportent l’eau lentement et directement aux racines.

• Symptômes de stress hydrique : Feuilles molles, qui pendent, bords qui sèchent = manque d’eau. Feuilles qui jaunissent uniformément, pourriture du cœur = excès d’eau.

B. Fertilisation appropriée : Le carburant des fraises ! 

Le fraisier est gourmand, surtout en pot ou s’il produit beaucoup.

• Programme :

  • Plantation : Apport de compost/fumier décomposé.

  • Printemps (reprise végétation) : Apport d’engrais organique complet spécial « petits fruits » ou riche en potasse (K). Griffez légèrement pour l’incorporer.

  • Pendant la floraison/fructification : Surtout pour les remontants et les cultures en pot, un petit coup de pouce avec un engrais liquide bio pour fraisier ou tomates, dilué dans l’eau d’arrosage tous les 15 jours, peut être bénéfique.

  • Après la récolte (non remontants) : Un apport de compost peut aider à refaire des réserves.

• Choix d’engrais : Privilégiez les engrais organiques (compost, corne broyée, sang séché, guano, engrais du commerce bio) qui nourrissent le sol et la plante durablement. La potasse (K) est très importante pour la saveur des fruits.

C. Taille et entretien régulier : Les petits gestes qui comptent 

• Suppression des stolons : Les stolons sont de longues tiges rampantes que produisent les fraisiers pour se multiplier.

  • Pourquoi les enlever ? Ils épuisent la plante mère, qui produira moins de fruits si elle se concentre sur ses « bébés ».

  • Comment ? Coupez-les régulièrement au ras du pied mère, sauf si vous voulez les utiliser pour multiplier vos plants (voir chapitre VIII).

• Nettoyage : Enlevez régulièrement les feuilles sèches, abîmées ou malades pour limiter la propagation des maladies et aérer le cœur du plant.

• Éclaircissage des fleurs (Optionnel) : Sur les jeunes plants (1ère année) ou si vous voulez de très gros fruits, vous pouvez supprimer quelques-unes des premières fleurs pour que la plante concentre son énergie sur les autres.

• Désherbage : Maintenez la zone propre, surtout autour des jeunes plants. Renouvelez le paillage si besoin.

Protection des fraisiers contre les aléas

Quelques ennemis peuvent convoiter vos précieuses fraises ou affaiblir vos plants. Restez vigilant(e) !

A. Lutte contre les maladies courantes : Prévenir vaut mieux que guérir !

• Oïdium (le « blanc ») : Poudre blanche sur les feuilles. Favorisé par temps chaud et humide, mauvaise aération. -> Prévention : Espacer les plants, nettoyer, arroser au pied. Lutte bio : Pulvérisation de lait dilué, de bicarbonate de soude ou de soufre (attention par temps chaud).

• Pourriture grise (Botrytis) : Moisissure grise sur les fruits, surtout par temps humide. -> Prévention : Paillage (évite contact avec le sol), bonne aération, récolte régulière des fruits mûrs ou abîmés.

• Autres maladies (taches pourpres, verticilliose…) : -> Prévention : Rotation des cultures (TRÈS IMPORTANT !), choisir des variétés résistantes, bonne hygiène.

• Enlevez et détruisez (ne pas composter) les parties atteintes dès leur apparition.

B. Gestion des ravageurs : Partagez… mais pas trop ! 

• Limaces et escargots : Ils adorent les fraises ! -> Lutte : Paillage (paille les gêne), barrières (cendres, coquilles), pièges à bière, ramassage nocturne, granulés de phosphate ferrique.

• Pucerons : Sur les jeunes pousses ou sous les feuilles. -> Lutte : Savon noir dilué, coccinelles.

• Oiseaux : Gourmands de fruits mûrs ! -> Lutte : Filets de protection (la solution la plus efficace), objets brillants ou effrayants (efficacité limitée).

• Autres : Thrips, araignées rouges (surtout par temps sec)… -> Savon noir, doucher le feuillage.

C. Protection contre les intempéries : Anticiper la météo 

• Gelées tardives au printemps : Peuvent détruire les fleurs ! Si un coup de froid est annoncé alors que vos fraisiers sont en fleurs, couvrez-les le soir avec un voile d’hivernage (P17).

• Culture précoce : Un tunnel ou une mini-serre permet de gagner quelques semaines et de protéger des intempéries. Pensez à bien aérer.

• Fortes pluies / Grêle : Peuvent abîmer fleurs et fruits. Un tunnel ou un filet anti-grêle peut protéger les cultures les plus précieuses.

• Canicule : Un ombrage léger aux heures les plus chaudes (avec une cagette retournée, un voile d’ombrage) peut éviter que les fruits ne « cuisent » au soleil. Assurez un arrosage suffisant.

Multiplication et renouvellement des fraisiers

Un plant de fraisier n’est pas éternel. Il produit bien pendant 3-4 ans, puis sa vigueur diminue. Il faut donc penser à renouveler vos plants régulièrement. Heureusement, ils sont faciles à multiplier !

A. Récupérer et replanter les stolons : Faire des bébés fraisiers !

C’est la méthode la plus simple pour la plupart des variétés.

• Identifier les bons stolons : Choisissez les stolons les plus vigoureux, issus des plants mères les plus sains et productifs. Souvent, le premier jeune plant (plantule) sur un stolon est le plus fort.

• Technique d’enracinement : Laissez le stolon attaché à la plante mère. Posez la petite plantule qui se forme sur le stolon dans un petit pot rempli de terreau (que vous enterrez légèrement à côté) ou directement sur la terre nue à côté. Maintenez en place avec un petit caillou ou un cavalier en fil de fer. Gardez humide. Des racines vont se former.

• Quand et comment séparer ? Une fois que la jeune plantule est bien enracinée (quelques semaines, souvent en fin d’été/automne), vous pouvez couper le stolon qui la relie à la plante mère.

• Plantation des nouveaux pieds : Vous pouvez alors déterrer délicatement ce nouveau plant avec sa motte et le replanter à son emplacement définitif (idéalement dans une nouvelle zone du jardin, pour la rotation !).

B. Division des touffes : Pour les variétés sans stolons

Certaines variétés (souvent les fraises des bois ou type « quatre saisons ») produisent peu ou pas de stolons. On les multiplie en divisant les pieds mères.

• Quand ? Le meilleur moment est après la fructification, en fin d’été ou début d’automne.

• Technique : Déterrez une touffe âgée de 2-3 ans. Séparez-la délicatement en plusieurs éclats avec les mains ou un couteau propre. Chaque éclat doit avoir des racines et au moins un cœur (bourgeon central).

• Replantation : Ne gardez que les éclats les plus vigoureux (souvent ceux du pourtour de la vieille touffe). Jetez le vieux cœur central épuisé. Replantez immédiatement ces éclats comme de nouveaux plants.

C. Stratégie de renouvellement : Planifier pour l’avenir

• Cycle de production : Un fraisier donne le meilleur de lui-même pendant 2 à 3 ans après l’année de plantation. Ensuite, le rendement et la taille des fruits diminuent.

• Planification : Il est sage de renouveler environ un tiers de votre fraiseraie chaque année. Ainsi, vous aurez toujours des plants jeunes et productifs.

• Comment faire ? Chaque année, arrachez les plants les plus vieux (ceux qui ont 3-4 ans de production). Préparez cette zone pour une autre culture (rotation !). Utilisez les stolons ou les divisions des plants de 1 ou 2 ans pour créer une nouvelle zone de plantation.

• Signes de remplacement : Plants moins vigoureux, feuilles plus petites, fruits petits et peu nombreux, sensibilité accrue aux maladies.

Récolte et conservation des fraises

Le moment tant attendé !

A. Reconnaître le moment idéal pour la cueillette : Le nez et les yeux ! 

• Indicateurs : La fraise doit être entièrement colorée (rouge vif en général, selon la variété), brillante et dégager son parfum caractéristique. Elle doit se détacher facilement. Ne vous fiez pas seulement à la taille.

• Technique de cueillette : Cueillez la fraise délicatement avec sa petite collerette verte et un bout de queue (pédoncule). Tenez-la par la queue, pas par le fruit lui-même (elle est fragile !).

• Fréquence : En pleine saison, passez tous les jours ou tous les deux jours pour récolter les fruits mûrs. Cela encourage la production et évite que les fruits ne pourrissent ou n’attirent les nuisibles.

• Matériel : Utilisez un panier peu profond ou une barquette pour ne pas écraser les fruits du dessous. Cueillez de préférence le matin après la rosée, ou le soir.

B. Conservation optimale des fraises : Profiter plus longtemps 

Les fraises fraîches sont fragiles et ne se conservent pas longtemps.

• Court terme (2-3 jours max) : Placez-les non lavées et non équeutées dans une boîte hermétique tapissée de papier absorbant, au réfrigérateur. Lavez-les et équeutez-les juste avant de les consommer.

• Congélation : Lavez, équeutez, séchez bien les fraises. Disposez-les sur une plaque sans qu’elles se touchent et mettez au congélateur. Une fois congelées, mettez-les dans des sacs congélation. Idéal pour les smoothies, coulis, ou cuites. Elles seront molles après décongélation.

• Transformation : La meilleure façon de conserver l’abondance !

  • Confitures, gelées.

  • Coulis (mixées avec un peu de sucre), à congeler en petites portions.

  • Sirops.

  • Fraises au vinaigre (original !).

  • Séchage (au déshydrateur).

Conseils d’experts et astuces pour une production exceptionnelle

Envie d’aller plus loin ? Voici quelques pistes :

A. Techniques avancées pour maximiser la production

• Pollinisation : Bien que les fraisiers soient auto-fertiles, la présence d’insectes pollinisateurs (abeilles, bourdons) améliore la qualité et la quantité des fruits. Plantez des fleurs mellifères à proximité ! Sous tunnel, aérez bien ou passez un petit pinceau doux de fleur en fleur.

• Rotation intelligente : Intégrez des engrais verts (moutarde, phacélie) dans la rotation pour améliorer le sol entre deux cultures de fraisiers.

• Biostimulants : Des purins de plantes (ortie au démarrage, consoude pour les fruits) peuvent donner un coup de pouce naturel.

• Forçage : Utiliser des tunnels ou des cloches permet de hâter la récolte de quelques semaines au printemps.

B. Solutions aux problèmes courants

• Pas de fruits malgré les fleurs ? Souvent un problème de pollinisation (gel des fleurs, manque d’insectes, temps très pluvieux).

• Fraises déformées ou petites ? Pollinisation incomplète, manque d’eau ou de nutriments (surtout potasse), plants trop vieux.

• Carences : Feuilles pâles (azote), bords secs (potasse), jaunissement entre nervures (fer/magnésium). Adaptez la fertilisation.

• Plants affaiblis : Essayez un bon apport de compost et une taille de nettoyage sévère après la récolte pour voir s’ils repartent. Sinon, renouvelez-les.

C. Innovations en culture de fraisiers

• Nouvelles variétés : Cherchez les variétés récentes, souvent sélectionnées pour leur résistance accrue aux maladies (oïdium, botrytis…).

• Culture hors-sol : Des systèmes hydroponiques ou en sacs de substrat deviennent plus accessibles et permettent de cultiver même sans terre, en contrôlant parfaitement les apports.

• Irrigation : Des systèmes de goutte-à-goutte connectés ou avec programmateur économisent l’eau et assurent une régularité parfaite.

  

Foire aux questions (FAQ)

• À quelle distance planter les fraisiers entre eux ? Environ 30-40 cm sur le rang, et 50-70 cm entre les rangs.

• Peut-on planter des fraisiers en avril-mai ? Oui, c’est la période de plantation de printemps. Vous aurez une petite récolte la même année avec les remontants, mais peu ou pas avec les non remontants.

• Comment reconnaître un stolon de fraisier de qualité ? Il doit être bien vert, vigoureux, sans taches, et la jeune plantule qui se forme doit avoir l’air saine avec un beau cœur. Préférez les premiers plants formés sur le stolon.

• Faut-il tailler les fraisiers après la récolte ? Oui, c’est recommandé. Après la dernière récolte (juin/juillet pour les non remontants, automne pour les remontants), coupez toutes les vieilles feuilles abîmées ou tachées au ras du sol, en ne laissant que le cœur intact. Cela nettoie le plant, limite les maladies et favorise la reprise. Enlevez aussi les stolons non désirés.

• Comment protéger les fraises des oiseaux et autres animaux ? Le plus efficace reste le filet de protection posé sur des arceaux pour ne pas toucher les plants.

• Est-il possible de cultiver des fraisiers à l’ombre partielle ? Oui, surtout les fraises des bois, mais la production de fruits sera nettement moins importante qu’en plein soleil.

• Pourquoi mes fraises restent-elles petites ? Manque d’eau, manque de nutriments (potasse), plants trop vieux, variété à petits fruits (ex: Mara des Bois), trop de fruits sur le plant (éclaircir les fleurs peut aider).

• Pourquoi mes fraisiers produisent beaucoup de feuilles mais peu de fruits ? Souvent un excès d’azote dans l’engrais (qui favorise les feuilles), un manque de soleil, ou des plants trop jeunes (1ère année des non remontants).

À vos plantoirs, prêts, dégustez !

Vous voilà maintenant expert(e) en plantation de fraisiers ! Vous avez toutes les clés en main pour réussir :

• Bien choisir vos variétés (remontantes/non remontantes).

• Leur offrir un emplacement ensoleillé et un sol riche et drainé.

• Planter au bon moment (automne idéalement, ou printemps) en respectant la profondeur du collet.

• Assurer un arrosage régulier, une fertilisation adaptée et un entretien constant (stolons, nettoyage).

• Penser au renouvellement tous les 3-4 ans pour garder une production au top.

N’ayez pas peur d’expérimenter, d’essayer différentes variétés ou techniques de culture (pleine terre, pot, tour…). Le jardinage, c’est aussi apprendre en faisant !

Alors, lancez-vous ! Planter des fraisiers, c’est s’offrir des mois de plaisir gourmand et la fierté de dire : « Ce sont les fraises de mon jardin ! ». Partagez votre expérience et vos futures récoltes !

Bon jardinage et régalez-vous ! 

 

 

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